• M. Riadh Karma, DG du Gipac : «On espère, au cours de la haute saison, une amélioration de la consommation compte tenu de la dynamisation du secteur touristique» • «Il n'y a pas de souci pour le mois de Ramadan qui connaît, en général, une augmentation de la consommation de ce produit» Alors que la production des œufs destinés à la consommation a maintenu le rythme normal, la consommation a connu un fléchissement au cours du mois de juin, ce qui a inquiété certains producteurs compte tenu du prix de vente au détail. Pour M. Riadh Karma, directeur général du Groupement interprofessionnel des produits avicoles et cunicoles (Gipac), «cette période est caractérisée par une diminution de la consommation des œufs pour diverses raisons. La production a connu une amélioration pour atteindre les 133 millions d'œufs programmés». Cette chute de la consommation s'explique notamment par la fermeture des cantines scolaires et universitaires et par la diminution de l'utilisation des œufs dans certains restaurants et fast-foods pour préparer certains plats, comme le lablabi (potage de pois chiche) et le kaftagi (friture). De toutes les façons, la fréquentation de ces établissements de consommation rapide connaît un déclin en pareille période. La Coupe du monde de football qui retient les téléspectateurs chez eux ainsi que les examens de fin d'année semblent aussi pour quelque chose dans la diminution de la consommation de cette denrée. Il y a même des producteurs qui prolongent le cycle de production en stockant les œufs produits dans l'espoir de gagner plus. Produire sur place coûte moins cher Notre interlocuteur reste, cependant, optimiste : «On espère au cours de la haute saison, une amélioration de la consommation compte tenu de la dynamisation du secteur touristique». Actuellement, l'œuf est vendu à 80 millimes à la production, alors que son coût de production est de 100 millimes. Au niveau des points de vente au détail, les quatre œufs sont écoulés à prix variables de 440 à 460, voire à 480 millimes. Cela veut-il dire que le producteur vend à perte ? «Il ne faut pas calculer les pertes sur un seul mois ou un mois et demi, répond M. Karma. La situation doit être évaluée sur une année pour avoir une idée précise.» L'année dernière à pareille période, la Libye a acheté d'importantes quantités d'œufs tunisiens, ce qui a permis d'insuffler une bouffée d'oxygène au secteur. Aujourd'hui, ce pays — qui a acheté, au cours des années quatre-vingt-dix, avec l'Algérie, de la Tunisie des poussins pour poulettes pondeuses — les œufs sont produits sur place et vendus à un prix bas. Produire sur place coûte moins cher que d'importer. Pour M. Karma, «les consommateurs peuvent recourir aux viandes blanches quand les prix des viandes rouges connaissent une hausse. Or, pour l'œuf, il n'y a pas de substitut pour le remplacer et cela explique dans une certaine mesure que quand la consommation fléchit, le prix chute». Pourtant, cette année, le nombre des producteurs n'a pas augmenté, mais des performances ont été réalisées au niveau de la production. En plus, l'œuf de ferme (arbi), qui ne représente qu'environ 9% de la production totale, est très demandé par les consommateurs. Garantir l'équilibre entre l'offre et la demande La production mensuelle moyenne est de 135 millions d'œufs, soit environ 4,5 millions d'œufs par jour. Pour le mois de Ramadan, la production sera de 140 millions, en plus des 82 millions stockés, soit une quantité totale de 222 millions d'œufs qui sera mise à la disposition des consommateurs. Au 10 juin, les quantités stockées dans une cinquantaine d'entrepôts frigorifiques ont atteint les 70 millions d'œufs, chiffre qui sera facilement porté à 80 millions à la fin du même mois. «Il n'y a pas de souci pour le mois de Ramadan qui connaît, en général, une augmentation de la consommation de ce produit», rassure M. Karma. Pas de souci non plus pour les matières premières, dans la mesure où la récolte enregistrée dans les pays producteurs d'aliments est satisfaisante. L'exportation des œufs ne semble pas porteuse, dans la mesure où les différents pays préfèrent produire sur place car cela leur coûte moins cher que d'importer et de supporter le coût élevé du transport. Rappelons que la situation actuelle du secteur des œufs de consommation avait fait l'objet d'une réunion organisée, récemment, par la Fédération nationale des aviculteurs, relevant de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap). Le débat auquel avaient assisté les représentants de toutes les parties concernées — à savoir les structures administratives et professionnelles —, devait examiner les mesures à prendre en vue de surmonter les difficultés constatées suite à l'abondance de la production et la régression des prix. Les producteurs avaient recommandé la mise en place de solutions de nature à garantir l'équilibre entre l'offre et la demande, appelant à respecter la programmation de la production.