Comment éviter l'inévitable? Quarante-huit heures après l'élimination de la Seleçao en quart de finale de la Coupe du monde 2010, la fédération brésilienne a tranché et licencié sans délai le sélectionneur national, Carlos Dunga, et tout son staff. Décrié par une partie de l'opinion publique et par la presse, l'ancien milieu de terrain défensif rend son tablier et six postulants à sa succession attendent déjà dans l'ombre. "Ci-gît Carlos Dunga, sélectionneur brésilien d'août 2006 à juillet 2010", pourrait-on lire sur la tombe footballistique du principal intéressé. Car, dimanche soir, la nouvelle est tombée, implacable: le patron de la Seleçao est licencié et prié de plier bagage, accompagné de l'ensemble de son staff technique. "Avec la fin du cycle du travail entamé en août 2006 et qui a pris fin avec l'élimination du Brésil de la Coupe du monde en Afrique du Sud, la CBF annonce la destitution de la commission technique de l'équipe du Brésil", confirme un communiqué officiel. Que retiendra-t-on donc du passage de Dunga à la tête des quintuples champions du monde? Ses fervents défenseurs se rappelleront évidemment de la Copa America 2007, remportée avec brio après un succès en finale face à l'Argentine (3-0). A cette époque, le natif d'Iljui surfe sur la vague du succès. Les mois suivants seront nettement moins glorieux. Progressivement, la presse brésilienne lui reproche son manque d'ambition dans le jeu et sa propension à faire jouer l'équipe nationale sur un ton défensif. Presque un crime de lèse-majesté au pays des artistes du ballon rond. Trop "européen" pour le Brésil Mais, envers et contre tous, le successeur de Carlos Alberto Parreira continue sur sa lancée, souhaitant avant tout construire une équipe équilibrée plutôt qu'un amalgame d'individualités qui n'avait pas donné grand-chose en 2006, de l'autre côté du Rhin. Milieu de terrain défensif de formation, qui a évolué entre 1987 et 1995 sur le Vieux Continent, majoritairement en Italie (Pise, la Fiorentina, Pescara), Dunga y a appris le football à l'européenne, où la rigueur tactique et la solidité défensive sont bien plus importantes qu'en Amérique du Sud. Alors, au pays, Dunga n'est pas forcément compris. Le fossé se creuse de plus en plus et la Coupe du monde 2010 n'y change rien, malgré des performances plutôt réussies jusqu'à ce quart de finale perdu face aux Pays-Bas (2-1). Tout le monde n'attendait que ça, la chute de Carlos Dunga est arrivée. Le technicien brésilien avait de toute façon annoncé, avant le tournoi sud-africain, qu'il quitterait son poste après le Mondial, a priori pour prendre en mains un club européen. Mais, samedi, le champion du monde 1994 s'était finalement ravisé pour parler d'une éventuelle prolongation. C'était sans compter sur la CBF, qui n'envisage rien de tout cela. Carlos Dunga est donc poussé vers la sortie et son remplaçant sera désigné à la fin du mois de juillet. Réclamé par les aficionados, Luiz Felipe Scolari, l'ancien sélectionneur national du Portugal, ne reprendra pas le flambeau immédiatement puisqu'il s'est engagé récemment avec Palmeiras. Restent donc cinq options distinctes qui mènent vers des personnages plus ou moins connus à travers la planète football: Mano Menezes, Vanderlei Luxemburgo, Muricy Ramalho, Jorginho et Leonardo. Leonardo et Menezes en pôle Menezes, en poste aux Corinthians de Sao Paulo depuis 2008, représente une réelle opportunité, tout comme Leonardo, lui aussi de la campagne victorieuse avec la Seleçao en 1994, finaliste en 1998 et vainqueur de la Copa América 1997 et de la Coupe des confédérations 1997 en tant que joueur. Mis de côté par l'AC Milan, l'ancien Parisien bénéficie d'une grosse cote de popularité auprès des supporters, un élément que prend clairement en compte la fédération au moment d'arrêter son choix. Pour Jorginho, adjoint de Dunga, ce sera plus dur. L'ancien latéral droit ne devrait pas rester plus qu'un simple nom couché sur une liste, à l'image de Vanderlei Luxemburgo, qui avait déjà officié en qualité de sélectionneur national entre 1998 et 2000, sans titre aucun à la clé. Quant à Muricy Ramalho, son CV parle pour lui... Au Brésil, le natif de Sao Paulo a connu pas mal des meilleurs clubs du pays (Sao Paulo, Internacional Porto Alegre, Palmeiras) et a rejoint depuis peu Fluminense. Bon joueur en son temps, Ramalho n'est toutefois jamais parvenu à disputer la moindre phase finale de Coupe du monde, et son manque d'expérience à ce niveau pourrait lui être très préjudiciable. Mais après tout, on peut avoir un passé glorieux crampons aux pieds et avoir guidé l'équipe nationale vers de grands succès tout en ayant porté le brassard de capitaine et ne pas connaître la réussite escomptée. Carlos Dunga en sait quelque chose...