Au cours du mois écoulé, des négociations ont été engagées, réunissant les habitants sinistrés, le bureau régional du Ftdes, avec le délégué de la région, mais aussi en présence du gouverneur de Kairouan. En vain. Fej Rouisset, une localité rurale kairouanaise de 400 familles vivant déjà dans la précarité. S'y sont ajoutés aussi d'autres problèmes relatifs à l'environnement et à l'infrastructure, pesant lourd sur la santé des habitants et la productivité de leurs terres agricoles. Cette situation est due, en grande partie, à une cimenterie périphérique, à quelques encablures des habitations, accusée d'être source de pollution et de nuisance. Qui pollue doit payer, en principe. Mais en vain, rien n'a été fait pour compenser ce préjudice. A défaut d'un arrangement à l'amiable, les habitants ont décidé de recourir à la justice pour porter plainte à l'encontre de l'entreprise en question. Certains d'entre eux se sont déplacés à Tunis pour faire entendre leur voix dans les médias, lors d'une conférence de presse tenue, hier matin, au siège social du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes). Ils y sont venus sous les bons auspices du bureau régional du Ftdes à Kairouan qui se charge de leur dossier, lequel fait partie de sa vocation. Son président, M. Radhouane Fatnassi, a saisi l'occasion pour faire le point de la situation. L'histoire de cette localité, longtemps laissée pour compte, remonte au temps de la dictature, soit deux ans ou presque avant la révolution, date d'installation de ladite cimenterie. Celle-ci, à laquelle s'ajoute la privation des commodités nécessaires, a plongé le village dans un rythme de vie cauchemardesque. Hiver comme en été, l'impact de produire dans la pollution n'est plus à démontrer. Le coût n'est alors que contre-productif, affectant, à plusieurs niveaux, la qualité de la vie de plus de 3 mille habitants. Le constat, tel que rapporté par certains habitants présents, est aussi triste. Il a été le motif de moult mouvements de protestation et de réunions avec les autorités locales et régionales. Au cours du mois écoulé, des négociations ont été engagées, réunissant les habitants sinistrés, le bureau régional du Ftdes, avec le délégué de la région, mais aussi en présence du gouverneur de Kairouan. En vain. L'état des lieux laisse à désirer. Rien n'a changé. Le propriétaire campe sur ses positions, ne voulant même pas prêter oreille attentive aux préoccupations et demandes des plaignants. L'autorité politique dans la région, elle aussi, fait la sourde oreille. L'infrastructure se détériore de plus en plus. Les cultures sont en dégradation, les conduites principales d'eau potable font défaut et l'axe routier desservant la région est complètement occupé par la cimenterie. Les effets polluants, ainsi que les nuisances sonores générées par les procédés aléatoires de production adoptés sont tels que leur impact pèse sur la quiétude des habitants. Pire, le fardeau du chômage a trop aggravé la situation. Une goutte de trop fait déborder le vase. La pression de l'investisseur et la nonchalance des autorités régionales en sont à l'origine. Les habitants n'ont cessé de dénoncer une telle activité industrielle «maudite» qui ne leur a rien rapporté. Sauf plus de pauvreté et de médiocrité. Et le développement ? Aucun indice révélateur d'un investissement porteur. Et l'emploi ? Aucun nouveau recrutement enregistré au sein de la cimenterie, depuis sa fondation il y a cinq ans sur leurs propres terres. Cadre de vie meilleur, environnement propre et postes d‘emploi comme gagne-pain sont autant de demandes ainsi formulées par les habitants eux-mêmes. Le Ftdes de Kairouan joue à la fois le parrain et le porte-voix. Et pour cause, une cinquantaine a déjà signé une pétition là-dessus, demandant l'ouverture immédiate d'enquête judiciaire, la pression sur l'entreprise accusée pour renoncer à l'axe routier qu'elle a occupé, la priorité à l'emploi, le dédommagement des logements affectés par l'activité industrielle et l'approvisionnement de la localité en eau potable. Quand la souffrance de Fej Rouisset prendra-t-elle fin ?