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L'état de grâce existe-t-il ?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 03 - 2012


Par Rejeb HAJI*
«On ne fait pas de politique avec de la morale, mais on n'en fait pas davantage sans». André Malraux
Notre pays a été lâché «aux chiens venus d'ailleurs» dans le but d'enfreindre notre paix et notre sécurité. Il est vrai que revisiter l'histoire appartient aux seuls Tunisiens et non à d'autres de le faire. Notons que ces derniers visiteurs sont, souvent, expulsés de leur propre pays et leurs prêches ont connu des échecs patents. Ils viennent remuer le couteau dans la plaie pour conquérir plus d'adhérents ou encore pour se refaire une notoriété. Ils cherchent à convaincre de leurs visions irréalistes et démagogiques. Malgré le faste qui leur a été réservé, ils ont prêché dans le désert. Les Tunisiens dans leur grande majorité les ont rejetés parce que ce sont des intrus, étrangers à leur éducation et à leur manière de vivre. Notre pays a appris au monde une nouvelle manière de faire la révolution et il n'est pas prêt de subir les influences des charlatans de tout acabit.
Même si notre démarche vers le progrès subit des soubresauts et des malentendus, nés d'incompréhensions ou de luttes sourdes pour la conquête du pouvoir futur, il ne faut pas désespérer. Par sa dimension historique, notre peuple est grand ! Le populisme, quelle que soit son intensité, n'y fera pas long feu et les élections à venir jugeront non sur des slogans, mais sur des actes et des projets.
Aujourd'hui, il faut se rendre à l'évidence. Aux commandes une autorité issue d'élections libres, même si l'on peut contester l'importance de sa représentativité puisqu'un Tunisien sur deux seulement s'est rendu aux urnes. Outre sa feuille de route traçant son projet pour les quelques mois à venir, elle doit nous annoncer la fin de son mandat. Respectant ses engagements pour sa courte durée prévisionnelle, la date des prochaines élections libres et démocratiques doit nous être proposée pour en finir avec le transitoire qui ne doit plus durer. La gouvernance espérée est encore une illusion séduisante. Si l'on jette un regard au paysage politique, les signaux envoyés jusqu'alors sont peu réconfortants : une multiplicité des ministres qui avoisine la soixantaine alors que l'Allemagne avec 80 millions d'habitants n'a que 15 ministres et la France avec ses 60 millions n'en a que 25; le peu de place réservée aux femmes dans les instances dirigeantes; un porte-parole s'érigeant en défenseur de bonnes causes et faisant la pluie et le beau temps alors que les vrais responsables sont dans l'ombre ne passant pas encore à la lumière... Pourtant, ces élus qui devraient se mettre en première ligne pour expliquer, convaincre et rétablir la confiance, se font attendre. Dépassant parfois leurs prérogatives, ils s'instaurent en révélateurs de secrets. Au lieu d'atténuer les divergences et d'appeler à la raison, ils vont vite en besogne pour accentuer le gap entre le réel et le virtuel, le vrai et le faux. Par leurs mises au point réitérées, ils sèment le trouble dans les esprits. Ajouter à cela les médias font les hommes politiques. Ils soufflent le chaud et le froid avec des bavardages en continu et des supputations de courte vue. Le mea culpa de ces derniers se fait d'ailleurs attendre. Certains n'étaient-ils pas les supports sans faille de ceux qui ont dilapidé le pays et l'ont mené à la faillite. L'adage est bien connu: «Il n'y a que les écrits qui restent».
Les vrais problèmes restent en suspens : le chômage, l'insécurité, la chèreté de la vie, l'inégalité des régions, le glissement du dinar... Pourtant, d'autres problèmes accaparent la vie publique : des journalistes molestés, des syndicats tracassés, de l'arrogance qui se fait jour à tous les niveaux et même notre drapeau, symbole des sacrifices de nos martyrs, n'a pas échappé à des hordes dangereuses suppôts de la subversion...
Comment s'en sortir ?
Les faux pas seront difficiles à rattraper par la suite. Tout cet environnement n'est pas le signe d'une «vision claire» clamée par les responsables politiques. Qu'on arrête de parler du passé et qu'on le laisse entre les mains de la justice et de l'histoire ! Que chacun assume ses responsabilités sans reniements. Le plus urgent aujourd'hui est de sauver notre pays du gouffre. Le monde souffre et les solutions futures ne pointent pas à l'avenir. Les conséquences de la crise vont accentuer la situation désastreuse de l'économie de notre pays et c'est là le problème de fond. Comment s'en sortir ? Vers quel état allons-nous ? C'est une œuvre commune à formuler par tous. Tout le monde doit être concerné et associé pour les perspectives d'avenir : partis politiques, syndicats, indépendants, organisations non gouvernementales, tout le spectre de la société... Chacun contribuera à sa manière dans une réflexion ouverte, menée sous le signe de l'urgence et de la responsabilité. Un pacte social est nécessaire car le durcissement des syndicats affaiblit la productivité et les tensions inflationnistes mettent en danger la stabilité. Nous avons pour notre part appelé à la concertation en vue d'un programme commun de gouvernement. Nous constatons et c'est tant mieux les références des gouvernants aux économies qui marchent, celles en particulier de l'économie sociale de marché allemande (voir La Presse du 25/04/1011 et du 16/05/2011). Ce modèle est devenu la référence pour la droite française et même pour les socialistes français qui lui ont adjoint le terme solidaire parce qu'il se révèle être le seul succès d'une approche pleine de promesses.
Parler aujourd'hui comme le fait le conseiller économique du Premier ministre dans un bimensuel économique de la place «d'un programme exhaustif et détaillé tant sur le plan régional que sectoriel avec des objectifs quantifiés, clairs, précis et réalistes», c'est ce qu'attend le peuple du pouvoir en place! Mais attention aux promesses et aux effets d'annonce. Pour des pays développés, les débuts de mandat se jugent dans les «cent premiers jours». Ils ne laissent pas le droit à l'erreur. Nous n'avons pas atteint ce stade de développement même si «le site Tunisie est plus attractif qu'il ne l'a jamais été» et que «le gouvernement est le meilleur de tous les temps», comme le soulignent certains ténors de notre diplomatie.
Chercher la croissance
Sous les feux des projecteurs à la fois externes et internes, les nouveaux dirigeants ont la responsabilité de mener la barque à bon port. Ils doivent être en première ligne et il leur appartient de marquer le tempo du pays. S'il est vrai que le contexte est difficile, la qualité du responsable est partout scrutée, commentée et décortiquée. Ce dernier doit faire preuve d'écoute, d'humilité et de transparence. Sa primauté est d'avoir la faculté de comprendre les autres et non d'épurer les capacités. Si la politique est faite de sentiments et de raison, les passions ont dépassé, aujourd'hui, les intentions et menacent l'unité nationale. L'enjeu de cette période est à démystifier une excessive solitude du pouvoir, à ratisser large et à rassembler autour des convergences et des nécessités. Dans cette mondialisation génératrice de plus d'inégalités, la création de richesses demeure nationale. Des paroles et des actes de tout genre pour chercher la croissance : la décentralisation du pouvoir dans les régions par exemple en est une source; l'exemplarité de la compression des dépenses publiques, même si elles sont négligeables dans leur montant, sont des signes de grande moralité; la publication des revenus et du patrimoine des hauts responsables politiques telle qu'elle a été engagée en juillet 1987 et interrompue par la suite, peut jouer en faveur du rétablissement de la confiance et par suite de la croissance... Un budget à un taux de croissance réaliste (2% au maximum) fondé sur la vérité des chiffres et des mesures d'austérité du gouvernement peuvent aider à relever les défis. Les aides extérieures et les promesses ne seraient ni rapides ni considérables contrairement à ce qui est attendu. La décote de la dette souveraine de notre pays par les agences de notation en est une raison parmi d'autres. Cette note, faut-il le rappeler, est la plus faible possible pour un emprunteur fiable. La conséquence immédiate a été le taux d'intérêt élevé de 3% des emprunts contractés.
Comme les bonnes décisions n'arrivent pas au hasard, il faut donc se préparer à oublier l'état de grâce des «cent jours». Vu le peu de temps dont disposent les dirigeants d'aujourd'hui, ils feraient œuvre utile s'ils laissaient un héritage solide et sans bavure qui aboutirait à la promotion d'une bonne gouvernance, à une lutte contre la corruption et à la mise en œuvre de l'ouverture de chantiers dans des domaines variés tels que l'éducation, l'emploi, la décentralisation, la santé, la fiscalité... A la manière des pays développés, par-delà les idéologies, des équipes de compétences volontaires, dont regorge le pays, dresseront un état des lieux par un audit de l'ensemble des carences et des dérives de l'existant. Ils suggéreront des mesures permettant de corriger ces failles, en proposant des changements nécessaires de fonctionnement, de structures voire de comportements et d'état d'esprit. Un travail de qualité, codifié dans le temps et dans l'espace, sera légué à la prochaine gouvernance qui l'utiliserait comme référence lui permettant la lucidité des choix et la validité des solutions. Il en serait de même qu'une information de qualité, favoriserait alors l'apparition de programmes qui ont fait défaut dans la campagne des élections de la Constituante et aiderait le citoyen à ne plus voter «à l'aveuglette». La démocratie en construction devra être réalisée avec la modestie des moyens et avec le fonctionnement en petit nombre, en mode de rigueur, de transparence et d'austérité. Le style du nouveau pouvoir ne devrait être ni arrogant, ni prestigieux, ni somptueux, ni soupçonneux. Ces exigences sonneront la fin de la primauté du politique et le retour à l'économique où des pans entiers de main-d'œuvre demandent de l'emploi et exigent leur part du gâteau lorsque revient la croissance.
Au final, le constat est sans appel : la Troïka et son consensus n'ont pas abouti, à ce jour, à offrir des perspectives valables, loin s'en faut. L'état du pays et son économie sont en situation extrêmement précaire. Au lieu d'être confronté à des débats stériles, étrangers à nos traditions comme le niqab, le mariage coutumier, l'excision... et autres fantasmes, il faut la main tendue pour résoudre les vrais problèmes du pays et aider à la réussite de la transition démocratique. Il y va de la responsabilité des gouvernants actuels. Il y va de l'avenir de nous tous !
* (Universitaire)


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