L'attaque terroriste contre le domicile du ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou à Kasserine, mercredi dernier, continue à faire des vagues. Entre les théories du complot qui pullulent sur le Net, les ondes et les plateaux de télé et l'exigence d'une stratégie nationale globale de lutte contre le terrorisme, nous avons donné la parole à des députés de l'ANC qui évoquent ici leur condamnation du fléau du terrorisme ainsi que leur volonté manifeste d'examiner et de voter des lois antiterrorisme. La parole, donc, à Mongi Rahoui du Mouvement des patriotes démocrates, Mahmoud Baroudi de l'Alliance démocratique et Mourad Amdouni, porte-parole du Courant populaire. Mongi Rahoui (MPD) : «La loi antiterrorisme, une obligation» «Nous avons déjà entamé, mercredi dernier, la discussion, au sein de la commission de législation générale, du projet de loi de la création d'un pôle pour la lutte contre le terrorisme, ainsi que la protection des forces de sécurité dans le but urgent de leur fournir les outils et les dispositions nécessaires pour accomplir leur mission du mieux possible. Il est vrai que si l'ANC a pris du retard pour examiner et discuter cette loi, c'est parce que le bureau de l'ANC ignore quelles sont les priorités urgentes. Mais l'important dans l'esprit de la loi, c'est qu'elle contribue à asseoir le système démocratique à travers les structures, l'administration et les institutions. D'où l'importance de bâtir les institutions sécuritaire sur la base de la compétence, de l'indépendance, loin des ordres et des consignes verticales, et du respect de la loi et des institutions. Voilà ce qui s'impose dans le cadre de la lutte contre le terrorisme qui n'a pas de place dans l'Etat civil et démocratique que nous voulons construire. Examiner et voter la loi antiterrorisme est donc une obligation. Car quand nous avons dégagé Ben Ali, on ne savait pas que des hordes terroristes séviraient un jour sous nos cieux de manière aussi traîtresse et lâche. Mais la chute de Ben Ali, la dissolution du RCD et la liberté arrachée et conquise demeureront ce rêve réalisé malgré le cauchemar de ces bandes terroristes et de «takfiri» qui n'ont rien à voir avec la religion musulmane. Nous poursuivrons, donc, la lutte pour une Tunisie nouvelle et nous n'avons devant nous qu'une seule voie et qu'un seul but : vaincre le terrorisme afin de construire la Tunisie moderne et démocratique». Mahmoud Baroudi (Alliance démocratique) : «Tout le monde doit assumer ses responsabilités» «Notre parti condamne fermement la dernière attaque terroriste et toutes celles qui l'ont précédée. Notre position est claire : tout le monde doit assumer ses responsabilité et se mobiliser contre le terrorisme, car nous sommes dans une guerre longue et dure, d'où la nécessité de l'union et de la solidarité de tous les Tunisiens face à ce phénomène dangereux. Les Tunisiens doivent prendre les choses en main dans un élan de citoyenneté et dans un esprits de vigilance. D'autre part, le gouvernement doit prendre et assumer ses responsabilités. Quant à la théorie du complot, notre parti n'entre pas dans ces considérations, mais je pense fermement que la lenteur, reprochée aux forces de sécurité est due essentiellement à un manque certain de moyens et de logistiques. Nous attendons, enfin, que le projet de loi antiterrorisme soit soumis à la plénière. Le bureau de l'ANC doit, à cet effet, prendre ses responsabilités afin que ce projet soit discuté et voté». Mourad Amdouni (porte-parole du Courant populaire) : «Juger sévèrement ceux qui ont diffusé la culture du terrorisme» «La dernière attaque terroriste relève de la stratégie méthodique des terroristes pour frapper les fondements de l'Etat civil dans une tentative d'imposer leur hégémonie sur la scène nationale et de servir leur agenda inavoué. Ces attaques ne visent pas seulement la Tunisie, mais aussi tout le monde arabe. Nous faisons porter la responsabilité aux gouvernements successifs qui ont fait preuve de laxisme dans le traitement de ce fléau et voilà que notre peuple souffre des conséquences de ces actes terroristes qui frappent des symboles politiques, des militaires et des forces de sécurité. Nous considérons que le traitement de ce problème doit être global, d'où la nécessité d'une stratégie claire afin d'ôter ce corps étranger grâce à la culture et à la révision des systèmes éducatif, social et économique. Il est obligatoire de juger sévèrement et énergiquement tous ceux qui portent une responsabilité ou ont contribué à diffuser la culture du terrorisme et de la mort. Toutefois, on constate avec amertume la mutation qualitative de ces opérations terroristes qui répandent la terreur en ciblant le moral de notre peuple à travers l'attaque du domicile du premier responsable de la sécurité et qui, hélas, fait partie des gouvernements qui n'ont commencé à traiter sérieusement ce phénomène qu'après son expansion. Au fait, le Front populaire organise aujourd'hui à 13h00 une manifestation à l'avenue Bourguiba pour appeler à l'élaboration d'une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme. De son côté, le Courant populaire organise cet après-midi à 15h00 à Bizerte une rencontre, en présence du S.G. Zouhaïr Hamdi et Mbarka Brahmi, épouse du martyr Mohamed Brahmi, qui traitera entre autres du problème du terrorisme».