Mahmoud Al Baroudi et Ahmed Brahim n'ont pas pris part au dîner organisé, hier, par la présidence de la République, en réaction aux propos que Marzouki a tenus à l'égard de l'opposition au Koweït Invités au dîner organisé, hier, au palais de Carthage, par la présidence de la République en l'honneur de l'émir du Qatar, en visite officielle en Tunisie, le jeudi 3 avril, les députés Mahmoud Al Baroudi de l'Alliance démocratique et Ahmed Brahim, président d'Al Massar, ont décliné l'invitation. Cela en raison des propos tenus par le président Moncef Marzouki dans un entretien accordé au journal koweïtien «Al Qabas» où il fustige l'opposition «qui, selon lui, l'insulte et l'appelle à démissionner sur les plateaux de télé, après avoir mangé à sa table à l'orée de chaque mois». Al Baroudi a réagi sur un ton sarcastique, d'abord dans un post sur sa page Facebook puis sur certaines chaînes de radio, s'étonnant que «le président de la République invite l'opposition à dîner après l'avoir insulté il y a une semaine à l'occasion de la tenue de la réunion de la Ligue arabe au Koweït». Approché par La Presse, le député confirme : «Bien sûr que j'ai décliné l'invitation, d'ailleurs je rejoins le secrétaire général de notre parti qui a demandé au président Marzouki ‘‘de dire du bien ou de se taire''. Car il est inadmissible qu'à chaque voyage, il fustige l'opposition dans ses déclarations et divise les Tunisiens entre islamistes et laïcs en insultant ces derniers. Alors que normalement, il devrait être le président de tous les Tunisiens». Et d'ajouter : «Bien sûr qu'on lui demandera ainsi qu'au président de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaâfar, de démissionner. Cela afin d'assurer la neutralité de ces institutions avant les prochaines élections». «Oui, j'appelle Marzouki à démissionner» Bref, le député de l'Alliance démocratique ne comprend pas que le président de la République invite de nouveau l'opposition sans pour autant s'excuser des propos qu'il a tenus au Koweït comme si cela était normal. «Nous continuerons à boycotter les invitations de la présidence jusqu'à ce que le président Marzouki s'excuse auprès de l'opposition. Car accepter l'invitation voudrait dire approuver ses propos et ne plus l'appeler à démissionner, or je l'appelle encore une fois à démissionner avant que son invité ne s'en aille», affirme Al Baroudi. Contacté par La Presse, Ahmed Brahim explique, de son côté, sa position : «Ce genre de rencontres avec le président de la République avaient pour but l'échange de points de vue dans un cadre informel, mais de là à ce qu'il en parle de cette manière et a fortiori dans un entretien avec un média étranger, c'est inadmissible. Car quand on parle de l'opposition ou des Tunisiens, à plus forte raison, à l'étranger il faut le faire avec un minimum de correction et de respect. Cela d'autant que ce n'est pas la première fois qu'il se permet de critiquer l'opposition en ces termes. Et c'est dommage qu'on perde notre temps à des vétilles alors que notre pays a besoin de tous nos efforts en ces temps de crise. Enfin, je n'ai rien contre l'émir du Qatar, sauf que toute la famille politique tunisienne a été choquée par ces propos, indignes de la fonction de président de la République, surtout que jusqu'à présent, nous n'avons entendu aucun mot d'excuse. Ce qui est malheureux». Il est clair que l'opposition tient à renvoyer une belle image de la Tunisie à l'étranger, «une image d'unité et d'union, indique Mahmoud Al Baroudi, qui montre que Marzouki est le président de tous les Tunisiens mais pas seulement de la Troïka ou du CPR. Or, on constate qu'à chaque visite qu'il effectue à l'étranger, au nom de la Tunisie et non pas en son nom personnel, le président Marzouki rate une occasion de renvoyer cette belle image que nous appelons de tous nos vœux. Et c'est vraiment dommage et contre-productif pour le pays».