A voir les mesures préventives exceptionnelles prises jusqu'ici, on peut dire qu'on est bien parti pour un réveillon sans faute sur le plan sécuritaire. A moins que... La Tunisie retient déjà son souffle. Alors que les fêtes de fin d'année frappent à nos portes et s'amènent en fanfare, personne ne sait comment elles seront : belles ou dramatiques... C'est d'autant plus vrai que les menaces terroristes n'ont pratiquement rien perdu de leur ampleur, et cela de l'aveu même du ministre de l'Intérieur qui persiste à marteler, à gauche et à droite, que «ces menaces sont sérieuses à la faveur des informations dites crédibles recueillies jusqu'à présent». Loin de rester les bras croisés, les forces de sécurité intérieure, avec le soutien de l'armée, ont pris, comme on le sait, des mesures préventives exceptionnelles qu'on a énumérées, en exclusivité, dans un précédent article paru récemment sur ces mêmes colonnes. Or, le nouveau est que ces mesures ont, ces jours-ci, redoublé d'intensité pour atteindre l'état d'alerte maximale. En témoignent : – Une omniprésence sécuritaire, aussi bien dans les principaux axes routiers qu'aux entrées des villes et évidemment aux alentours des hôtels, restaurants et boîtes de nuit. – Le quadrillage musclé des frontières aériennes, maritimes et surtout terrestres. – L'imposition, provisoire, du régime de travail de 12 heures aux unités de la police, de la garde nationale et de l'armée. – Le report des sorties en congé. – Le renforcement des moyens matériels, avec notamment la mobilisation de nouveaux équipements sophistiqués fraîchement importés. – Une meilleure maîtrise de l'espace aérien, avec un recours plus fréquent à l'aviation, particulièrement dans les régions montagneuses et aux frontières terrestres avec l'Algérie et la Libye. Selon une source policière bien informée, «cette grande parade du réveillon est d'une ampleur sans précédent, au point que l'on se croirait en guerre». Et d'ajouter, prudent : «Matériellement et moralement, nous sommes prêts à relever le défi, mais sait-on jamais ?» Zones d'ombre A cet égard, il faut souligner que la méfiance de notre interlocuteur est à prendre très au sérieux. D'abord parce qu'on a affaire à un ennemi imprévisible et dangereux. Ensuite parce que les cellules terroristes dormantes au nombre et aux caches indéterminés pourraient s'éveiller au moment opportun. Enfin, parce que personne ne sait comment, où et quand seront exécutés les attentats «promis» par Abou Iyadh et son camarade Mokhtar Belmokhtar, alias «le Borgne», l'homme fort du réseau jihadiste algérien Al-Mourabitoun. Ce que l'on sait, par contre, c'est que, dans les traditions d'Al Qaïda, les attentats peuvent toucher édifices publics, casernes, prisons, postes de police et de la garde nationale, grandes surfaces et ambassades, sans compter les prises d'otages et le détournement d'avions. Autant de zones d'ombre «têtues» pour la démystification desquelles les ministères de l'Intérieur et de la Défense, outre les innombrables réunions de crise tenues jusqu'à présent, ont dû faire appel à leurs élites de combat et à leurs meilleurs experts en matière de renseignements et de déminage. Dilemme Entre-temps, un dilemme apparaît, à savoir : – Primo : l'affluence record que ne cessent de connaître nos établissements hôteliers dont une bonne partie est désormais à l'heure du surbooking. Il est vrai que les réservations, loin de pâtir des menaces terroristes, vont en ce moment crescendo, à la faveur notamment de la formidable embellie des marchés libyen et algérien. C'est pourquoi des efforts extraordinaires sont en train d'être déployés, tant aux frontières qu'à l'intérieur du pays, afin de contenir tout ce beau monde. – Secundo : des citoyens n'ont pas caché leur «gêne» face à la rigueur et à la fréquence des opérations de contrôle d'identité et de fouille des véhicules, devenues non-stop sur la voie publique. «Nous comprenons la peine de nos concitoyens, mais j'espère qu'ils nous accorderont des circonstances attenuantes, s'agissant d'une conjoncture exceptionnellement difficile que traverse le pays», nous confie un agent de la garde nationale qui lance, à l'occasion, un appel pressant à la population afin de réussir ensemble à étouffer dans l'œuf les menaces terroristes». Message reçu 5/5 ? Pourvu qu'on ne réveillonne pas idiot.