Policiers et gardes nationaux menacés dans leur vie. Leurs enfants ne sont pas en reste Alors que la lutte contre le terrorisme bat son plein en Tunisie, les acolytes d'Al-Qaïda, décidément jamais en panne d'idées machiavéliques, passent maintenant à une autre tactique de combat, celle des menaces personnalisées proférées à l'adresse de nos policiers et gardes nationaux. Ces menaces, a-t-on constaté, vont des rapts à la liquidation physique, en passant par le minage des domiciles. Aujourd'hui, en effet, il n'est pas difficile d'en vérifier l'ampleur, à travers des exemples palpables. Tel cet agent de la Garde nationale qui, à son retour à la maison du côté de l'Ariana, découvrit des tags au ton menaçant et haineux sur les murs de son domicile. Tel aussi ce policier qui a relevé des mouvements suspects de barbus autour de sa demeure située à Hammam-Lif. Cela sans compter les lettres de menace de mort reçues par des agents de l'ordre. Autant dire que les terroristes ne se contentent désormais plus des projets d'attaques des postes de police et de la Garde nationale qu'ils ont «promis», depuis voilà deux mois, d'exécuter, dans le cadre de leur plan «C», visant également édifices publics, prisons, personnalités et intérêts occidentaux. Etat d'alerte dans les établissements scolaires «Je sais qu'ils cherchent à avoir ma tête», avoue, avec un étonnant calme un agent de la BAT (Brigade antiterrorisme), qui assure être à la troisième menace du genre. «L'autre jour, précise-t-il, c'est un voisin qui me l'a confirmé. Auparavant, j'avais découvert sur le mur de la maison deux tags d'Ansar Echaria promettant mon imminente liquidation physique». Et de lancer, plus téméraire encore: «Heureusement que mon revolver ne me quitte jamais et que ces manifestations d'hostilité ne m'ont nullement intimidé». Si un flic peut s'estimer heureux d'avoir une arme sur lui pour se défendre, qu'en est-il de ses enfants qui vont à l'école ? La question mérite d'être posée, quand on sait que l'avalanche des menaces terroristes vient même de toucher les établissements scolaires. «Effectivement, soutient notre source, on commence à avoir peur pour nos enfants qui poursuivent leurs études, qui à l'école, qui au lycée, qui encore à l'université. Sait-on jamais ?» Et c'est vrai. D'autant plus vrai qu'on sait pertinemment que les terroristes sont allés, affirme-t-on dans les coulisses de la Sûreté nationale, jusqu'à établir des fichiers se rapportant aux mouvements quotidiens de hauts cadres de l'appareil sécuritaire du pays et de chefs d'arrondissement de la police et de la Garde nationale, ainsi que les membres de leurs familles. L'intention criminelle est claire : perpétrer des enlèvements, si ce n'est pas la liquidation physique pure et simple. «Je suis obligé de faire la navette quotidienne entre la maison et l'école pour accompagner et protéger ma fille», nous confie un policier qui met l'accent sur «l'impératif vital d'intensifier la présence policière devant les établissements scolaires, afin d'éviter d'éventuels actes terroristes». Dans une école primaire du gouvernorat de Kasserine, le directeur a même pris récemment l'initiative d'imposer un régime de surveillance spéciale au profit d'une cinquantaine d'élèves appartenant à des familles dont les parents exercent au ministère de l'Intérieur. Ledit régime consiste en l'accompagnement de ces écoliers jusqu'à chez eux à la fin des cours. Et si cette «trouvaille» venait à faire tache d'huile dans le reste des régions ?