La facturation mensuelle est le moyen le plus équitable qui puisse être aussi bien pour le citoyen que pour le prestataire de services. Plus rien ne justifie certaines pratiques qui dégrèvent lourdement le budget du Tunisien, qui n'a plus rien à donner Certaines pratiques jusque-là acceptées par le citoyen ne peuvent plus l'être par ces temps où tout service est rétribué à sa juste valeur. La vérité des prix est en passe de couvrir tous les produits et services. La Steg et la Sonede, entreprises publiques rendant d'éminents services aux Tunisiens, se sont de fait alignées sur la nouvelle règle régissant les rapports entre les citoyens et les prestataires de services, qu'il soient publics ou privés. On ne se fait plus de cadeaux d'un côté comme de l'autre, par conséquent, il n'y a plus de raison pour que la facturation de ces deux prestataires de services ne soient pas mensualisées, dans un pays où tout est mensualisé, à commencer par les salaires, base et référence de nos rapports matériels. De nos jours, une facture réelle de la Steg est un véritable coup de massue, surtout qu'elle est établie tous les quatre mois. C'est une véritable aberration, mais elle est loin d'être innocente. Au contraire, elle est des plus astucieuses de la part de ceux qui l'ont initiée. Pourquoi, dira-t-on, un tel mode de calcul? Eh bien, cela permet de générer davantage de recettes qui peuvent aller du simple au double. Le mode de calcul et de facturation basé sur les paliers fait grimper les sommes à payer à des niveaux exorbitants. Ce système de palier de consommation est la cause principale de l'envolée des factures, notamment au cours de cette année où les prix ont grimpé d'un cran. Augmenter les prix et maintenir en même temps ce système est injuste, pour ne pas dire autre chose de plus virulent. Hausse des prix et système de palier ! Les deux ne peuvent aller ensemble en l'état actuel des choses pour le gaz par exemple et avec la TVA dont le montant suit en augmentation toute hausse du prix de base. Le prix du m3 de ce combustible grimpe de plus de 75% si on dépasse les 100m3 de consommation. Or 100m3 de consommation, surtout en hiver, est l'affaire de tout au plus 15 jours pour un ménage très économe en matière d'énergie. En hiver, cela va sans dire. Mais pendant la saison de basse consommation de gaz, printemps, été et une partie de l'automne, jamais au grand jamais ce palier ne sera atteint sur un mois de consommation. Et c'est de là que vient l'intérêt d'une facturation mensuelle en matière de gaz mais aussi d'électricité, même si pour cette dernière la méthode de calcul diffère par rapport au premier. Le même système de palier est en usage à la Sonede, mais encore plus poussé. La facture pourra facilement quadrupler, voire quintupler selon qu'on passe du premier au troisième palier, en traînant bien sûr dans le sillage la TVA. Signalons que seuls les vingt premiers m3 sont potables. A partir du 21e cela devient difficile à avaler, le prix monte d'un cran. Le prix appliqué pour toute la quantité consommée du premier, du deuxième ou du troisième paliers est celui du dernier, c'est-à-dire le plus élevé. Auparavant, chaque palier était facturé selon son prix! Il faut dire qu'à ce niveau on s'ingénie pour soutirer le maximum du pauvre Tunisien, aujourd'hui saigné à blanc et qu'on continue à déplumer. Bref et pour clore ce chapitre de la Sonede, l'on se doit de relever que sa facture inclut les services de l'Onas avec toujours cette stratification, cette fois-ci dans l'évacuation et non dans la consommation. La même quantité d'eau entrante est considérée abusivement évacuée à travers le réseau de l'Onas, cela se peut pour certaines habitations, mais pour d'autres, cela ne peut se vérifier. Et si on avait un jardin à arroser ou un petit potager à irriguer? C'est une probabilité dont on doit normalement tenir compte. Mais là n'est pas l'essentiel dans ce volet de l'Onas; celui qui l'est, c'est cette double TVA que nous payons : l'eau consommée est taxée, cela se comprend, mais celle évacuée est la même qui est passée par le robinet, pourquoi la taxer de nouveau? Par ailleurs, l'on sait que l'Onas vend une grande partie des eaux usées après traitement aux agriculteurs. Cette eau lui génère de l'argent, qu'on devra logiquement reconvertir en TVA à la place de celle payée par le citoyen! Défendre le consommateur! Devant une telle réalité qui n'obéit à aucune logique, il est du droit du Tunisien, qui n'a pas que la Steg ou la Sonede à payer, d'exiger une vérité dans la facturation. On n'en a cure de ces factures intermédiaires qui ne font qu'alourdir la note avec l'arrivée des réelles. Deux mois, c'est beaucoup; quatre, c'est trop! Un mois suffit et tout le monde trouvera son compte. Ce qui est valable pour la Steg l'est aussi pour la Sonede. Au lieu d'attendre deux ou trois mois, elles auront ainsi de l'argent frais chaque trente jours et le consommateur aura moins de charges à payer. L'Organisation de défense du consommateur devra faire de cela un objectif et son cheval de bataille, elle qui peine à trouver un créneau et à se faire entendre par les parties d'en face. Autour de ce sujet, elle pourra mobiliser les citoyens soucieux de défendre le peu qui leur reste de leur pouvoir d'achat. Elle pourra, s'il le faut, en référer aux pouvoirs publics et même aller encore plus loin pour une cause si juste. Quant à nos deux prestataires de services, il est de leur devoir d'aider pour la mise en place d'un système qui permet d'effectuer les relevés mensuellement ainsi que de pouvoir payer selon la même périodicité. L'argument du manque de personnel ou de moyens ne peut résister à l'épreuve de la réalité, dans la mesure où nous savons qu'avec seulement 70% de leurs effectifs, elles pourront être encore plus efficaces et qu'elles ne manquent nullement de moyens logistiques ni d'outils informatiques. Sinon, une solution alternative est possible : les relevés continueront à se faire selon ce qui est d'usage, mais les calculs se feront en subdivisant la période de consommation en nombre de mois y correspondant. Et cette subdivision devra se faire avant la taxation, sinon, on n'aura rien fait, n'est-ce pas?