S'il a été rassuré par le soutien sans faille de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme en Tunisie, le nouveau chef du gouvernement, en visite à Alger, a été invité à conférer de l'agressivité à son action préventive. De bon augure En choisissant l'Algérie pour effectuer la première visite officielle de son mandat, le nouveau chef du gouvernement confirme tôt et magistralement «la promesse qu'il a donnée, lors de la présentation de son programme politique, d'attacher une grande importance au volet sécuritaire. En effet, tout en réussissant à donner un coup de fouet aux relations économiques bilatérales, notamment dans le secteur industriel, M. Jomâa a mis à profit son séjour à Alger pour longuement épiloguer sur le dossier du terrorisme. Du pain sur la planche Certes, il a martelé devant ses homologues que «la sécurité de la Tunisie est celle de l'Algérie et vice versa». Mais, sans plus de détails, aux dires des médias algériens. C'est que la Tunisie accuse de longues années de retard sur l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme. Un phénomène que nos voisins sont parvenus à endiguer au prix fort (200 mille tués officiellement recensés) et au terme d'une terrible décennie de terreur et de drames dans les années 90. Galvanisés par cette belle victoire, les Algériens ne veulent plus entendre parler de terrorisme dans leurs murs et n'accepteraient jamais, pour tous les trésors de la terre, qu'il refasse surface. Or, le problème est que la spirale jihadiste recommence à frapper à leurs portes, via justement la frontière tunisienne par où continuent de s'infiltrer des terroristes en détresse. Et cela gêne, bien évidemment, nos voisins, jusqu'à provoquer leur irritation, à en croire les médias algériens. Ceux-ci ont d'ailleurs rapporté que M. Jomâa a été «sommé» par son homologue à Alger «de faire plus, de redoubler d'efforts, bref de conférer plus d'agressivité à son action préventive contre l'hydre terroriste», en lui rappelant que «la Tunisie, en dépit de sa bonne volonté, a encore du pain sur la planche dans ce domaine» et que «la longue durée de la bataille de Jebel Chaâmbi, la non-neutralisation des cellules dormantes d'Ansar Echaria, la persistance de l'énigme sur les assassinats politiques et la cavale de Abou Iyadh et de ses proches lieutenants, qui perdure, en sont une parfaite illustration». M. Jomâa, étranger aux choses de la sécurité, en a sans doute pris acte. Lui qui, par hasard, a eu vent, au cours de son séjour, de la double mesure prise urgemment par les autorités algériennes de tripler les effectifs de la police et de l'armée en patrouille le long de leurs frontières (plus de 900 km) avec la Tunisie, et d'y acheminer des renforts supplémentaires en chars et en avions de combat. Il n'y a pas photo : la frontière tunisienne est, aux yeux de nos voisins, encore vulnérable et loin d'être totalement maîtrisée. Retenant... la leçon, le successeur de Ali Laârayedh ne manquera pas, à coup sûr, de l'administrer de retour au bercail à ses ministres de l'Intérieur et de la Défense, dans la perspective, ô combien optimiste, de voir le bel exemple algérien, en matière de lutte contre le terrorisme, faire tache d'huile en Tunisie. Acceptons-en l'augure.