Un éclairage supplémentaire sur la mission multisectorielle de partenariat qu'organise son ambassade, du 1er au 5 avril prochain, à Montréal Une «ambitieuse» mission multisectorielle de partenariat équitable entre la Tunisie et le Canada aura lieu du 1er au 5 avril prochain à Montréal. Une action qui ne manquera pas de développer les relations entre les deux pays. C'est ce que nous apprend Son Excellence M. Sébastien Beaulieu, ambassadeur du Canada à Tunis, au cours d'un long entretien qu'il nous a accordé, tout récemment au siège de sa mission. Organisée par l'ambassade du Canada en Tunisie en collaboration avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la mission comprend notamment un forum d'affaires et un forum pour l'éducation auxquels viendra s'ajouter la participation d'exposants tunisiens au Salon international de l'agroalimentaire «Sial 2014» qui se tiendra à Montréal du 2 au 4 avril. S'inscrivant dans le cadre de l'Année du Canada en Tunisie, ladite mission, qui sera présidée par un membre du gouvernement tunisien, entre aussi dans le cadre du vol inaugural direct Tunis-Montréal. Ligne qui sera ouverte au public à partir du 25 avril prochain. Jeune, jovial, décontracté, avec un sens de l'humour intelligent, mais qui choisit ses mots en répondant aux questions, M. Beaulieu a commencé par insister sur l'excellente qualité des relations bilatérales aussi bien au niveau des peuples amis qu'à ceux des institutions et des échanges. Ces derniers ont enregistré sur le plan commercial 127% de croissance en 2013 par rapport à 2012. Cela sans oublier de rappeler le soutien du gouvernement d'Ottawa au processus transitionnel en Tunisie. Au cours de la rencontre, Son Excellence n'a pas cessé d'insister sur l'importance de ladite mission à travers le prisme des objectifs, des attentes et des résultats escomptés pour les deux pays. Son impact sera, selon lui, très positif à tous les niveaux et il sera répercuté durablement grâce entre autres à la ligne directe Tunis-Montréal. «Le courant passe bien entre les deux peuples», fait remarquer notre interlocuteur en mettant en exergue les affinités entre Canadiens et Tunisiens qui sont bien accueillis de part et d'autre. «Les Tunisiens qui sont au Canada relatent leurs expériences positives qu'elles soient lors d'une brève visite ou dans le cadre d'un projet d'études ou de vie et l'on s'en réjouit», ajoute-t-il. Le groupe «Les Amis du Canada» est devenu, poursuit-il, en quelque sorte «le meilleur ambassadeur de mon pays en Tunisie». Il constitue aujourd'hui une excellente plateforme pour la dynamisation des réseaux communs à tous les plans et dans tous les domaines en vue de raffermir les liens entre ce qu'ils appellent «leurs deux pays». Sur le plan personnel, M. Beaulieu rebondit à chaque fois pour exprimer sa grande satisfaction de l'accueil qu'il a reçu en Tunisie (lui et sa famille) et son admiration pour la richesse de la culture du pays et de son terroir, ainsi que de la douceur de son climat et la chaleur humaine qui y prévaut. Ainsi, notre interlocuteur n'a pas caché son engouement pour le couscous tunisien, son huile d'olive, ses produits bio et sa b'sissa pour laquelle il a sa propre recette. «Avec le sirop d'érable», explique-t-il. Et pour conclure ce volet «j'ai un peu de Tunisie en moi», avoue-t-il. Pour illustrer ce courant qui passe, le diplomate cite le succès qu'a eu la page Facebook de son ambassade lancée fin janvier. «Elle possède déjà plus de 8.000 fans, soit une moyenne de 100 nouveaux inscrits par jour». «Ce qui est un record mondial», annonce-t-il. «C'est la page Facebook d'une ambassade canadienne la plus populaire après celle de notre ambassade en Inde», précise-t-il. Ce qui constitue un indicateur très éloquent pour les amateurs de baromètres, commente-t-il. Agroalimentaire, TIC et éducation «Ambitieuse», la mission déjà citée est ainsi qualifiée par Son Excellence. «D'abord parce qu'elle est multisectorielle, ensuite parce qu'elle cherche à développer davantage la croissance soutenue des échanges entre les deux pays, enfin parce qu'elle cherche à profiter du momentum offert à l'occasion de l'inauguration de la ligne aérienne directe Tunis-Montréal». C'est ce nous explique l'ambassadeur qui met en exergue la participation d'une centaine d'hommes d'affaires (gens d'affaires, précise-t-il), d'une vingtaine de responsables d'institutions universitaires entre secteurs, doyens et directeurs d'écoles et d'instituts supérieurs (publics et privés). Cela sans oublier la dizaine d'exposants tunisiens au «Sial 2014» de Montréal. Ambitieuse aussi parce qu'elle plantera les jalons d'un partenariat visant le marché africain dans lequel la Tunisie profitera de sa position pour en devenir une plate-forme. Le forum d'affaires (2 avril) traitera de deux thèmes porteurs : le secteur de l'agroalimentaire puis celui des TIC (technologies de l'information et de la communication). Quant au forum sur l'éducation (4 avril), il devrait déboucher sur la signature de pas moins de six mémorandums d'accords. Sachant, tient à rappeler notre interlocuteur, qu'il existe déjà plusieurs projets bilatéraux dans l'enseignement supérieur tels que celui entre l'Université d'Al Manar à Tunis et l'Université du Québec à Montréal (Uqam) qui offre un MBA Executive depuis 2001 ou encore celui avec la MSB à Tunis. Ce dernier «est un programme novateur qui sera lancé dès septembre prochain et qui consiste en un baccalauréat (maîtrise-NDLR) en codiplomation avec deux années en Tunisie et deux autres au Canada». La coopération dans le domaine de l'éducation comprend également l'échange de stagiaires, la réalisation de projets de fin d'études (PFE), etc. Autre fait révélateur, ce que note le rapport du ministère canadien du Commerce international où la Tunisie figure parmi les pays prioritaires en termes de prorata de recrutement des étudiants. Document publié en janvier 2014 et qui place la Tunisie parmi des pays comme la Chine, le Brésil, l'Inde... Tunisie, une plateforme pour l'Afrique Ce volet éducation va permettre, par ailleurs, de transformer la Tunisie en plateforme pour la coopération dans ce domaine en Afrique. Un consortium canadien a déjà décroché un marché en Afrique subraharienne et en partenariat avec un opérateur tunisien, il se prépare à former 80 formateurs. «Il s'agit là d'un merveilleux exemple de coopération triangulaire avec comme atout la complémentarité entre les expertises canadiennes et tunisiennes. Cela sans oublier l'élément linguistique, arabe-français-anglais», note l'ambassadeur. Et d'ajouter : «Nos deux pays sont capables de servir un très grand marché». Des projets tuniso-canadiens existent aussi pour la Libye, rappelle notre interlocuteur dans ce domaine, en profitant de l'occasion pour souligner la participation de M. Raymond Chrétien, ancien ambassadeur du Canada, à Washington, Paris, Bruxelles, Mexico et Brazzaville, qui donnera une conférence sur le «développement des affaires entre le Canada et la Tunisie pour cibler l'ensemble de l'Afrique». Interrogé sur une éventuelle assistance du Canada pour une future réforme de l'éducation et de la formation en Tunisie, M. Beaulieu pense que son gouvernement n'hésitera pas à le faire s'il est sollicité. Notre interlocuteur profite cependant de l'occasion pour annoncer que la forum pour l'éducation, déjà cité, exposera l'expérience de l'éducation délocalisée au Canada. Avec comme exemple, la faculté de Médecine de Montréal à Trois-Rivières (ville moyenne entre Montréal et Québec). L'expérience qui au début a été accueillie avec certains a-priori s'est révélée être un succès car ayant enregistré le meilleur taux de réussite de toutes les facultés de Médecine du pays, nous apprend l'ambassadeur. Il s'agissait de fixer les étudiants afin qu'ils puissent, à leur arrivée sur le marché du travail, rester sur place et ne plus être tentés de rejoindre les grandes villes. La ligne directe Tunis-Montréal, qui offrira un vol de 7h30 seulement, permettra de son côté de développer la coopération bilatérale et le flux touristique entre les deux pays. «Cela sans oublier ce que peuvent transporter les soutes, surtout en produits agroalimentaires». A cet effet, notre interlocuteur nous apprend que les Canadiens apprécient de plus en plus l'huile d'olive tunisienne. Un produit phare de l'exportation tunisienne au Canada qui a enregistré 60% de croissance en 2013 par rapport à 2012 (16 millions de DT contre 10). Pour conclure, nous mettrons en exergue un leitmotiv de Son Excellence : «Le Canada est un pays ouvert et il le restera».
