Dans une déclaration accordée mardi 13 mai 2025 à Hatem Ben Amara, l'expert en affaires libyennes Ghazi Moalla a analysé les événements survenus à Tripoli, expliquant qu'ils résultent d'une escalade militaire attendue depuis plusieurs jours. « Ce qui s'est passé est un événement militaire de grande ampleur, mais heureusement, il a pu être contenu dans le temps et l'espace. Il n'a pas débordé, et jusqu'à présent, aucun civil n'a perdu la vie, même si des dégâts matériels importants ont été enregistrés », a-t-il déclaré. Selon lui, des tensions grandissantes étaient perceptibles depuis un certain temps, en raison de la présence massive de forces armées dans et autour de la capitale. Cette montée en tension découle d'une lutte de pouvoir complexe entre différentes entités sécuritaires qui, bien que légalement rattachées à l'Etat libyen, se retrouvent en confrontation directe. L'incident a été déclenché par une opération ciblée contre le chef du Service de soutien à la stabilité, une structure officielle affiliée au Conseil présidentiel libyen. Le leader de ce service, ainsi que plusieurs de ses collaborateurs, ont été tués dans ce qui semble avoir été une embuscade dans le camp de Tikbali. À la suite de cette attaque, des unités militaires se sont dirigées vers le quartier de Bouslim, bastion du service visé, où elles ont pris le contrôle de ses installations, détruit ses équipements et libéré plusieurs détenus, dont le directeur général de la compagnie nationale de télécommunications. Ghazi Moalla a souligné que la confrontation dépasse le simple cadre sécuritaire : elle est enracinée dans une lutte d'influence pour le contrôle des institutions financières et économiques du pays, telles que la Banque centrale, la compagnie pétrolière nationale et les télécommunications. Il a également évoqué l'implication possible d'acteurs internationaux : « Deux commandants des forces ayant attaqué le camp de Tikbali revenaient tout juste d'une visite officielle à Washington. Est-ce une coïncidence ? Les jours à venir nous le diront », affirme-t-il, tout en rappelant que certaines ambassades avaient récemment recommandé à leurs ressortissants de quitter Tripoli, ce qui pourrait indiquer une coordination internationale en lien avec les récents événements. Par ailleurs, Ghazi Moalla a confirmé que les affrontements ont cessé depuis environ trois à quatre heures, selon ses dernières sources fiables, et que la capitale connaît actuellement un calme relatif. En conclusion, il estime que ces mouvements s'inscrivent dans un processus plus vaste de réorganisation de la scène politique libyenne, orchestré avec l'appui de la communauté internationale. Des discussions seraient en cours pour la mise en place d'un nouveau gouvernement d'union nationale, capable de réunifier les institutions divisées du pays.