Face à la recrudescence des agressions dont ils sont victimes, les arbitres durcissent le ton Les hommes en noir ont tiré la sonnette d'alarme contre une certaine «culture de la violence» qui les vise et tend à être banalisée. Se sentant exposés et jamais protégés, ils veulent former un front du refus contre ce qui a tout l'air de devenir un fait accompli. «Nous voulons être un partenaire à part entière, non pas subir le diktat de la direction nationale d'arbitrage», affirme Amine Barkallah, la cheville ouvrière de l'Association tunisienne des arbitres de football. Cet organe, fondé le 26 novembre 2011, suscite toujours la méfiance, voire le rejet de l'instance fédérale qui le soupçonne de s'ériger en direction parallèle et de vouloir, au final, doubler la DNA. D'où l'accueil mitigé rencontré par l'initiative de l'Ataf parmi certains referees eux-mêmes. Vendredi dernier, un grand rassemblement était organisé à Monastir sur le thème de la nécessaire protection des arbitres contre le phénomène des agressions verbales et physiques auxquelles ils sont de plus en plus exposés. Rien que ces dernières semaines, c'est un véritable bilan de guerre qu'eut à déplorer ce corps : Youssef Sraïri qui reçoit un coup de poing en pleine figure dans une rencontre de Ligue 2, un arbitre de la Ligue du Centre agressé par le président de Kondar dans un match entre... minimes, une arbitre féminine maltraitée dans une rencontre de foot féminin à Gafsa. Même le fustal n'échappe guère à l'hécatombe... En plus d'une série de «mesures concrètes» proposées au bureau fédéral aidant au bon déroulement de la suite de la compétition, les congressistes ont appelé les autorités à traiter avec le plus grand sérieux et la plus grande fermeté les actes répréhensibles de violence à l'échelle de toutes les divisions et de toutes les catégories. Ils invitent également les délégués des rencontres à jouer pleinement leur rôle et les ligues nationales et régionales à appliquer rigoureusement les règlements en s'appuyant sur les feuilles de match et sur les différents rapports des commissaires, des délégués et de la sécurité. Déception L'Ataf projette d'organiser prochainement un séminaire en collaboration avec l'Association des journalistes tunisiens afin de mieux sensibiliser les parties prenantes aux dangers encourus par les arbitres. «Il y a eu une réelle déception compte tenu des défaillances, déplore Amine Barkallah, dont la suspension d'un an par la fédération pour ses prises de position jugées outrageuses dans la défense de sa corporation prend fin le 14 mai prochain. «Nous demeurons néanmoins convaincus qu'il y a énormément à faire de ce côté-là. Qu'aucun arbitre de Monastir n'ait daigné participer à ce séminaire, que seuls quatre referees internationaux aient pris part aux travaux (Mohamed Ben Hassania, Nasrallah Jaouadi, Ramzi El Harch et, bien entendu, Slim Jedidi, un des promoteurs de cette initiative), cela ne change rien à nos aspirations», assure-t-il. L'Ataf projette en tout cas de tenir son assemblée générale élective l'été prochain. Slim Jedidi, Amine Barkallah et Mourad Ben Hamza, le coordinateur général, entendent se draper d'une légitimité certaine dans leur croisade contre l'hydre de la violence.