Par M'hamed JAIBI Ce qu'a fait jusqu'ici le gouvernement Jomâa peut sembler ordinaire ou anodin, mais il a, en fait, ressoudé les rangs autour de l'action gouvernementale et redonné espoir à tous. Il revient maintenant aux forces vives du pays d'agir à inscrire cette démarche consensuelle dans le long terme, afin d'assurer à la Tunisie les conditions d'une réhabilitation pouvant la replacer dans la perspective de renouer avec son image et son attractivité habituelles vis-à-vis des touristes, des investisseurs et des décideurs du monde entier. Avec la formation de l'actuel gouvernement de compétences indépendantes, un frappant retour au modèle et au mode de vie tunisiens s'est fait jour, doublé d'une approche économique et sociale pragmatique et d'une prise en charge appliquée des questions sécuritaires que la dernière attaque de Chaâmbi ne peut, en aucune manière, entamer.. Toute cette entreprise générée par le labeur et la détermination du gouvernement Jomâa contraste, toutefois, avec le peu d'intérêt manifesté par les partis politiques à la mise en place d'une véritable stratégie nationale, forcément unitaire et solidaire, en matière de relance économique et sociale. Car il ne faudrait en aucun cas que les toutes prochaines élections législatives puissent mettre en cause ou même freiner cette nouvelle dynamique de restauration de l'édifice. Le pays a besoin de voir loin, et il est vital que les résultats des élections, tout en apportant la stabilité institutionnelle attendue, ne fassent pas dévier de l'approche consensuelle pragmatique mise en place par le gouvernement Jomâa. Que ce gouvernement parte ou qu'il soit appelé à poursuive sa mission. Et ce besoin vital de voir loin invite à trouver les voies d'une vision unitaire de la reconstruction, qui sache se défaire des a priori d'inspiration idéologique. C'est au Dialogue économique et social qu'il revient de générer cette stratégie, en s'attachant à privilégier l'intérêt global du pays en cette période délicate où il doit reconquérir la confiance et de son peuple et de tous ses partenaires, dans un environnement international de crise, où sévit une forte exacerbation de la concurrence et où la montée du terrorisme reconfigure plus d'un impératif. L'Ugtt et l'Utica semblent bien engagées sur cette voie et l'ont montré en diverses occasions sur le chemin du «contrat social» promis. Restent les partis. Qu'ils soient socialistes, communistes ou libéraux, de gauche, de centre ou de droite, ils savent que la reconstruction exige des sacrifices et des compromis. Et qu'il est urgent de prendre du temps sur la campagne électorale pour établir ce programme consensuel de reconstruction dont le pays a besoin. Quelle que soient la coloration des députés qui sortiront des urnes et les coalitions qu'ils voudront bien former.