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Sur la voie de la deuxième République
54e anniversaire de la proclamation de la République
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 07 - 2011

• Sans casse ni dégâts, mais dans le calme et la sérénité
Quand le 29 décembre 1955, Mohamed Lamine Bey, dernier monarque de la dynastie husseinite (1705-1957), promulgua le décret appelant à l'élection d'une Assemblée nationale constituante pour le 25 mars 1956, ayant pour but de doter le royaume d'une Constitution, il n'avait pas imaginé un seul instant qu'il signa en même temps la fin d'une dynastie qui a régné sur le pays plus de deux siècles et demi (252 ans exactement). Ledit décret comporte trois dispositions. Il convoque une Assemblée nationale constituante pour le 8 avril 1956. Il précise ensuite que cette Assemblée devra être élue au suffrage universel direct et secret et stipule, enfin, que cette même Assemblée sera chargée d'élaborer une Constitution pour la monarchie, laquelle «Constitution sera revêtue du sceau du Bey». Depuis, les choses se sont précipitées d'abord davec la victoire du front national composé du Néo-Destour dirigé par Habib Bourguiba, de l'Union générale tunisienne du travail, de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche et de l' Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat, qui remporte la totalité des 98 sièges. Cette victoire devra assurer une bonne marge de manœuvre à Bourguiba qui n'a jamais porté la famille beylicale dans son cœur, coupable d'après lui de tout ce qu'avait enduré le peuple tunisien durant la période coloniale. Formé, tout comme ses compagnons de route, aux idéaux de la démocratie et de la liberté et aux valeurs républicaines, il pesa de tout son poids pour amoindrir les pouvoirs du Bey et orienter les débats vers la suppression de la monarchie. Elu président de la Constituante, il n'y resta finalement que quelques jours se voyant proclamer par cette même Constituante président du conseil le 11 avril 1956. Commença alors un transfert méthodique des pouvoirs du Bey vers le président du conseil comme, par exemple, l'exercice du pouvoir réglementaire ou encore la suppression de la fête du trône. Ce fut le début de la déchéance du Bey isolé dans son palais, sans contact avec les membres de l'Assemblée. D'après certains de ses compagnons, «Bourguiba avait dans l'esprit de proclamer la République le 1er juin 1957», date symbole pour tous les Tunisiens qui coïncide avec «le retour triomphal du combattant suprême» de son exil français. Mais certains événements survenus entre-temps avec l'ancien pays colonisateur avaient retardé l'échéance.
Force est de souligner que la commission chargée de préparer le projet de Constitution avait, au départ, opté pour une monarchie constitutionnelle, conformément au décret de décembre 1955. D'ailleurs, l'article premier qui avait à l'époque suscité un débat intense, notamment, autour de la place de l'Islam et s'il devait être défini comme religion du nouvel Etat, stipulait dans sa première mouture, que la Tunisie est «une monarchie constitutionnelle dont la devise est liberté, ordre et justice». Mais au fur et à mesure de l'avancement des travaux, des voix commencent à s'élever pour critiquer parfois avec véhémence la monarchie et la rendre responsable de tous les maux du pays. Une manière de discréditer le Bey et de précipiter sa chute. L'histoire s'accélère alors, et le 25 juillet 1957, Bourguiba convoque une réunion conjointe entre le bureau politique du Néo-Destour dont il est le président et le Conseil des ministres pour décider de proposer à l'Assemblée nationale constituante une résolution ayant pour objectif de dissoudre la monarchie, de proclamer la République et de désigner Habib Bourguiba comme Chef de l'Etat avec le titre de Président de la République. La résolution lue par le président de l'Assemblée Jalouli Farès fut adoptée à l'unanimité. C'était jeudi 25 juillet 1957 à 18h00.
Assurer le passage vers la deuxième République
Ceci pour l'histoire. Et il serait peut-être fastidieux de revenir sur les différentes péripéties de la jeune République tunisienne et les faits marquants de ces 54 dernières années. Ni sur les heurs et malheurs du peuple tunisien au cours de cette période. Laissons cette tâche aux historiens et autres analystes en tous genres. Et concentrons-nous sur la transition en cours, suite à «la révolution des jeunes» qui a marqué un grand tournant dans l'histoire du pays et dans celle de l'ensemble de la région. Partie pour être un exemple à méditer et à suivre, cette révolution est en train de chavirer par la faute de ses enfants. Plus de six mois après le 14 janvier, l'embrouillamini s'installe et les objectifs de la révolution dévient, peu à peu, de leur chemin. Pourtant, après un début cacophonique, marqué par une instabilité gouvernementale, une absence de feuille de route claire et une anarchie annonciatrice du chaos, un consensus a été trouvé autour d'un agenda précis qui doit conduire à l'élection d'une Assemblée nationale constituante à l'effet d'élaborer une nouvelle Constitution pour une deuxième République. Avec, entre-temps, l'instauration d'un pouvoir de transition assuré par un Président intérimaire et un gouvernement de transition. Ce même consensus a conduit à la mise en place d'une Instance supérieure dont le but est de veiller à la protection des objectifs de la révolution et de soutenir l'effort du gouvernement pour mener à bien la transition démocratique, à travers, notamment, l'élaboration de textes de lois susceptibles de faciliter cette transition. Et c'est à elle que l'on doit le nouveau code électoral sur la base duquel seront élus le 23 octobre prochain les 218 membres de l'Assemblée nationale constituante ainsi que le décret-loi portant création d'une Instance supérieure indépendante des élections, déjà investie. Mais cette Instance, censée protéger les objectifs de la révolution, se trouve depuis un certain temps tirée à hue et à dia par certains de ses membres et quelques partis politiques beaucoup plus soucieux de leurs propres intérêts que de l'intérêt supérieur de la nation. Et malgré la bonne volonté du Chef du gouvernement et de beaucoup d'autres parties prenantes, la situation ne semble pas se décanter. Ce qui se répercute sur le comportement de l'ensemble des Tunisiens qui commencent à douter de cet avenir qui tarde à se dessiner. Déboussolés, désorientés comme sans ligne directrice. A preuve, cette démobilisation, par ailleurs incompréhensible, en cette période préélectorale marquée par le peu d'engouement pour l'inscription sur les listes électorales. D'autant plus que malgré l'assurance de M. Béji Caïd Essebsi de respecter la feuille de route tracée début mars dernier et d'assurer les bonnes conditions pour l'organisation des élections de l'Assemblée nationale constituante à la date convenue du 23 octobre, des voix s'élèvent ça et là pour remettre en question cette démarche et soumettre d'autres agendas de substitution.
La situation sécuritaire, sociale et économique n'est pas en reste. La restauration promise de l'autorité de l'Etat se fait attendre et les indicateurs sont pour la plupart au rouge. Le taux de chômage grimpe, le déficit économique s'aggrave, la précarité s'installe et l'on est beaucoup plus dans une « approche misérabiliste » de la situation sociale. Le pullulement des partis politiques, la montée des extrémismes et la recrudescence de la violence marquée notamment par l'émergence de sentiments de tribalisme et de régionalisme ajoutent à la crainte d'une majorité silencieuse longtemps tenue à l'écart des débats. Surtout que ces violences sont, selon le Chef du gouvernement, fomentées par des sensibilités politiques extrémistes. Lui qui a dénoncé "le double langage dans les positions de certains partis qui ne doivent pas s'intéresser, seulement, aux élections mais aussi au respect de la primauté de la loi". Situation un peu intenable au moment où l'on s'attendait à une forte mobilisation de la classe politique, de la société civile et des médias pour assurer les conditions idoines à une transition dans le calme et la sérénité.
Qui veut donc faire avorter l'avènement de cette deuxième République ? Tout le monde accuse tout le monde et le peuple semble être le dindon de la farce, une farce écrite et jouée par des politiciens, survenus de nulle part, sans envergure et sans vergogne. Dont le discours se trouve relayé par une certaine presse en mal de repères, et qui entraînent dans leur sillage une partie de la population, souvent de bonne foi parce qu'ignorant les vrais desseins d'un projet diabolique visant à briser ce nouvel élan engagé un certain 14 janvier. Ce climat de suspicion entre les acteurs de la vie politique et ces accusations qui fusent de partout ne font que semer le doute dans les esprits, renforcer la méfiance des Tunisiens vis-à-vis des partis en général et des hommes politiques en particulier.
Le temps n'est plus aux supputations, ni au dénigrement ni encore moins à la division. Il est plutôt au resserrement des rangs et au consensus. Nous l'avons déjà dit sur les colonnes de notre journal, le gouvernement de transition qui se trouve être la cible de critiques parfois acerbes et en des termes crus, doit être considéré comme un partenaire stratégique pour l'ensemble des partis politiques. Ce gouvernement qui fait face à plusieurs difficultés conjoncturelles et autres, ne pourra pas résoudre tous les problèmes. Il faut cesser de le harceler et chercher plutôt à lui assurer un soutien critique et l'aider à mener à bien le processus de transition.
Il est impératif, aujourd'hui, que les formations politiques, indépendamment de leurs sensibilités et idéologies, s'unissent autour du seul objectif, comment assurer le passage vers la deuxième République sans casse ni dégâts. Mais dans le calme et la sérénité. A leur tour, les médias doivent véhiculer un nouveau discours rassembleur, mais pas unanimiste, faire passer des messages appelant à la concorde et la réconciliation.
En dépit de ce sombre tableau, l'espoir est permis. Ses lueurs commencent à apparaître à travers ces appels et ces manifestations pour sauver la révolution des dérives qui la guettent. A travers, également, ces réactions de certains partis, organisations et associations dénonçant la violence et les tentatives visant à torpiller le consensus autour de la feuille de route et à entraver le processus électoral.
Le peuple tunisien qui, le 25 juillet 1957, fêta l'avènement de la République après avoir, une année et quelques mois plutôt, fêté dans la joie et l'allégresse l'indépendance du pays, lui qui a initié une révolution déjà qualifiée d'historique, saura, sans nul doute être au rendez-vous de l'histoire, pour reprendre un terme cher à Bourguiba. Pour fêter l'avènement de la deuxième République sur des valeurs pour lesquelles ses enfants ont donné de leurs vies : dignité, liberté, justice et égalité.


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