Jugé «inéluctable» par Roselyne Bachelot, la ministre des Sports, le départ de Jean-Pierre Escalettes est désormais acté. Vendredi, lors du conseil fédéral extraordinaire qu'il a lui-même convoqué, le président de la Fédération française de football remettra sa démission, une décision attendue deux ans avant le terme de son mandat Le natif de Béziers avait tranché avant le Mondial : en cas de déroute des Bleus, il s'en irait. Il n'imaginait évidemment pas que l'équipe de France tomberait si bas ni qu'elle ferait la grève de l'entraînement. Les derniers événements ont achevé de le convaincre. Ses proches espèrent encore le faire changer d'avis. Jacques Léger, l'un des six vice-présidents de l'instance du boulevard de Grenelle, est en colère : «J'espère que le conseil fédéral le fera revenir sur sa décision. Il s'est appuyé sur les avis éclairés de Platini, Houllier et Jacquet pour maintenir Domenech. Quand on a des conseils comme ça, on est obligé de les suivre. Si à chaque fois que l'on se trompe, chez les patrons ou les politiques, on démissionnait, il n'y aurait plus de dirigeants en France!» La situation de Jean-Pierre Escalettes était évidemment intenable depuis le désastre sud-africain. Signe de la rupture totale entre le dirigeant et les internationaux, cette réaction, sous couvert d'anonymat bien sûr, enregistrée par l'un des mutins à qui l'on a appris l'information : «C'est la seule bonne nouvelle du mois de juin ! Escalettes a très mal géré le cas Anelka. Il n'avait plus notre confiance. C'est mieux qu'il s'en aille. C'est un début idéal pour la reconstruction de l'équipe de France.» Depuis son élection en 2005, Escalettes et son équipe avaient pourtant redressé les finances de la fédération tombées dans le rouge sous la présidence de Claude Simonet, pérennisé les recettes des sponsors jusqu'en 2014 malgré la crise économique, obtenu un contrat d'équipementier record avec Nike qui fait de la tunique bleue la plus chère au monde, un exploit compte tenu des résultats et enfin obtenu l'organisation de l'Euro 2016 grâce à un efficace lobbying et un oral brillant le jour J. «Il a toujours été honnête et au service du football", confie Bernard Desumer, le trésorier de la FFF, souvent cité comme un successeur possible d'Escalettes. "Il y a un échec patent de l'équipe de France, qui est la vitrine, mais il ne faut pas oublier tout ce qu'il a accompli.» Un président de la FFF est toujours jugé sur la vitrine, c'est comme ça. C'est d'ailleurs le sens des auditions menées par les députés de la Commission des affaires culturelles et de l'éducation. Escalettes passe aujourd'hui.