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Un langage de vérité, reste l'audace de l'action
Jomâa dresse le bilan de ses 100 jours
Publié dans La Presse de Tunisie le 15 - 05 - 2014

Le chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomâa a dressé le bilan de ses 100 jours. On l'attendait sur tous les sujets il n'a pas déçu. Mehdi Jomâa a balayé l'ensemble des sujets, et répondu sans détour à toutes les questions. Parfois non sans humour.
Tout en rappelant que la priorité de son gouvernement est de préparer la dernière phase de la transition démocratique, à savoir les élections, Mehdi Jomâa a assuré que son gouvernement coopère avec l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie). Il rappelle dans ce sens que l'Etat a épongé les dettes de l'ancienne Isie et qu'il fournira l'instance électorale en ressources humaines en mettant à sa disposition un certain nombre de cadres de l'administration publique.
«Il ne serait cependant pas possible de parler d'élections sans sécurité», enchaîne le chef du gouvernement. Tout en reconnaissant que la Tunisie avait d'énormes défis sécuritaires, il estime que la Tunisie est passée de la «phase de réaction aux attaques à celle de l'action». Entendez par là la prévention.
Il annonce ainsi la création d'un «pôle spécialisé» pour lutter contre le terrorisme, qui verra le jour avant la fin de l'année en cours.
«Nous avons décidé la création d'un pôle spécialisé de coordination qui regroupe les forces de sécurité, les juges, et les juges d'instruction, précise-t-il. Nous espérons mettre en place ce pôle avant la fin de l'année 2014».
«La lutte antiterroriste est l'affaire de tous». En disant cela, Mehdi Jomâa lance un appel aux familles pour qu'elles encadrent un peu plus leurs enfants. L'appel est motivé par une réalité qu'il rappelle, les groupes terroristes recrutent les jihadistes à travers la Toile. C'est pourquoi Mehdi Jomâa annonce la création prochaine d'une unité spécialisée dans la traque de ces groupes sur Internet.
Le danger terroriste provient également de nos frontières, qui restent quelque peu poreuses pour le moment.
«Nous coordonnons nos efforts quotidiennement avec la partie algérienne, et nous travaillons pour protéger davantage nos frontières avec la Libye qui vit actuellement une période difficile», indique le chef du gouvernement. Protéger nos frontières revient à combattre la contrebande et le terrorisme qui se ressemblent.
Sur le plan sécuritaire, le message du chef du gouvernement est clair: «Il n'y a pas de place pour le terrorisme ni dans les montagnes reculées ni dans nos villes».
Mehdi Jomâa revient également sur le mandat qui lui a été donné par la feuille de route, dont la dissolution des ligues de protection de la révolution qu'il dit travailler à dissoudre dans le respect de la loi.
«La révolution a un Etat pour la protéger», assure-t-il.
Souvent critiqué sur l'immobilisme de son gouvernement sur le dossier de la révision des nominations au sein de l'administration, Mehdi Jomâa contre-attaque, chiffres à l'appui.
«Nous avons entamé des révisions dans plus de 40 établissements publics et au niveau des secrétaires généraux. Après le mouvement opéré dans le corps des gouverneurs, nous annoncerons prochainement un mouvement dans le corps des délégués», annonce-t-il. Le tout, dans le cadre de ce qu'il appelle «la transition administrative», basée sur la compétence et la neutralité.
Le brûlant dossier économique a également occupé une place importante dans le bilan des 100 jours. «La situation est difficile», ne cesse-t-il de rappeler, pour mieux défendre les réformes douloureuses qu'il entend mettre en place.
«Le deficit de la balance commerciale se creuse. Nous sommes tenus de trouver 3,5 milliards de dinars d'ici la fin de l'année», assène-t-il.
Repenser le modèle économique
Mais en plus des défis à court terme de l'urgence, il y a le stratégique. Le gouvernement Jomâa ambitionne d'entamer des réformes structurelles et de préparer le terrain à une refonte de notre modèle de développement.
«C'est un modèle basé sur la consommation, il faut qu'il devienne basé sur l'investissement». Selon le Premier ministre, ce modèle n'est pas tenable, car il creuse le déficit budgétaire de l'Etat. Ainsi, avec les économies qu'il compte faire, Mehdi Jomâa espère faire baisser ce déficit budgétaire de 1,5 milliard de dinars d'ici la fin de l'année 2014.
Pour pouvoir réformer, le gouvernement compte sur un dialogue national économique durable, auquel participeront tous les acteurs politiques, même si, il le dit: «on ne pourra pas accueillir tout le monde».
Les économies, le chef du gouvernement compte aller les chercher dans l'administration, avec sa mesure phare de supprimer les bons d'essence pour les cadres et de les remplacer par des primes. Pour alléger les charges sur les établissements publics, Mehdi Jomâa prévient: «Il n'y aura pas de recrutement dans la fonction publique, sauf pour les écoles spécialisées».
Il compte également aller les chercher dans la Caisse de compensation, qui, selon des études, ne bénéficierait pas qu'aux familles nécessiteuses. Il rassure cependant : «La rationalisation de la Caisse de compensation, ne signifie pas la suppression totale des subventions mais le ciblage de celles-ci».
Son idée est simple, il faut faire parvenir la subvention directement à ceux qui en ont besoin.
«Nous travaillons à l'élaboration d'un identifiant unique, qui nous permettrait de connaître la situation de chaque Tunisien pour que la compensation soit directe et non pas à travers des produits subventionnés», fait-il savoir.
Pour le reste du «cash» dont l'Etat a besoin, le gouvernement Mehdi Jomâa espère collecter 500 millions de dinars à travers l'emprunt national, lancé en début de semaine.
Le chef du gouvernement plaide en outre pour une réforme fiscale. Sa cible: le régime forfaitaire, qu'il compte réviser «en coordination avec les parties prenantes».
Les réformes annoncées ne s'arrêtent pas là. Selon Mehdi Jomâa, le secteur bancaire doit être révisé. Il ne dit pas comment, mais il estime que «le système financier actuel ne nous permet pas de réaliser nos objectifs».
Responsabilité et prospective
«La crise économique est structurelle. Il ne faut pas s'arrêter à 2014 mais inscrire l'action dans une démarche prospective. La responsabilité est de s'attaquer dès maintenant aux problèmes structurels». D'ailleurs, insiste Mehdi Jomâa, le dialogue national économique devrait continuer car il s'agit non moins de repenser notre modèle de développement. Celui-ci a, jusque ces derniers temps, favorisé une croissance tirée par la consommation. Il faudrait qu'à l'avenir, la croissance soit essentiellement tirée par l'investissement. C'est en redynamisant l'investissement, en consacrant la valeur travail et en améliorant constamment la productivité que l'on pourra contenir l'inflation dans des limites tolérables et que l'on pourra protéger et améliorer le pouvoir d'achat.
Les grandes réformes détaillées par Mehdi Jomâa dans les domaines économique et financier ne s'opéreront pas aux dépens de la dimension sociale de l'action gouvernementale.
Ainsi, le chef du gouvernement est-il revenu à l'institution du Conseil national du dialogue social et à l'engagement à préserver «les relations de communication et de dialogue avec l'Ugtt».
Outre l'augmentation, dans les prochains jours, du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), Jomâa a précisé qu'«il existe actuellement trente-trois conventions signées avec l'Ugtt. Elles seront activées prochainement».
La montée vertigineuse des prix est une réalité que nul ne peut contester ou ignorer, d'où la nécessité d'œuvrer à renforcer le pouvoir d'achat du citoyen. Mehdi Jomâa en est totalement conscient.
«Cependant, soutient-il, rien ne peut être entrepris dans ce domaine sans que l'on soit convaincu qu'il est impératif d'augmenter la production et d'améliorer la productivité». «Pas de croissance sans production, l'augmentation des salaires en dehors de l'amélioration de la productivité de nos entreprises ne peut aboutir qu'à l'aggravation de l'inflation que nous avons réussi à maintenir à 5,2% en 2014 contre 6,4% l'année passée», conclut le chef du gouvernement.
Le prix de la désinformation
Aux questions des journalistes qui ont tourné autour des principaux thèmes d'actualité, Mehdi Jomâa a opposé un discours de sincérité et de franchise».
«Ainsi, beaucoup de flou entoure le dossier de l'énergie. Pourtant, le code des hydrocarbures fixe tout sur les conventions de cession des permis d'exploration de pétrole aux compagnies étrangères. Malheureusement, beaucoup de contre-vérités sont étalées dans les médias et pourtant nous sommes, au gouvernement, disposés à tout dire.
Le résultat est là : pour la première fois dans notre histoire, aucun puits de pétrole n'a été exploré en 2014. Et aujourd'hui, nous produisons moins de 60.000 barils de pétrole par jour. Et c'est bien le prix de la désinformation que nous sommes obligés de payer», souligne-t-il.
Qu'en est-il de la révision des nominations conformément à la feuille de route du Dialogue national, de la résolution de la question des hommes d'affaires interdits de voyage, de la situation au sein du ministère de l'Intérieur, de la réalité de la situation économique héritée des deux gouvernements de la Troïka I et de la Troïka II, etc ?
Les réponses de Mehdi Jomâa ont allié la franchise et la transparence à un sens poussé de la responsabilité. «Personne n'a jamais exercé une quelconque pression sur moi pour désigner ou écarter un haut cadre au ministère de l'Intérieur. Nous ne travaillons pas sur la base des rumeurs. Un seul critère guide notre action en matière de nominations. Il s'agit de la compétence et de la probité.
Quant aux hommes d'affaires interdits de voyage, ils ne sont plus qu'une cinquantaine et c'est à la justice que revient le dernier mot pour trancher leurs affaires. Le gouvernement n'interviendra jamais dans les affaires de la justice», explique Mehdi Jomâa.
«Nous avons soumis, ajoute-t-il, dès les premiers jours de l'entrée en fonction de notre gouvernement, un document aux partis politiques. Dans ce document, nous avons dressé un audit de la réalité de la situation économique du pays depuis 2010 jusqu'à nos jours. Tous les indicateurs y sont exposés en détail».
A la question de savoir s'il va rester à la tête du gouvernement après les élections, comme le laissent entendre certains partis politiques, Mehdi Jomâa est clair et précis : «Je suis là jusqu'à fin 2014 et je n'ai aucunement l'intention de rester à La Kasbah une fois les élections terminées».


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