Annoncée, mercredi dernier, la cellule de communication internationale auprès de la présidence du gouvernement suscite déjà des critiques: on crie au retour de la défunte Atce... Justifié ? La défunte Agence tunisienne de communication extérieure (Atce) est-elle de retour près de quatre années après la Révolution de la dignité et de la liberté, dont l'acquis le plus important, de l'avis de tous, est précisément la liberté de la presse et l'épanouissement des journalistes qui n'ont plus besoin de quiconque pour les orienter ou faciliter leurs tâches ? La question s'est posée, hier, à la suite de l'annonce par la présidence du gouvernement de la création d'une cellule de communication internationale qui aura pour mission, comme le précise le communiqué annonçant son lancement, «de promouvoir une nouvelle image de la Tunisie, de sa démocratie naissante, de ses opportunités d'investissement et de son ouverture sur l'économie mondiale et sur les peuples». Et, comme s'il pressentait déjà les critiques, le communiqué ajoute: «La cellule rompra avec le culte de la personnalité et l'appartenance à un système ou à un parti». Quant aux prérogatives attribuées à la cellule, elles consisteront à «fournir l'accueil, l'information, l'orientation et la facilitation de la mission des journalistes tunisiens ou étrangers accrédités en Tunisie». Comment les acteurs du paysage politique, civil et médiatique national, réagissent-ils à la création de cette cellule de communication internationale et quelles garanties mettre en œuvre pour qu'elle ne se transforme pas en une structure d'orientation et de récupération des journalistes comme à l'époque de l'ancienne Atce ? Ça a toujours commencé comme ça Noureddine Ben Ticha, membre du bureau exécutif de Nida Tounès, n'y va pas par quatre chemins pour dire: «Ça a toujours commencé ainsi. C'est bien le retour à la domestication de la presse et à la récupération des journalistes étrangers qui seront suivis par le gouvernement et obéiront à son bon vouloir si par hasard ils acceptent que cette cellule intervienne dans leur mission». «Quant à la promotion de la démocratie naissante, elle n'est pas du ressort du gouvernement Jomâa, qui a une feuille de route à appliquer. Or cette feuille de route ne prévoit pas la création d'organismes de nature à susciter les polémiques. Je pense que le gouvernement a beaucoup d'autres dossiers à régler», conclut-il. Quant à Larbi Chouikha, professeur en communication à l'Institut de presse et des sciences de l'information (Ipsi), il précise : «Tout dépendra de la stratégie de communication que le gouvernement va entreprendre à l'étranger. Toutefois, nous gardons toujours en mémoire l'expérience malheureuse de la défunte Atce que pour rien au monde nous ne souhaitons voir ressuscitée». L'Atce est à jamais enterrée «Non, ce n'est pas le retour de l'Atce, qui est à jamais enterrée», s'insurge Mofdi M'seddi, conseiller de presse du chef du gouvernement. «D'ailleurs, nous n'avons pas de budget spécial consacré à la cellule qui existe déjà. Elle vient tout juste d'être restructurée. Notre intervention sera purement technique. Nous faciliterons les contacts des journalistes étrangers avec les structures de l'Etat et nous n'aurons pas à intervenir dans les orientations ou les choix des journalistes. Quant à ceux qui ont déjà sauté le pas, soutenant que l'Atce est de retour, je leur dis qu'elle est morte à jamais», affirme-t-il. «Oui, la promotion de l'image de la Tunisie à l'étranger a besoin d'être corrigée, puisque beaucoup de fausses informations sont répandues concernant notre pays et il est de notre devoir de rectifier le tir en fournissant aux journalistes étrangers les données telles qu'elles sont», ajoute Mofdi M'seddi. Et si la cellule vire de la mission que lui dessinent ses fondateurs pour tomber dans l'éloge de l'action du gouvernement ? «Mehdi Jomâa a été clair et tranchant : je ne veux pas que la cellule soit à mon service personnel ou à celui des ministres de mon gouvernement. Elle sera uniquement au service de la Tunisie», conclut M'seddi.