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Remettre les pendules à l'heure!
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 03 - 2014


Par Rejeb HAJI*
«Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent et une confiance inébranlable pour l'avenir. » (Jean Jaurès)
Il n'est pas de notre intention de faire des évaluations de ce que notre pays a traversé comme péripéties pour l'ébauche d'un Etat moderne comme celui de la Première République où l'éducation a été prioritaire, l'émancipation de la famille une constante d'évolution, l'armée, outre son rôle régalien, un acteur du développement, cet Etat s'est enfin construit par des touches successives... Toute cette œuvre colossale édifiée par les sacrifices consentis par le peuple a été rejetée en bloc, comme cela est devenu de coutume par Ennahdha et ses satellites. Même nos célèbres fêtes nationales, source de fierté de tous les Tunisiens, ne sont plus célébrées comme il se doit, nos martyrs ne sont plus évoqués et notre drapeau, notre lien commun, n'a pas été à un moment respecté. Au cours de la gouvernance d'après la révolution, la Tunisie a continué l'œuvre du fuyard avec un bond en arrière dans tous les domaines et n'a progressé que dans le rang de l'indice de corruption. L'année 2013 a été pour les partis au pouvoir une année de « gouvernance noire », ils en assument pleinement la responsabilité. A rappeler, à cet effet, des assassinats non encore élucidés, un retour en plein jour du terrorisme et une absence totale de réformes administratives, économiques, sociales et environnementales. Le chômage a continué de sévir. Les perspectives d'avenir pour les jeunes demeurent encore floues et peu lisibles. Il était temps de mettre fin à cette situation calamiteuse. Tant mieux qu'Ennahdha ait passé la main en attendant qu'elle reconnaisse le bilan catastrophique de sa gouvernance ! Elle a donné ainsi une chance à l'alternance à laquelle tous les partis, avec la société civile ont contribué.
Le dialogue national, qui a abouti à une feuille de route élaborée par le quartet, principalement autour de l'Ugtt et de l'Utica, n'a fait ni vainqueur ni vaincu. Il a permis enfin de mettre les pendules à l'heure pour écrire une nouvelle page de notre histoire et limiter les dégâts causés par les tartuffes de la politique de tous bords. La voie choisie fera honneur au pays quelles que soient les idéologies proclamées. Notre expérience est originale et diffère de celle des autres pays du soi-disant printemps arabe. Elle n'est ni celle de l'Egypte où l'armée garde la main sur les secteurs clés de l'économie, ni celle de la Libye qui demeure en proie à la violence et aux menaces des séparatistes.
Des événements majeurs se sont succédé pour le bien de notre révolution. Le premier concerne l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). Cette institution a pour but « d'enregistrer les électeurs, de préparer le scrutin, d'assurer son bon déroulement et de proclamer les résultats ». Malgré une gestion financière controversée et des lacunes dans l'organisation des premières élections, la Constituante a décidé de la pérenniser. Après un mois houleux de désaccord, un consensus a eu lieu finalement sur les neuf membres dont trois appartenaient à l'instance sortante. Dans la foulée, son président a été élu et l'ensemble des membres ont prêté serment. La Constituante décide du changement du nom de cette seconde Isie qui devient Instance électorale. Cette structure, qui vient d'avoir une avance substantielle sur le budget de l'Etat pour sa gestion, est un jalon important dans le processus de la feuille de route. Elle a ouvert la voie au consensus tant attendu pour mettre fin aux tiraillements et finaliser le texte de la Constitution. Elle doit à son tour prendre les rênes de ses responsabilités dans la transparence, nécessaire pour sa crédibilité. Un deuxième événement eut lieu, le dimanche 26 janvier. Les constituants ont voté, à une très large majorité, une nouvelle Constitution qui a pris la suite de celle du 1er juin 1959. Là encore le texte final a coûté beaucoup d'argent et fait perdre beaucoup de temps au pays. Il demeure un texte de consensus écrit par des partis politiques. Avec le temps, ce texte sera analysé en bloc et dans le détail. Pour les uns, il constituera une innovation, avec des avancées significatives dans la construction de la démocratie. Pour d'autres, il sera un texte de compromis satisfaisant l'ensemble des tendances représentées dans l'ANC puisque y figurent des termes flous comme, par exemple, dans le préambule avec l'ajout du terme «supérieures» aux «droits de l'Homme universels » ou encore pour la parité homme-femme l'utilisation de l'expression « l'égalité entre citoyens et citoyennes». Au final, il demeure, malgré les imperfections décelées ici et là, un texte de compromis, mettant fin à la mission des constituants dont les embrassades et l'expression de leur joie, pour paraître dans les médias, feront date et resteront dans les mémoires ! Le même jour, un autre événement de taille est à retenir. Le Premier ministre du Quartet, Mehdi Jomâa, a formé sa nouvelle équipe. Il gravit un nouveau palier en publiant le cursus de ses ministres. Il nous gratifie de jeunes appelés à gouverner. Ils sont tous de haut niveau intellectuel et scientifique, ce qui est réconfortant. C'est là une nouveauté génératrice de confiance. Faisant abstraction de l'origine et se limitant à l'expérience et à la notoriété, il aurait dû prospecter parmi les nationaux et profiter de l'occasion qui lui a été offerte pour mettre en application la parité homme-femme. Par de nouvelles restructurations et de nouvelles appellations des départements, il aurait donné des signaux plus forts à toutes les attentes. Au final, peu de femmes dans son équipe qui demeure quand même pléthorique, vu la situation du pays où la rigueur est de mise. Espérons qu'il fera autant pour la publication des cursus des chargés de mission dont le nombre devrait être réduit à sa plus simple expression. Ce nombre a atteint des chiffres faramineux dans les gouvernements précédents. Il devrait inviter ses ministres à collaborer plus étroitement avec les responsables administratifs de carrière qui font honneur au pays par leur dévouement au service d'autrui. Ces trois événements constituent de nouveaux paliers dans la construction de la démocratie. Mais pour continuer le chemin et amener «le bateau Tunisie» qui est à la dérive, à bon port, il faut en premier lieu tirer les leçons de ces années de cafouillage où le double langage a été la règle et l'inaction dans les affaires du pays la conduite. L'inventaire du rôle de chacun dans l'accomplissement de ses responsabilités à la tête de chaque département doit avoir lieu pour éviter de nouveaux dérapages. Et, on ne peut être qu'heureux au final de l'issue de la feuille de route quelles que soient les insuffisances relevées ici ou là. Aussi, l'intérêt général prime et on jugera ces compétences nationales sur leurs actions et non sur leurs intentions. Ainsi, à l'aube de cette nouvelle année 2014, la nouvelle gouvernance mérite d'être soutenue par toutes les composantes de la société. Elle doit être à la fois l'acteur principal du dialogue national et le ciment d'une alliance pour une unité qui a été fortement malmenée par la politique politicienne. Attentif à la vie des concitoyens, faisant confiance par-dessus tout à l'esprit et à l'intelligence, cherchant, dans le dialogue et la confrontation des idées, les moyens de faire évoluer les Tunisiens vers une société de participation pour faire d'eux les principaux acteurs de leur progression vers un monde meilleur. Telle est la tâche que lui confère la situation transitoire et c'est comme tel qu'elle est ressentie par les générations qui se sont sacrifiées pour la construction de l'Etat moderne d'aujourd'hui. Dans son premier message, le Premier ministre reconnaît les difficultés qui l'attendent. Les caisses de l'Etat sont asséchées par un recrutement incontrôlé dans l'Administration d'où le retour à l'endettement qui s'avère comme la solution inévitable. Nous sommes loin des perspectives exagérément optimistes de la Banque centrale et de l'ancienne gouvernance. Le pays doit être géré autrement et « l'économie utile » doit guider la recherche des solutions. Pourquoi ne pas réunir dans un forum tous les chefs d'entreprise sans exclusive pour les sensibiliser à continuer à investir et les convaincre qu'il est décidé à réformer l'Administration et à encourager l'investissement pour la création de plus d'emplois. L'enjeu est de relancer la confiance quitte à amender le Code du travail, avec l'assentiment des syndicats. Il faut le rendre plus attractif. Les investisseurs n'ont pas d'attachement particulier pour un pays donné, ils vont là où il leur semble le plus intéressant, le plus profitable. Le réflexe nationaliste n'est pas leur fort. Il faut parier sur les compatriotes fortunés, plus de soixante-dix milliardaires recensés, à condition de savoir leur tendre la main et les impliquer dans le sauvetage de leur pays. Si le gouvernement continue à s'endetter comme c'est le cas actuellement pour payer les dépenses publiques, l'épargne nationale ne suffira pas à relancer à elle seule les investissements à l'échelle nationale, voire régionale où les promesses mirobolantes des gouvernements précédents n'ont pas tenu la route. En ces temps de crise et de disette budgétaire, il faut moraliser la vie publique et contrôler avec efficacité l'argent parallèle. Diminuer les budgets de la Présidence de la République, ceux des ministres également puisqu'ils déclarent venir pour servir et imposer des plafonds aux présidents-directeurs généraux des banques, ce sont des symboles et la symbolique a beaucoup d'effet sur le retour de la confiance et de la solidarité. Il faut que le vent tourne avec cette équipe qui jouit de préjugés favorables des acteurs économiques et sociaux. Sa mission est historique parce qu'elle se considère indépendante des partis politiques et en dehors des compétitions pour le pouvoir. Tous ses efforts doivent tendre à démontrer que l'exception tunisienne n'est plus perçue comme une source d'incertitude et d'insécurité. Pour y parvenir, la rationalité et l'efficacité doivent guider leurs actes. Il leur faut aller plus vite, plus loin et plus fort dans la construction d'une démocratie exemplaire et d'une société apaisée dont le pays a grandement besoin! Le Premier ministre ne doit pas tarder à intervenir pour indiquer le chemin à suivre et dessiner la feuille de route de son gouvernement. Il fixera ainsi la transition et son contenu. Le pays attend car le changement c'est maintenant !


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