Faible présence du public et protestation des chômeurs qui reprochent à l'ANC d'avoir dévié des objectifs de la révolution Absentéisme de certains élus des régions, faible présence du public et protestation des chômeurs, tels sont les événements saillants qui ont marqué, hier, les réunions dédiées à la présentation du contenu de la nouvelle Constitution, dans les régions de Siliana, Gafsa, Zaghouan et Béja, à l'initiative de l'ANC. A Siliana, la réunion consacrée à la présentation de la nouvelle Constitution s'est déroulée en l'absence des élus de la région et des représentants de la société civile. Une vingtaine de personnes ont assisté à la rencontre, a constaté le correspondant de l'agence TAP dans la région. Le député Mabrouk Hrizi a souligné dans son intervention que les principes énoncés dans la nouvelle Constitution rompent avec le passé et ouvrent de nouvelles perspectives permettant de renforcer les valeurs de la révolution. Les présents se sont interrogés sur les libertés de culte et de conscience, la neutralité des mosquées et les conditions de candidature à la présidence de la République, notamment en ce qui concerne la double nationalité. Ils ont demandé aussi des explications concernant la justice fiscale et son impact sur l'égalité sociale, mettant l'accent sur l'obligation d'instaurer des lois répressives pour prévenir la corruption et préserver l'économie nationale. Ils ont attiré l'attention sur des « exactions » commises par les autorités dont la torture, les agressions, les arrestations et le non-respect de la dignité humaine. Les intervenants ont évoqué, en outre, l'usage de la chevrotine contre les manifestants durant les événements à Siliana, fin 2012, réclamant l'inscription du dossier des blessés dans le processus de justice transitionnelle et la désignation des responsables. Quant à la réunion tenue à Gafsa, elle a commencé après un retard d'environ deux heures suite à un mouvement de protestation observé par des chômeurs dans la région qui ont exprimé leur colère du fait que l'ANC ignorait les problèmes de la région. Des jeunes sans emploi ont demandé le départ des élus présents et la dissolution de l'ANC en raison « de la déviation de l'ANC et du gouvernement » des objectifs de la révolution, selon leurs termes. D'autre protestataires ont exprimé leur refus de la nouvelle Constitution, considérant qu'une constitution qui ne criminalise pas la normalisation avec le sionisme et ne faisant pas l'objet d'un référendum ne pouvait pas les représenter. Les élus de la région (5 élus) qui ont assisté à cette réunion ont montré leur compréhension vis-à-vis des revendications des protestataires et leur disposition à discuter de tous les sujets aux plans régional et national. Organisée à l'Institut supérieur des études technologiques, la réunion dans la région de Zaghouan a enregistré une faible présence du public. Certains intervenants ont considéré que la nouvelle Constitution a été élaborée « sous les pressions étrangères » et « pour satisfaire des intérêts politiques étriqués », alors que d'autres ont souligné que l'importance de cette constitution réside dans son application et la mise en vigueur de ses différentes clauses, insistant, dans ce sens, sur le rôle des structures judiciaires et des instances constitutionnelles. D'autre part, la police est intervenue, samedi, à Béja, pour mettre fin à des altercations survenues entre les participants à une réunion destinée à présenter la nouvelle Constitution. La réunion a été marquée par de grandes tensions et des échanges d'accusations violents. Les participants protestaient contre « l'absence » des représentants du gouvernorat de Béja de l'Assemblée nationale constituante à qui ils ont notamment reproché de « négliger les problèmes de la région ». L'union des diplômés chômeurs protestait, pour sa part, contre la marginalisation de la question de l'emploi dans la Constitution, alors que des associations et des partis politiques ont appelé à fixer la date des prochaines élections et à accélérer la mise en œuvre du volet relatif à l'autorité locale. Chokri Kastalli, élu de l'ANC représentant Béja, a abordé la question des obstacles à l'investissement dans la région, soulignant que le retard accusé dans la mise à jour du Code territorial a entravé le lancement de plusieurs projets, dans le secteur du tourisme notamment. L'élue Nabila Askri a pour sa part expliqué que l'amélioration de l'infrastructure et la mise en service de l'autoroute permettront d'attirer les investisseurs et de promouvoir l'emploi et le développement.