Les Tunisiens encore indécis ou boycottant l'opération inscription sur les listes électorales auront encore une semaine pour s'incrire et éviter de répondre absent le 26 octobre et le 23 novembre prochains Finalement, les partis politiques se sont rendus à l'évidence et ont accepté le principe du prolongement des délais d'inscription sur les listes électorales. Face au fiasco enregistré par l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) qui n'est arrivée au bout d'un mois (23 juin-22 juillet 2014) à motiver que quelque 500.000 électeurs sur les trois millions cinq mille qui ne se sont pas inscrits lors des élections du 23 octobre 2011. Et le Dialogue national de prendre les choses en main pour pousser les partis politiques à laisser, de côté, leurs dissensions, leurs agendas partisans et les ambitions personnelles de leurs leaders pour sauver ce qui peut être encore sauvé, en ce moment particulier que traverse la Tunisie où certains sont allés jusqu'à proposer le report pur et simple des élections. Reste à savoir maintenant : de combien de jours profiteront les indécis ou les récalcitrants pour rattraper le temps perdu et courir s'inscrire sur les listes électorales dans l'espoir de faire grossir ou élargir au maximum le nombre de votants qui choisiront, le 26 octobre prochain, les futurs membres de l'Assemblée des représentants du peuple et le 23 novembre 2014 (premier tour) leur prochain président de la République. Une autre question s'impose : la prorogation des délais d'inscription fera-t-elle chambarder le calendrier électoral déjà fixé par l'Isie et quels sont les partis qui tireront profit de cette décision, surtout que plusieurs parmi ces partis, notamment les plus influents sur la scène politique nationale, continuent à crier leur «attachement au respect du calendrier électoral et leur refus de la modifications des dates des élections», même s'ils ont accepté le prolongement. C'est le cas d'Ennahdha dont le représentant au Dialogue national, Ameur Laârayedh, lance la balle dans le camp de l'Isie sommée «d'imaginer de nouveaux mécanismes qui feront augmenter au maximum le nombre des inscrits, préserveront les dates fixées dans le calendrier électoral et permettront de réunir les meilleures conditions pour l'organisation d'élections transparentes, intègres et démocratiques». Une solution partielle Du côté de Nida Tounès qui a été le premier parti à demander officiellement le prolongement des délais d'inscription, la réaction à l'accord annoncé par le Dialogue national est mi-figue, mi-raisin. «C'est une solution partielle qui amène dans le meilleur des cas, si l'on conserve le rythme d'inscription des deux derniers jours (100.000 enregistrements par jour), un million des électeurs ciblés à s'inscrire. Pour nous, le dernier recours sera l'inscription automatique par le biais de la carte d'identité nationale», estime Lazhar Akremi, membre du comité constitutif du parti nidaiste. «Pour le moment, nous ne savons pas s'il y aura une semaine ou 10 jours de prolongement. Toutefois, nous considérons que nous serons dans les délais prescrits dans le calendrier électoral déjà publié», ajoute-t-il. Notre ambition : 10 ou 15% des voix Ahmed Safi, constituant et membre du Front populaire, estime, pour sa part, que le prolongement des délais d'inscription «n'aura pas d'incidence sur le corps électoral déjà acquis aux deux grands partis, à savoir Ennahdha et Nida Tounès. Ces deux partis n'attendent pas en réalité grand-chose des 500.000 inscrits durant la période initiale de l'opération enregistrement ou de ceux qui viendront s'inscrire dans les sept ou dix jours prochains, même s'ils atteindront le nombre d'un million comme certains le prédisent». «Je suis convaincu, fait-il remarquer, que ce sont plutôt les partis politiques considérés comme de petits partis qui tireront profit du prolongement. C'est le cas du Front populaire appelé à réviser ses programmes, à régler les frictions nées à la faveur de la définition des listes électorales qui défendront ses couleurs et à entreprendre une campagne de sensibilisation intelligente ciblant les indécis et surtout ceux qui se déclarent ouvertement jamais ni pour Ennahdha ni pour Nida Tounès et même les déçus du CPR et d'Ettakatol qui soutiennent que leurs partis ont fait un mauvais choix en faisant partie de la Troïka I et de la Troïka II. En tout état de cause, au Front populaire, nous sommes convaincus que nous pourrions remporter 10 ou 15% du corps électoral. Notre objectif est que le paysage issu des élections du 23 octobre 2011 ne se reproduira pas le 26 octobre 2014». Comment respecter les délais de candidature ? Abdessatar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (Ltdh) et membre du Quartet parrainant le Dialogue national, revient aux appels de certains participants qui veulent que les délais d'inscription aillent jusqu'au 22 août ou au 22 septembre prochain pour se demander : «Dans ce cas, l'on se trouvera devant le problème de respect des délais des candidatures déjà fixés dans le calendrier électoral. Malheureusement, certains avancent des dates sans se rendre compte qu'elles chambardent totalement tout ce qui a été convenu». Quant à la possibilité pour l'Isie de proposer un prolongement de cinq jours ou d'une semaine (d'ici le 29 juillet), il exprime son sentiment que ce sera un premier prolongement «dans la mesure où les prochains jours chevauchant avec les vancances de l'Aïd El Fitr ne permettront pas de parvenir aux résultats escomptés et l'on n'échappera pas sûrement à une nouvelle prorogation».