A défaut de jeu et de spectacle, le derby a été un énième révélateur d'une compétition en grand danger de dérives Etes vous satisfaits du derby? Voilà une question intéressante qui pourrait faire l'objet d'un sondage auprès de tous les passionnés du football. Et même les autres, puisque le derby ne concerne pas que les sportifs, mais aussi tous les Tunisiens. Qu'ils soient au pays ou à l'étranger. Une précision au passage : les Espérantistes ont toutes les raisons de fêter leur victoire dans le derby qui leur offre en même temps leur 25e titre de champion. A moins d'un véritable cataclysme, très improbable du reste. Mais pour tout le reste, nous n'avons pas aimé le derby, et ce, en dépit de quelques éclairs de part et d'autre. Sur le plan technique d'abord, dans la mesure où l'attente de la veille a été déçue car ni l'Espérance n'a joué en champion et encore moins le Club Africain en challenger voulant changer le cours des choses. Nous parlions la veille d'un derby milliardaire mais, à vrai dire, nous n'avions pas vu sur le terrain un jeu et des joueurs qui ont justifié leur statut de nababs du sport. On a beau évoquer l'enjeu, la pression, les nerfs et les habituels alibis; un derby, c'est l'occasion de fêter le jeu et les deux formations n'ont pas été à la hauteur. Voici pour le premier point. Le second est sans doute lié au premier. Pour bien jouer au football, il faut être deux et surtout être animé d'un bon état d'esprit. Or, l'esprit n'a pas été de la partie et on a assisté quatre-vingt-dix minutes durant à un véritable combat de coqs dans toutes les parties du terrain. Chaque contact et chaque duel étaient l'occasion pour les joueurs pour se chamailler, entraînant avec eux la plupart de leurs coéquipiers. Les épisodes qui ont émaillé cette rencontre n'ont pas arrangé les choses et ont ultérieurement «pourri» une rencontre qui n'en avait pas besoin. Arbitrage passif, joueurs impunis La troisième remarque à faire concerne l'arbitrage. Quand on apprend que ce dernier a bénéficié d'une note royale de la part du commissaire du match (8/10), il y a de quoi s'étonner et douter ultérieurement de la manière dont fonctionne l'arbitrage dans notre pays et surtout l'étendue de l'influence dont il fait l'objet. «Sortir son match» : voilà l'objectif suprême d'un arbitre tunisien. Peu importe l'attitude exécrable des joueurs, les fautes non sifflées et les insultes permanentes faites à ce même arbitre qui fait semblant de ne rien voir, de ne rien entendre. C'est vrai que les protagonistes ont pour noms Espérance et Club Africain et qu'aucun arbitre n'a le courage de sortir les cartons qu'il faut. Puis, il y a, enfin, tout ce qui s'est passé en fin de rencontre. Toute cette violence, toutes ces chaises arrachées. Pour quelle raison au juste ? Pour un supporter «secoué» par le service de l'ordre, alors que, dit-on, il était descendu sur le terrain pour enlever les banderoles ? Cela ne justifie aucunement cela et, en tout cas, pas ce vandalisme sauvage de la part de pseudo-supporters dont l'équipe venait de remporter le derby ! Absence de jeu et de spectacle, joueurs incontrôlables, arbitre passif et stade saccagé : voilà pour ce qui nous concerne le véritable bilan de ce derby tant attendu. L'histoire n'a pas toujours raison en ne rappelant que le nom du vainqueur. Nous avons franchement honte ! Pour toutes ces raisons et pour d'autres encore, nous craignons les huit matches encore à disputer, ainsi que l'épreuve de la coupe. Car, quand on jette un coup d'œil sur le classement actuel et qu'on constate que huit équipes se tiennent en 6 points pour le discours relégation, on se dit que le pire est encore à venir et que la présence du public constitue un risque énorme pour la suite. C'est vrai que nous avions été les premiers à défendre le retour du public, mais là, franchement nous ne pouvons plus maintenir la même idée. Déjà tout au long de la saison, nous avons eu des échantillons de ce dont sont capables les dirigeants par leurs déclarations incendiaires, leur théorie du complot, ainsi que leur référence au régionalisme; les joueurs par leur discipline révoltante; les arbitres par leur passivité et les instances de notre football par leur faiblesse. En d'autres termes, cette dernière partie de la compétition est à hauts risques et le seul corps de la sécurité ne peut, à lui seul, tout . Supporters. Disons-le franchement, notre position change aujourd'hui et nous plaidons pour le huis clos car les conditions de sécurité ne sont plus réunies, et ce, par la faute de tous les acteurs de notre football!