Il s'appelle Samih S'himi, il est le secrétaire général du Parti de l'Avenir pour le Développement et la Démocratie (PADD). Cadre au sein de l'Office de l'Aviation Civile et des Aéroports, il est aussi connu pour son accrochage avec Beji Caïd Essebsi, Premier ministre provisoire lors de l'un de ses discours. De nouveau Samih S'himi, fait parler de lui, mais cette fois, dans une affaire de corruption. Et c'est le même OACA qui compte porter le dossier devant la justice. Ayant publié un article sur un quotidien de la place, le secrétaire du PADD a accusé « une bande de malfaiteurs » au sein du ministère des Transports. Soulignant que son parti publiera dans les jours à venir « tous les détails des dossiers de corruption et de malversations au sein de ce ministère, et tous ceux qui sont derrière ces actes ». Il a même invité le gouvernement de transition à « trancher » en écartant « les symboles de malversation du régime déchu », à leur tête « le ministre actuel des Transports, Salem Miledi ». Il appelle dans la foulée à revoir « les dernières nominations qui ont été opérées suivant un principe clientéliste pur ». Nous avons pour notre part essayé de pousser encore plus et d'en savoir encore davantage sur les motifs des uns et les accusations des autres. Une source au sein de l'OACA nous a précisé que Samih S'himi, contractuel depuis 2003, « a toujours été connu par son absentéisme. Mais pour être le fils d'un ancien responsable, il a toujours été épargné». Lors de son passage à l'Aéroport de Djerba, ajoute notre source « son chef hiérarchique a proposé de ne plus renouveler son contrat. Mais grâce aux ‘interventions', Samih S'himi a pu garder son poste ». Et en 2005, alors qu'il occupait un poste lui permettant de suivre et de mettre à jour les contrats de location de buvettes et de restaurants, l'actuel secrétaire général du PADD « aurait octroyé la location d'un commerce à son frère », note aussi la même source. « A cause de ses différents problèmes à Djerba, il a été muté à l'Aéroport de TunisCarthage et a rejoint la cellule de l'environnement au sein de l'OACA. L'obtention d'un certificat en jardinage l'a aidé en cela », nous précise-t-on. Sans trop fouiller dans la vie de Samir S'himi, le nouveau poste lui a permis d'entamer une nouvelle carrière dans le domaine de l'aménagement et le suivi des projets des espaces verts. Mais selon les mêmes sources au sein de l'OACA le poste lui aurait servi pour « nouer de nouveaux contacts avec des entrepreneurs et des fournisseurs et ainsi profiter de sa position dans la gestion de ces projets ». Ceci a poussé ses chefs hiérarchiques à le démettre de ses fonctions et à lui retirer l'ensemble de ces responsabilités. Un audit a par la suite été lancé au sein même de l'OACA, et il s'est avéré que certaines failles sont apparues en ce qui concerne le projet de la « création et de la maintenance des espaces verts dans la station de radar de la région d'Akouda, dans le gouvernorat de Sousse ». Selon cet audit « Samih S'himi aurait manipulé les lots effectués, il aurait manipulé les factures de paiement de travaux qui n'ont pas été accomplis ». L'audit élaboré par l'OACA présente aussi le témoignage de l'entrepreneur du projet, Karim Laabidi, représentant de l'Entreprise Abidi Green Park, qui dit avoir reçu les paiements avant même d'achever les travaux. Décidé, l'OACA compte porter plainte contre son fonctionnaire. Depuis le PV dont nous disposons d'une copie, l'affaire pourra prendre de graves tournures dans les semaines à venir. Contacté, Samih S'himi a catégoriquement nié toutes ces allégations. Il déclare. « Je n'ai jamais été superviseur d'un quelconque projet. 11 ans depuis que je suis à l'OACA, et vu mon passé d'opposant, je n'ai pas bénéficié de promotion. Mais il est vrai que je faisais partie d'une équipe qui supervisait ce genre de chantiers. Notre chef hiérarchique s'appelle Kahlifa El Moadhen, et il fait partie de l'administration régionale de Sousse. Il fait partie de ce clan que j'essaye de dénuder», nous dit il. Interrogé sur sa position quant à cette plainte, Samih S'himi précise qu' « ils ont peur des preuves dont je dispose. C'est une réaction normale » se demandant dans la foulée « puisqu'ils détiennent toutes ces informations contre moi, pourquoi n'ont ils pas porté tout cela devant la justice à temps » ? Selon lui, il s'agit de pratiques dignes du régime de Ben Ali. Nous avons essayé de contacter Ridha Abdelhafidh, ancien Directeur Général de l'OACA pour l'interroger sur les raisons de tout ce retard dans l'élaboration de cet audit, (puisque les faits remontent à quelques années, mais le dossier n'a été ouvert qu'au mois d'août courant), mais nous n'avons pu le joindre. Entretemps, nous avons reçu un autre communiqué de la part du secrétaire général du PADD, mais nous ne pouvons encore en publier des extraits.