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Les experts restent sceptiques
Radioscopie géopolitique de la situation en Libye et son impact sur la Tunisie
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 06 - 2014

La sécurité de la Tunisie passera par une reconfiguration de l'armée tunisienne et surtout la révision de la structure du renseignement symbolisée par les quatre «R» : renseignement, rééquipement, réforme de la police, de la justice et de l'armée
et reconstruction de l'armée, selon un expert
Hannibal Strategic Institute a organisé hier à Tunis une table ronde intitulée : « Lecture géopolitique de la situation en Libye et des relations tuniso-libyennes », en présence de plusieurs experts et universitaires spécialistes du dossier libyen.
Lors de son allocution d'ouverture, M. Khaled Fourati, président de l'Institut hôte de l'événement, a tenu à préciser que son organisation accorde beaucoup d'importance aux rebondissements qu'a connus la Libye ces dernières semaines ainsi qu'à la crise que traverse la transition démocratique dans ce grand pays voisin. Il a aussi mentionné que son institut prévoit d'organiser d'autres rencontres de ce genre pour apporter plus d'éclairages sur ce qui se passe en Libye.
« Ce qui se passe en Libye peut avoir des répercussions directes sur la Tunisie. C'est dans cette optique que nous avons programmé cette rencontre pour proposer une lecture géopolitique de la situation dans ce pays et mieux comprendre les relations tuniso-libyennes», a-t-il déclaré.
De son côté, Alaya Allani, spécialiste des mouvements islamiques, a présenté une radioscopie détaillée du paysage tribal, religieux et politique en Libye et du conflit qui oppose les libéraux et les islamistes en se basant sur des études et des témoignages récoltés au pays d'Omar Mokhtar.
Nouveau triangle d'Al-Qaïda
Selon le Pr Allani, depuis l'arrivée des islamistes au pouvoir en Libye post-17 février 2011, trois groupements politiques dominent le Congrès général national composé de 186 élus (après l'adoption de la loi d'exclusion politique qui a poussé 14 élus à quitter l'hémicycle libyen): le groupement « Wafa », composé essentiellement des Frères musulmans et de courants salafistes jihadistes, et le groupement de l'Alliance nationale de Mahmoud Jebril.
D'autre part, toujours selon le Pr Alaya Allani, avec la prolifération des armes, des milices et le débarquement de plusieurs groupes terroristes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en provenance du Sahel, un courant extrémiste prônant le jihad comme doctrine a pris naissance, surtout avec la mise en place de camps d'entraînement des jihadistes en partance pour la Syrie.
« Ces courants jihadistes ont été soutenus par l'actuel gouvernement libyen, a fait savoir l'historien tunisien. Tous ces facteurs ont, en effet, contribué à l'émergence d'un terrorisme dur que les experts qualifient de « terrible ». Cette nouvelle phase de terrorisme a coïncidé avec les faiblesses de l'Etat libyen et de ses institutions et surtout avec le déplacement des bases d'Al-Qaïda du nord du Mali vers la Libye».
Un nouveau « triangle jihadiste » a été mis en place dans la région depuis le déclenchement du Printemps arabe sous le parrainage d'Ayman al-Zawahiri (d'Al-Qaïda mère) et Abdelmalek Droukdel (Aqmi). Ce triangle lie la Libye, l'Algérie et la Tunisie en remplacement de l'ancien triangle qui connectait le Nord du Mali au Sahara algérien et à la Mauritanie.
« Al-Qaïda, que ce soit à l'échelle régionale ou centrale, a misé, matériellement et logistiquement, pour pérenniser ce triangle et le renforcer dans le but de faire perdurer la précarité sécuritaire de la région », a-t-il ajouté.
80% des habitants de Benghazi soutiennent Haftar
Pour ce qui est de l'influence tribale sur le paysage politique libyen, le Pr Allani a précisé que contrairement à ce que pensent la majorité des observateurs, la présence tribale et son influence diffèrent d'une région à une autre. Par exemple, une ville comme Benghazi subit l'influence tribale des Aâbidates, Baraïssa et des Ouerfellah, alors que des villes comme Tripoli subissent l'influence des localités qui les composent.
Quant à l'action militaire, «la bataille de la dignité», menée par le général retraité Khalifa Haftar, le Pr Allani précise que ce dernier est soutenur par plusieurs tribus de la Cyrénaïque à l'Est.
« Khalifa Haftar a pu rallier à sa cause les tribus de l'Est, Aâbidates, Ouerfellahs er Ouerchfana. Selon les derniers rapports, à peu près 80% des habitants de Benghazi soutiennent Haftar et entre 55 et 60% des habitants de Tripoli sont aussi de son côté. D'ailleurs, plusieurs experts disent que celui qui acquiert Tripoli et Benghazi peut régner sur la Libye. Rappelons que de nature, les Tripolitains sont à majorité contre le terrorisme, selon des témoignages que j'ai recueillis sur place», a-t-il renchéri.
Enfin, le Pr Allani pense que la ville de Mesrata et ses brigades vont sans aucun doute avoir un rôle déterminant dans la « Bataille de la dignité » et que le général Haftar mise beaucoup sur le ralliement des combattants de Mesrata même si plusieurs brigades de cette ville ont des connexions avec les Frères musulmans.
Côté tunisien, Tawfik Bourgou, professeur universitaire de sciences politiques à Lyon (France) et expert en sécurité globale, qui s'est exprimé via une visioconférence par Skype, pense que la Tunisie devrait changer de stratégie sécuritaire dans sa lutte contre la contrebande et le terrorisme en provenance des frontières algérienne et surtout libyenne.
« La Tunisie, pour la première fois de son histoire, se trouve tirée ou d'une certaine façon atteinte par ce qui peut se passer au sud de ses frontières et à l'Est sans pour autant être partie prenante. Ce qui se joue dans ce triangle déjà cité par l'un des experts peut avoir de graves incidences sur le pays. Ainsi la lecture géopolitique de la situation en Libye se résume en une seule phrase : problème sécuritaire dû à une ingérence extérieure, en l'occurrence le jeu du Qatar et derrière ce pays il y en a d'autres», a-t-il souligné.
Selon le Pr Bourgou, la majeure partie de notre frontière sud avec la Libye est d'une « complexité à la fois géographique et géophysique » sans oublier la « complexité humaine des autochtones, ce qui nécessite une large mobilisation de la douane, de la police urbaine et de la garde nationale pour lutter contre la contrebande et le crime organisé et de l'armée face à l'ogre du terrorisme qui menace davantage notre pays avec l'affaissement sécuritaire sur nos frontières.
« Il va falloir en quelque sorte revoir notre politique de défense à l'aune de ce qui se passe autour de nous. Le monde n'est pas un monde certain et autour de nous les choses ne sont pas si certaines. Notre doctrine stratégique doit se centrer essentiellement, aujourd'hui, sur la défense des frontières », a-t-il précisé.
Incompétences, inconséquences et complaisances
Enfin, le Pr Bourgou croit que la sécurité nationale de la Tunisie passera par une reconfiguration de l'armée tunisienne. Selon lui, nous avons 35.000 hommes, nous devrions monter à 70.000 hommes. Nous devons aussi augmenter la part des professionnels dans notre armée, c'est-à-dire de passer de 5.500 à 10.000 âmes. Et surtout revoir la structure du renseignement symbolisée par les quatre « R » : renseignement, rééquipement, réforme de la police, de la justice et de l'armée et reconstruction de l'armée.
« Il n'est pas normal que nous ayons eu à combattre dans une zone comme le mont Chaâmbi avec peu d'armements et de moyens. Enfin, c'est la décision politique qui nous a fait défaut au cours de cette période trouble, ce que j'appelle le triptyque des erreurs politiques qui ont été commises entre l'élection de l'Assemblée constituante et l'arrivée du gouvernement Jomâa : les incompétences, les inconséquences et les complaisances. Les incompétences, on ne démet pas un général et chef d'état major de l'armée de l'air en pleine bataille de Chaâmbi et on le remplace pour des raisons loufoques. Les inconséquences, c'est de s'ingérer dans les affaires syriennes et de remonter les bretelles à l'Egypte qui va revenir dans le jeu politique régional et j'espère que ça ne va pas nous coûter cher. Les complaisances se résument dans le traitement des politiques avec des groupuscules et groupes armés financés par des associations religieuses, elles mêmes financées par des pays du Golfe», a-t-il conclu.


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