Les organisateurs de la mission économique tunisienne à Montréal qui aura lieu du 23 au 25 octobre ont dévoilé hier, à la Maison de l'exportateur, les grands axes d'une opération inédite. Il s'agit de relier la Tunisie au Canada, d'un seul trait, d'un seul coup d'aile. Pour ce vol inaugural prévu demain, des hommes d'affaires et des institutionnels tunisiens se rendront en masse à l'assaut des opportunités qu'offre ce pays. Conviés hier à une réunion d'information à la Maison de l'exportateur, les organisateurs ont passé en revue les efforts consentis pour réussir cette tâche herculéenne. Prenant la parole, Mohmed Frikha, Pdg de Syphax Airlines, le transporteur officiel vers Montréal et initiateur de cette opération, a indiqué que ce vol inaugural Tunis-Montréal a pour objectif premier d'opérer « le choc psychologique ». Il s'explique : «Les Tunisiens ont fini par ne plus croire aux promesses de la mise en place d'une desserte directe Tunis-Montréal. Nous voulons apporter la preuve qu'avec notre compagnie, on mettra le monde à la portée des Tunisiens là où ils sont ». En effet, les projets de longs courriers que la compagnie nationale a toujours lorgnés sans pour autant pouvoir concrétiser ses schémas d'extension du réseau, a mis l'eau à la bouche de ce transport qui y voit non seulement un levier de croissance et de développement de Syphax Airlines mais aussi un créneau porteur sur le court et moyen terme. Mais pour cela, Mohamed Frikha se donne les moyens de ses ambitions ; un premier Airbus A330, qui sera suivi d'un deuxième appareil du même type au début de l'année. Son plan de flotte prévoit ce genre d'appareil car Syphax entend se positionner sur les axes longs courriers à partir de Tunis. « Un plan sur cinq ans», souligne-t-il. «Notre pays n'est connecté aux destinations lointaines et on a perdu beaucoup de temps par rapport à nos voisins marocains, algériens ou égyptiens qui ont déjà des liaisons de ce type», a-t-il indiqué. «On veut montrer aux Tunisiens qu'on est capable de le faire. C'est pourquoi nous entendons lancer cette desserte au début de l'année 2014», a renchérit M.Frikha. «Syphax a apporté tout son soutien à cette opération, on est le catalyseur de cette initiative mais pour donner de l'ampleur et de l'envergure à cette opération, nous avons approché le Cepex afin de donner du punch au développement économique bilatéral entre la Tunisie et le Canada», a ajouté le Pdg de Syphax Airlines. Continuant dans le même sillage, Son Excellence l'ambassadeur du Canada à Tunis, M.Sebastien Beaulieu, s'est félicité que le rêve d'une connexion directe entre Tunis et Montréal prend finalement forme. «Je suis ravi de constater tout cet enthousiasme et cette grande ambition. C'est un moment très fort dans l'histoire des relations bilatérales entre nos deux pays», a-t-il souligné. Certes, pour l'ambassadeur du Canada, « les relations économiques entre les deux pays sont bonnes, néanmoins cette mission marque un approfondissement et une amélioration de ces relations», a conclu l'ambassadeur qui, avec une pointe d'humour, a promis aux membres de la délégation qui se rendront à Montréal « un accueil chaleureux malgré un mercure à la baisse qui frôle zéro degré ». Booster les affaires Dans son allocution, M. Chiheb Slama, de l'Utica, a estimé qu'une liaison directe avec le Canada est de nature à booster le monde du business et des affaires. « Il est temps de raffermir nos relations économiques avec ce pays, car les échanges entre les deux pays sont en deçà du potentiel existant», a souligné le représentant le secteur privé. Pour sa part, Moncef Zouari, représentant de la Chambre commerciale tuniso-canadienne, a mis l'accent sur la nécessité de pallier le déséquilibre de la balance commerciale qui penche en faveur du Canada. Pour cela, il recommande de diversifier les secteurs d'échange. Il a également indiqué que la Chambre tuniso-canadienne offre le cadre idoine pour faciliter l'investissement et l'échange commercial. Le secteur touristique, qui sera également un temps fort pendant cette mission, compte prendre ses marques au Canada. En effet, M. Khaled Trabelsi, de l'Office national du tourisme tunisien, a expliqué que « le tourisme et le transport aérien vont de pair ». Il a clairement exprimé l'intention de l'Ontt de « profiter de la tenue du salon du tourisme pour faire la promotion de la Tunisie et d'essayer de gagner de nouveaux parts de marché ». C'est que les arrivées des Canadiens pendant ces dernières années ont connu une nette régression, passant de 17.000 en 2010 à moins de 10.000 à la fin de 2013. Des objectifs et des attentes Prenant à son tour la parole, M. Abdellatif Hmam, Pdg du Cepex, a passé en revue les objectifs de cette mission. D'abord, a-t-il indiqué, le Canada offre un fort potentiel de partenariat. «Le pays a su résister à la crise économique, il est doté d'institutions solides, il est ouvert à l'immigration organisée, il est culturellement proche de la Tunisie et il y existe une forte communauté tunisienne», a détaillé M.Hmam. Sans vouloir survoler d'un œil morne le niveau des échanges entre les deux pays, M.Hmam a révélé que le taux de couverture des échanges a chuté à 12,9% en 2012. C'est pourquoi le Canada est aujourd'hui la cible des organisations d'appui à cette opération, a-t-il fait savoir. Il s'agit de l'Ontt qui est déjà présent au Canada, de la Fipa qui a un projet d'ouverture d'une antenne et du Cepex qui programme plusieurs activités promotionnelles ciblées. Abordant les objectifs escomptés par cette mission, M.Hmam a indiqué que la finalité de cette opération est de « créer l'évènement et faire parler de la Tunisie, reprendre contact avec le Canada pour les opérateurs qui sont déjà familiers avec ce pays, faire découvrir le pays et sa culture aux opérateurs qui font pour la première fois le déplacement au Canada et rassurer les investisseurs potentiels en communiquant directement avec eux ». Comment compte-t-il s'y prendre ? «En programmant trois moments forts», souligne-t-il. « Des moments de contact social (réceptions pour les Canadiens et les Tunisiens résidant au Canada), des moments de contacts d'affaires (forums des affaires, déjeuners de réseautage) et des moments de contacts sur le terrain (participation au salon du tourisme à Montréal, participation au forum santé international, participation au congrès annuel de l'International coach fedération)», a précisé M.Hmam. Quant aux résultats attendus, M.Hmam est ferme là-dessus: «Une meilleure connaissance de la culture des affaires au Canada, identification des opportunités d'import et d'export, consolidation des échanges du partenariat existant, contacts préliminaires et préparation d'une visite de travail du conseil d'affaires canadien ».