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OPINIONS
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 06 - 2010

Tous ceux qui nous lisent quotidiennement ne doutent nullement de l'importance de la lecture, car lire pour s'informer, lire pour se cultiver et lire pour apprendre relèvent tous de la même passion. Pour certains, l'acte de lire est un réel rituel. Pas seulement le journal, mais lire tout court. Mais, croyons-nous, la plupart se posent de sérieuses questions quant à l'avenir de la lecture lorsque notamment ils voient leurs propres enfants ou leurs cadets déserter les journaux, les revues, les magazines et les livres qu'ils remplacent — autant pour l'information que pour les offres d'emploi, de location ou de vente — par Internet. Certes, nous pensons que glaner des informations sur Internet relève somme toute et toutes proportions gardées de la lecture, notamment grâce à la fraîcheur des informations disséminées çà et là, mais, puisque le mot est lâché, il ne s'agit que d'une dissémination qui n'obéit nullement à un ordre, à une logique, à une pédagogie, ou moins encore à une éthique.
Outre le plaisir que certains ont à toucher le papier et à le humer même parfois, il est dans la lecture de toute publication imprimée noir sur blanc une réelle assurance. Assurance de sérieux, d'authentique travail d'investigation, de méthode rigoureuse, de patience, de passion et par là même d'éthique. Il ne sera jamais inutile d'insister sur ce dernier mot qui fait office de valeur universelle, dans la mesure où tout ce qui répond aux normes de l'éthique dans une culture ne peut réellement faire défaut dans une autre. Oui, les valeurs de vérité, de bonheur, de sagesse et de morale sont partagées depuis que l'homme est homme, malgré les différences qui existent entre telle et telle culture ou entre telle et telle tradition. Les valeurs véhiculées par L'épopée de Gilgamesh sont celles de L'Iliade, de L'Odyssée, de L'Enéide ou d'Amers de Saint-John Perse, grand aède du XXe siècle. Ces valeurs de courage, de quête (de tout, cela dit, partant de l'immortalité au bonheur auquel nous aspirons tous, en passant par la gloire et la fortune), d'amour, d'honneur et de vengeance et plus encore, sont déjà dans ces livres. Ces livres, doublés par les écrits saints, qu'ils relèvent des monothéismes (La Thora, La Bible et le Coran) ou bien de textes précieux à l'instar de la Bhâgavata Gîta, le Tao To King ou encore les Védas, témoignent tous de l'universalité de l'homme, de sa parenté, de sa consanguinité autant dans sa morphologie d'être humain et dans ses besoins que dans sa quête éthique.
Or, qui cherche à lire aujourd'hui ces textes dont nous venons de citer les noms. Question rhétorique, s'il en est, le fanatisme des uns et des autres étant à l'origine d'une haine viscérale pour ce que nous appelons chez nous à juste titre «le dialogue des religions et des civilisations». Mais en mettant un peu de zèle dans notre foi en la tolérance, nous pouvons sans peine aller de l'avant en appelant à la lecture de tous ces textes qui assurément, une fois la tâche accomplie, rempliront les yeux de tous d'une lumière littéralement inébranlable. Comment en douter quand la foi, même la plus pieuse, se trouvera obnubilée par une éthique commune parce que nourrie à la source de ce que l'homme demande chaque jour d'autant plus, à savoir une paix durable et constante, un amour vrai et véridique, une culture humaine et universelle. C'est ainsi que l'acte de lire nous semble nécessaire. Lire pour s'informer, lire pour se cultiver et lire pour apprendre, disions-nous, mais surtout pour apprendre à vivre. «Un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle», semble dire un proverbe africain. Nous disons bien «semble dire» parce que les cultures orales ne connaissent pas les bibliothèques. Non que nous soyons suspicieux, mais nous cherchons toujours à comprendre et surtout à aimer pour aller de l'avant. Cela dit, si nous tous aimons de toutes nos forces nos parents et grands-parents pour ce qu'ils sont et parce que nous leur devons notre présence en ce monde, nous les vénérons aussi pour la nostalgie de certains mots ou histoires entendus de leurs bouches. Ces mots ou histoires sont dans nos mémoires des livres à jamais ouverts. Ces mots ou histoires sont une invitation au voyage, à ce voyage intérieur que nous ne pouvons réellement réussir qu'en cherchant et fouillant en nous-mêmes et ailleurs grâce aux livres écrits par d'autres et aux histoires contées par d'autres, encore. Alors pourquoi refuser de lire ? Pourquoi chercher la facilité, quand seuls les livres nous octroient ce savoir et ce plaisir tout à la fois ?
Nous n'existons pas seulement par nous-mêmes, mais par les origines qui sont les nôtres et par les livres que nous avons lus. Certains auront l'immense chance d'exister par les livres qu'ils ont écrits. Mais c'est une autre paire de manches, comme on dit. Néanmoins, l'acte de lire n'est pas facile et il demande maints efforts. Il ne demande toutefois qu'un rien d'application, beaucoup de rigueur et une culture qui conditionne le tout. Il n'est pas de recette magique pour que cela réussisse. Pas plus assurément pour lire que pour réussir onze dribbles de suite, d'ailleurs, pour employer une image coutumière de tous les mortels. «J'ai été nourri aux lettres dès mon enfance, et pour ce qu'on me persuadait que, par leur moyen, on pouvait acquérir une connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie», écrit René Descartes dans la toute première partie du Discours de la méthode. Que tout le monde n'ait pas eu cette chance, celle d'un Descartes, nous l'accordons volontiers, mais ne vaut-il pas mieux s'accommoder d'une telle réalité, celle d'un savoir et d'une quête vraies, que des chimères d'un gain facile lié à toute autre carrière dans la vie ? Ne vaut-il pas mieux apprendre à lire et donc à écrire correctement que dribbler et marquer des buts ? Autre question rhétorique pour laquelle nous n'avons pas en fin de compte de réponse. Puisque la vraie question n'est pas là, nous recourons à ce rapprochement, ici et maintenant, pour dire à la suite de Descartes que «lorsqu'on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays; et lorsqu'on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci.»
Cela veut dire que les vraies questions sont soulevées par la lecture et que nul autre moyen n'est à ce titre capable de la remplacer. Que cela semble certes à d'aucuns incertain, voire incompréhensible, nous ne pouvons l'accorder, la lecture nécessitant une réelle connaissance et une réelle culture est aujourd'hui plus que jamais nécessaire. Quant à la question de savoir comment amener à lire, il faut tout simplement s'y risquer, c'est-à-dire déployer les moyens nécessaires pour que l'acte de lire soit aussi naturel que respirer, regarder la télévision, avoir accès à un ballon ou se brosser les dents. Car, si Descartes affirme : «J'ai été nourri aux lettres dès mon enfance» (en ce sens qu'«il s'agit en général des livres et de tout savoir livresque, qu'il soit scientifique ou littéraire, au sens actuel de l'adjectif»), il est dans ce discours un autre discours à adopter, un discours de la méthode, grâce auquel tout un savoir sera déployé, mis en œuvre et en place pour que le cogito soit mis en branle, en fonction, qui plus est, de tout sens actuel lié à toute pratique de pensée. Pensons donc pour que nous-mêmes changions, mais pensons un livre à la main pour peu que nos références dessillent nos propres yeux et les yeux de ceux avec lesquels nous vivons au quotidien.
A.H.


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