L'esthétique du banal : 50 artistes plasticiens exposent leurs œuvres... Une initiative de l'association ArtCom, qui engage une réflexion sur le rapport entre art et quotidienneté. De la peinture aux installations, en passant par les créations graphiques, la photographie et la mise en scène de toutes sortes d'objets plus ou moins ordinaires, «l'esthétique du banal» est une exposition originale et inédite regroupant les travaux récents de 50 artistes-peintres, tunisiens et étrangers, et donne à voir un panel varié des différentes tendances de l'art contemporain. D'après les organisateurs, l'objectif de ce travail est de réfléchir sur la question de savoir comment, au XXIe siècle, les pratiques issues de la «quotidienneté» ont contribué à l'émergence de ce qui est qualifié d'«esthétique du banal». Ce phénomène, qui a débuté avec Marcel Duchamp, puis avec le mouvement dadaïste, a pris toute son ampleur dans l'art contemporain. A travers leurs œuvres, tout en ayant des regards opposés, les artistes donnent leurs définitions personnelles du «banal» tout en impliquant des dimensions historiques, esthétiques et «poétiques». Les artistes nous imposent ainsi de garder les pieds sur terre. Les tonalités sont celles qui colorent notre environnement habituel ; les thèmes sont ceux qui animent notre compagnie ordinaire. Pourtant, par la fougue de leur art, ils nous font quitter notre quotidien. Les pieds sont sur terre, mais la tête est déjà dans les nuages. Salle après salle, on étale de manière tout à fait inédite un grand nombre de thématiques diverses, telles que l'espace géométrique, la défiguration, le chaos, le monochrome, le conceptualisme, la transparence, l'aléatoire, le miroir/l'entropie, le primitivisme/l'archaïsme, la subversion, etc. Tous ces travaux s'essaient donc à une relecture attentive de la culture en sa totalité, afin de valoriser l'importance qu'a l'idée de la création d'une œuvre qui donne au réel une dimension surréelle. C'est également oser mettre en scène le «banal» représenté par un objet quotidien et en tirer un côté extravagant et esthétique. En effet, la notion même de quelques disciplines et leurs techniques habituelles liées aux matériaux nobles se trouve bouleversée par le choix de matériaux inédits : chiffons, stylos, crayons de couleurs, brosses, mèches de cheveux, pinces à linge, briques, tissus, ustensiles, poudre, sable, liquides, plâtre, miroirs, fils, boutons, etc. Le banal, d'après Imen Mansouri, réalisatrice d'une œuvre intitulée «calendrier», «pourrait être... un passage aussi simple que complexe d'un objet appartenant à un champ commun et partagé par tout le monde dans un quotidien commun, dans un autre champ sur lequel la transformation, dans sa signification et dans son sens en tant que banal, qui s'oppose au sens de l'intéressant, peut aboutir à de nouvelles valeurs culturelles.» L'exposition a le mérite de produire ,également, un catalogue qui reconnaît mieux les possibles dimensions esthétiques et conceptuelles du «banal» et pose des questions incisives et profondes à propos de la valeur de l'Art, sa fonction opérante au sein du milieu social, culturel et philosophique. A découvrir jusqu'au 6 juin prochain.