Par Tahar BELKHODJA La visite du Premier ministre à Alger, au Maroc, dans le Golfe, aux USA et à Paris est sans doute l'événement marquant ces derniers temps. Auprès de ces amis traditionnels de la Tunisie, il fallait d'abord lever les appréhensions quant au devenir de notre pays qui venait de sortir d'un tourbillon politique bien périlleux. En effet, nous avions vécu un cauchemar entretenu pendant près de 4 ans par l'infantilisme politique, la diatribe partisane et caractérisé par une grave dérive économique et sociale. Le tout aggravé par l'instabilité sécuritaire et la montée du terrorisme. C'était le gouffre. Nous avions mangé notre pain blanc. L'Etat était à la dérive, on contenait difficilement les pressions populaires. Les citoyens ne croyaient plus à rien. Survint la débâcle égyptienne qui sema la panique chez nos dirigeants. Ce fut la fuite en avant. L'enlisement s'ancra davantage et, dans tous les domaines, les assassinats politiques feront le reste. On ne voulait pas battre sa coulpe. Il fallait partir ou s'engloutir. Un gouvernement quasi indépendant prit la relève. Le réveil fut très dur, l'héritage était très lourd. Très vite, il fallait être maître du pavé. Les ministres étaient certes néophytes, mais ils se révélèrent compétents, probes et engagés. La population en fut réconfortée. A l'étranger, les rencontres devraient rétablir les rapports stratégiques adéquats face à la garantie des problèmes sécuritaires et terroristes qui continuaient à nous ronger et à hanter nos partenaires arabes et européens. Le partenariat économique devait être revivifié. En septembre prochain, la Conférence des amis de la Tunisie, qui remplacera le Club d'endettement de Paris, se tiendra à Tunis. Il va falloir s'y préparer sérieusement. A l'intérieur, la tâche s'avéra encore plus ardue. Les chiffres économiques étaient implacables. Nous n'avons plus beaucoup de choix. L'assainissement sera de règle dans tous les domaines. Des coupes sombres et douloureuses sont à décider vite et sans états d'âme. Des audits sérieux sont nécessaires pour configurer les véritables situations. Il est urgent de contenir la pléthore des agents dans les institutions publiques, de comprimer drastiquement les dépenses et d'interdire le laxisme. Il est urgent de procéder à des décisions chocs. La contribution des organisations nationales, notamment de l'Utica et de l'Ugtt, ainsi que l‘engagement de la société civile sont primordiaux. La cacophonie doit cesser à l'ANC et les partis doivent surmonter leur ego et corriger leur incohérence. Le redressement du pays exige des sacrifices que nous devons tous consentir et en toute humilité. Pendant les prochains six mois, il est impérieux de conjuguer tous nos efforts pour sauvegarder l'invulnérabilité du pays. L'idéal serait de redonner espoir à nos concitoyens et de transformer leur morosité en enthousiasme. L'urgence est de mettre en confiance nos investisseurs nationaux et nos partenaires étrangers. Tantôt les prochaines élections vont changer la donne. La Constitution impliquant un régime semi-parlementaire, le pouvoir sera alors l'apanage légitime de la prochaine «Assemblée du peuple». Le gouvernement pourra cesser d'être indépendant et consensuel. Un gouvernement partisan nous fera revenir à la case départ ! On en reparlera.