Révélée samedi, l'audition de Jean-Pierre Escalettes et de Raymond Domenech par la Commission des affaires culturelles et de l'éducation présidée par Mme Michèle Tabarot, n'a pas franchement de quoi faire soulever les foules. Les deux hommes ont ainsi pointé le manque d'éducation des joueurs majeurs des Bleus pour expliquer le dimanche noir qu'a vécu la France en voyant les joueurs refuser de s'entraîner. Le président a en revanche assumé sa part de responsabilité. Et Escalettes de demander la révision d'un modèle associatif qui a, selon lui, perdu de son efficacité. Raymond Domenech a été en revanche beaucoup plus effacé. Le rapport de la Commission des affaires culturelles et de l'éducation est donc tombé samedi. Et pour ceux qui espéraient quelques révélations sur la vie de groupe de l'équipe de France en Afrique du Sud ou sur les raisons d'un échec sportif, ils n'en auront pas pour leur argent. Escalettes: "J'ai eu honte" Car, comme l'expliquait la présidente Mme Michèle Tabarot pour justifier la présence du président de la Fédération française de football et de son sélectionneur devant ladite commission: "Ce ne sont pas les résultats qui nous inquiètent. Nous savons tous que la défaite fait partie intégrante du sport. Il est des défaites honorables, voire glorieuses. Mais l'échec de l'équipe de France dans cette Coupe du monde laisse un goût amer. L'image de la France a été ternie par le comportement, parfois indigne, de certains joueurs et de certains membres de l'encadrement." Lors de leur audition, Jean-Pierre Escalettes et Raymond Domenech ont donc surtout évoqué leur part de responsabilité dans cet échec et essayé de donner quelques pistes pour améliorer la situation dans un futur proche. Le président a évidemment été le premier à prendre la parole pour faire comprendre à quel point il avait été touché par l'attitude des joueurs. "Ceux qui me connaissent savent que j'ai vécu en Afrique du Sud les plus mauvais moments de mon parcours de président de la FFF. Mais j'ai eu honte de certains comportements dans ce qu'il faut bien appeler le bus de la honte et je me suis immédiatement rendu compte du mal fait au pays tout entier, et pas seulement au football", indiquait-il pour ses premiers mots devant l'assemblée de parlementaires. "Notre magnifique pays a pris ce jour-là une gifle qu'il ne méritait pas. Il n'est pas facile, à 75 ans, de voir s'écrouler en un après-midi, par le comportement irresponsable d'enfants gâtés, pourris, tout ce en quoi vous avez cru et croyez encore." "Des enfants gâtés et irresponsables" Et si le président note également que "c'est avec la même gouvernance que nous avons gagné la Coupe du monde 1998, l'Euro 2000 et participé à la finale de la Coupe du monde 2006", celui-ci attend des modifications en profondeur de la FFF. "Monsieur Copé, je pense que le modèle associatif pur est dépassé pour une fédération de la taille de la FFF. Il reste que, pour avoir une fédération à la fois plus réactive et plus efficace, il faut modifier le système." Mais pour en revenir à la fronde des joueurs évoluant sous le maillot frappé du coq, Jean-Pierre Escalettes estime que le manque d'éducation en est la cause première. "Peut-être nos joueurs sont-ils trop protégés, maternés, « coucounés », mais c'est ainsi", note-t-il, avant de développer: "Et dans cet autobus de la honte où j'ai dû monter, je me suis heurté à un mur. Pourquoi? Je n'en sais rien. Mon expérience d'enseignant date certes d'un autre siècle mais je dois avouer que jamais, tout au long de ma carrière, où il m'est pourtant arrivé d'avoir à convaincre des élèves, jamais je n'ai été confronté à pareil comportement. Malgré mes 75 ans, mes cinquante années d'expérience de dirigeant dans le football, malgré tout ce que j'ai pu dire, rien n'y a fait. J'avais en face de moi des enfants gâtés et irresponsables." "L'Equipe s'est livré à de la désinformation" Moins bavard que son président, Raymond Domenech s'est également réfugié devant ce manque d'éducation pour expliquer les raisons de cette déroute sud-africaine. "Pour eux, les injures font partie de leur quotidien, c'est là un problème d'éducation", a-t-il justifié, rappelant que les joueurs n'avaient pas forcément été éduqués lors de leur passage dans les centres de préformation. Réfutant une perte de pouvoir, "je m'élève en faux contre l'idée que je n'aurais pas assumé l'autorité qui me revenait. Je l'ai assumée jusqu'au bout. Ce qui s'est passé ce jour-là est inexplicable", Raymond Domenech s'en est aussi pris au quotidien L'Equipe qui avait mis en une des propos insultants de Nicolas Anelka à son encontre. "Tout cela, c'est la vie du vestiaire, et cela aurait dû rester la vie du vestiaire. Si les joueurs n'avaient pas commis cet acte irréparable le dimanche, on ferait aujourd'hui le procès de la presse. Sans les insultes rapportées en une de L'Equipe le samedi, fausses, soit dit au passage, il ne se serait pas passé tout ce qui s'est passé. C'est cette une qui a mis le feu aux poudres. Un quotidien sportif a outrepassé sa mission d'information, se livrant même à de la désinformation. Là-dessus, j'étais solidaire des joueurs." Le prochain Conseil fédéral pourra peut-être s'appuyer sur cette audition pour ressusciter l'équipe de France sous l'ère Laurent Blanc.