La Grèce affronte l'ogre argentin avec l'espoir de se hisser au niveau d'un des grands favoris du mondial. "Il n'y a aucune pression autour de ce match", assure Alexandros Tzorvas :" Nous sommes les outsiders. Tout le monde s'attend à voir l'Argentine gagner. Si nous pouvions déjouer les pronostics, ce serait vraiment un exploit extraordinaire", poursuit le joueur de Panathinaikos, soudain rêveur. Pourtant, les Grecs sont dos au mur. ils devront impérativement obtenir un résultat face à une équipe qui a déjà inscrit cinq buts en deux sorties. Autant dire que les chances de qualification sont minces, ce qui n'a pas l'air de troubler outre- mesure les sympathiques Méditerranéens: "Nous n'allons pas mettre un joueur sur Messi au marquage. Ca ne sert à rien, de toute façon", poursuit le joueur, qui conclut par un: "Il va falloir défendre en bloc. Des attaquants aux défenseurs, tout le monde doit se sentir concerné". Esprit d'équipe, abnégation et solidité défensive seront les clés du succès, à en croire les Grecs. Ce sont justement les qualités qui leur avaient permis de se hisser sur le toit de l'Europe, il y a six ans de cela. Quoi qu'il en soit, Rehhagel et ses joueurs auraient tort de miser sur un quelconque relâchement de la part des Argentins: "Lionel Messi est le meilleur joueur du monde et ça n'est pas près de changer" estime Tzorvas, auteur d'une performance remarquée contre le Nigeria. Compte tenu de la force de frappe de la sélection albiceleste, Tzorvas s'attend à un match "difficile" dans le but grec. Habitué des rencontres sous haute tension, pour avoir disputé plusieurs derbies de Glasgow avec le Celtic, Giorgios Samaras espère que les récents succès de l'Argentine joueront en faveur de la Grèce. "Ils ont déjà gagné deux fois et ils sont pratiquement assurés de finir premiers", explique l'attaquant: "Pour le moment, on ne sait pas trop s'ils vont faire tourner l'effectif. Tout ce que l'on peut faire, c'est préparer ce match le mieux possible". Comme en 2004, la Grèce a cette capacité à se remobiliser et à rester concentrés, quelles que soient les circonstances. L'ombre du sacre grec au Portugal plane toujours sur cette sélection. Cinq joueurs ayant participé à cette incroyable conquête sont toujours présents au sein du groupe. Pour Alexandros Tziolis, le souvenir de cet exploit est un gage de confiance. "Grâce à ces anciens champions d'Europe, notre équipe a un cœur énorme". C'est donc un supplément d'âme qui sera exigé pour venir à bout de la toute puissante sélection argentine. A cœur vaillant... Don Diego... Boston, 1994, l'Argentine bat la Grèce et signe une entrée en lice mondialiste détonante. A l'heure de jeu, Diego Armando Maradona livre l'un de ses derniers coups de génie dans l'histoire de la compétition, une frappe du gauche dans la lucarne droite du gardien qui porte le score à 3-0. El Pibe De Oro vient de marquer là son dernier but en Coupe du Monde. Les dieux du football, jamais avares en clins d'œil, ont voulu que 16 ans plus tard, le "Pibe De Oro" recroise le fer avec les Hellènes. C'est une motivation supplémentaire pour un groupe albiceleste dont l'alchimie avec le coach ne trompe pas. Maradona grand frère, pédagogue, éducateur et protecteur, c'est l'excellente ambiance au sein du groupe qui le confirme. Ainsi, Gonzalo Higuaín, soutenu par Don Diego malgré ses maladresses face au Nigeria, a eu lui aussi des mots élogieux pour son coach : "Parfois, on dirait qu'il fait partie des joueurs. Il joue avec nous lors des entraînements, il tape des coups francs, ça nous détend beaucoup. Sa présence nous motive énormément, c'est important de l'avoir parmi nous. Il a déjà gagné la Coupe du monde et il peut nous transmettre son vécu". "Au début, on est intimidés par sa personne et par ce qu'il représente. Mais au bout de quelques jours, on se détend et on se rend compte de ce qu'il est vraiment : un monstre sacré", souligne Carlos Tevez. Si l'attaque argentine crache le feu, Maradona a tout de même des soucis à se faire en défense. Même le milieu de terrain grec, Anathasios Prittas, a estimé que la défense de l'Argentine n'était "pas au même niveau" que son attaque, "la ligne la plus forte": "L'attaque est la ligne la plus forte de l'Argentine, je pense que la défense n'est pas au même niveau. Quant à Messi, au Barça ou en sélection, personne ne peut le stopper. Celui qui le marquera devra être aidé par les autres. Ce sera un travail collectif". Les Albicelestes sont prévenus, les "Hellènes" ne feront certainement pas de la figuration.