Par M'hamed JAIBI Le légitime combat citoyen mené en Tunisie pour matérialiser de manière effective le respect du principe de parité entre hommes et femmes, au niveau des responsabilités politiques et des institutions représentatives, a incontestablement su marquer des points et convaincre les réticents. Car la parité adoptée au niveau des candidatures aux élections du 23 octobre 2011 a permis des avancées concrètes qui ont fait évoluer les mentalités et les attitudes de notre classe politique. Puisque tout le monde affirme aujourd'hui son attachement à ce que les citoyennes et les citoyens se partagent équitablement les responsabilités à tous les niveaux. Cet objectif est, bien entendu, loin d'être acquis, puisque les résultats des élections de 2011 n'ont donné aux femmes que 30% des sièges au sein de l'ANC. Mais c'est là un chiffre défiant honorablement la comparaison avec plusieurs pays démocratiques avancés. Pour l'améliorer, on a songé à introduire ce que l'on a appelé la «parité horizontale», soit une répartition égalitaire obligatoire au niveau des têtes de liste. Mais les élus de l'ANC ont estimé que ce serait une contrainte qui mettrait trop en cause la compétitivité des listes de candidats des différents partis, dans telle ou telle circonscription. Nous serons donc, pour les prochaines législatives, dans les mêmes conditions qu'en 2011, sauf que certains partis ont fait, cette fois-ci, le choix de se conformer volontairement à cette idée de «parité horizontale». C'est là la preuve, à la fois, que les mentalités évoluent et que les militantes politiques sont désormais prêtes à mener cette bataille, disponibles et suffisamment aguerries. L'irruption de la femme sur la scène publique est une évolution naturelle attendue, dans un pays où sa citoyenneté s'est affirmée et confirmée à tous les niveaux et de la meilleure manière, jusque dans les performances dont elle fait preuve dans tous les domaines et les luttes qu'elle mène courageusement pour affirmer ses droits et consolider son statut. Reste que les charges familiales et ménagères qui pèsent sur elles, à la différence de l'homme, accaparent une partie importante de son emploi du temps, affaiblissant sa disponibilité et son apprentissage des mécanismes de la «chose publique». Nous sommes en présence d'un combat de longue haleine, semblable à celui mené dans les pays occidentaux. Un combat que doivent livrer le couple, la famille et la société pour amener nos filles et nos femmes à épouser pleinement leur citoyenneté. Car qu'elle soit verticale ou horizontale, la parité se doit de s'imposer d'abord au sein de la famille, dans les représentations sociales et dans la répartition des tâches et des obligations de chacun.