Les Pays-Bas se préparent à disputer la troisième finale de leur histoire. Mieux encore, les joueurs de Bert van Marwijk peuvent désormais sérieusement envisager d'écrire la plus belle page du football hollandais... Si les Pays-Bas croyaient déjà en leurs chances de soulever leur première Coupe du monde avant la rencontre, ils sont renforcés dans leur conviction, et un peu plus proches de leur rêve, après les 90 minutes qui leur ont permis de battre l'Uruguay en demi-finale, disputée au Cap. Les Oranjes ont attaqué le match pied au plancher et sur un premier centre de Wesley Sneijder de la droite, Fernando Muslera peine à dégager. Dirk Kuyt est à l'affût mais expédie sa frappe au- dessus de la barre (4'). Très en jambes, Sneijder élimine ensuite deux joueurs et décoche une frappe qui part bien, mais qui est contrée par… Robin van Persie (13') ! En revanche, personne ne s'interposera sur la tentative du capitaine Giovanni van Bronckhorst. Aussi puissant que précis, son missile expédié de 30 mètres sur le côté gauche finit dans la lucarne de Muslera (18', 0-1). Côté sud-américain, c'est le calme plat. Diego Forlan est trop seul ou mal servi pour faire parler la poudre. Et lorsque Martin Caceres monte lui prêter main-forte, sa tentative de volée frappe le visage de Demy de Zeeuw, mais pas le ballon (27'). Peut-être trop confiants, les Néerlandais dominent sans vraiment souffrir. Le problème c'est que face à Forlan, le moindre manque de concentration peut s'avérer fatal. Maarten Stekelenburg peut en témoigner... Pour une fois que l'attaquant trouve une position, il expédie une frappe monumentale du gauche qui file sous la barre du gardien néerlandais et remet la Celeste dans la course (41', 1-1). Sneijder encore et toujours... Au retour des vestiaires, Bert van Marwijk opte pour un dispositif plus offensif en lançant Rafael van der Vaart à la place du plus défensif — et sans doute sonné — De Zeeuw. Mais le premier danger est sur les cages oranjes avec une passe en retrait mal ajustée de Khalid Boulahrouz dont Edinson Cavani est à deux doigts de profiter (49'). Cette occasion n'est que la confirmation que les Uruguayens ont entamé un nouveau match depuis l'égalisation. Plus vifs et plus concentrés, ils résistent aux assauts européens et se procurent les actions les plus dangereuses, notamment par Maxi Pereira (54') ou Forlan sur coup franc (67'). Mais il en faut plus pour faire douter ces Oranjes-là...Un premier coup d'accélérateur de Van Persie libère astucieusement Van der Vaart qui permet à Muslera de briller (69'). Les Néerlandais remettent les gaz et après une belle combinaison à droite, le cuir arrive à l'opposé dans les pieds de Sneijder, qui confirme que tout lui réussit. Sa frappe déviée par la jambe de Diego Godin trompe Muslera (70', 1-2). Mais cette fois pas question pour les Bataves de se laisser rattraper. C'est sans doute ce qui motive Kuyt pour une nouvelle percée sur la gauche, conclue par un centre parfait pour Arjen Robben. La tête du Munichois ne laisse aucune chance au portier uruguayen et permet aux Pays-Bas de mener de deux buts (73', 1-3). Un avantage suffisant pour s'offrir une troisième finale de Coupe du monde de la Fifa, et ce, même si Maxi Pereira redonne un dernier espoir à la Celeste d'une frappe enroulée du gauche dans les arrêts de jeu (90'+2). Après avoir échoué en 1974 et 1978, à chaque fois contre le pays hôte, les Néerlandais ne sont pas encore sûrs de gagner, mais sont déjà assurés de ne pas voir l'Afrique du Sud leur barrer la route. Les supporters néerlandais sont restés dans la tribune bien après le coup de sifflet final. Pendant de longues minutes, ils ont laissé éclater leur joie, tout au bonheur d'avoir vu leurs favoris s'imposer (3-2) face à l'Uruguay, en demi-finale de la Coupe du monde, Afrique du Sud 2010. Les Oranjes se préparent donc à disputer la troisième finale mondiale de leur histoire. Mieux encore, les joueurs de Bert van Marwijk peuvent désormais sérieusement envisager d'écrire la plus belle page de l'histoire du football néerlandais, vingt-deux ans après le titre de champion d'Europe 1988 en Allemagne: «C'est extraordinaire et exceptionnel», confiait un Arjen Robben visiblement très ému. Une heure après avoir quitté la pelouse du stade Green Point du Cap, l'attaquant du Bayern Munich avait encore du mal à trouver ses mots: «C'est facile à dire maintenant mais notre objectif a toujours été de retrouver la finale de la Coupe du monde, 32 ans après notre dernière qualification. Nous sommes très fiers de ce que nous avons accompli». La fierté pouvait également se lire sur les visages du prince néerlandais Willem-Alexander et de son épouse Maxima, qui se sont précipités dès la fin du match dans les vestiaires pour féliciter les joueurs. Un peu plus tard, Wesley Sneijder et tous ses coéquipiers sont ressortis sur le terrain pour fêter avec leurs supporters ce 25e match consécutif sans défaite. But splendide et but symbolique Un peu plus tôt dans la soirée, Giovanni van Bronckhorst avait régalé les 62 479 spectateurs en ouvrant le score à la 18e minute sur une frappe de 35 mètres: «J'ai déjà marqué plusieurs buts dans ce genre mais en demi-finale de la Coupe du monde, ce n'est pas la même chose», avouait le vétéran néerlandais. Effectivement, l'ancien Barcelonais avait inscrit un but pratiquement identique pour le compte du Feyenoord Rotterdam au mois de janvier dernier, en quart de finale de la Coupe des Pays-Bas. Au fil du temps, l'Uruguay a retrouvé son football, ce qui lui a permis d'égaliser à quatre minutes de la pause par l'intermédiaire de Diego Forlan: «On a vu en première mi-temps ce qui pouvait se passer, lorsque nous sommes moins concentrés», souligne Mark van Bommel, qui estime néanmoins que son équipe s'est montrée "bien meilleure" après le repos: «Nous avons prouvé que nous étions capables de produire du jeu et de prendre le match à notre compte », confirme Bert van Marwijk. En choisissant de faire entrer Rafael van der Vaart à la place de Demy de Zeeuw, le sélectionneur néerlandais a pris un risque offensif qui n'a pas tardé à se révéler payant. En trois minutes, Wesley Sneijder (70'), avec son cinquième but personnel, et Arjen Robben (73'), auteur du 2 200e but de l'histoire du tournoi, ont définitivement fait pencher la balance du côté des Pays-Bas. "C'est agréable de marquer ce but symbolique mais l'essentiel, c'est qu'il ait permis à l'équipe de se qualifier", note Robben. Un contentieux à régler La réduction du score de Maximiliano Pereira (90'+ 2) ne changera rien. Les Uruguayens ont réussi un parcours exceptionnel en Afrique du Sud, mais ils devront se contenter du match pour la troisième place: «Nous avons tout tenté mais ça n'a pas suffi. En ce qui me concerne, je n'ai rien à reprocher à mon équipe», constatait le sélectionneur Oscar Tabarez au coup de sifflet final: «Nous sommes tristes mais nous avons prouvé à tous ceux qui doutaient de nous que nous ne sommes pas si éloignés du très haut niveau». Désormais, les Néerlandais n'ont plus qu'une hâte : connaître au plus vite le nom de leur futur adversaire en finale: «J'espère que je vais retrouver mes coéquipiers du Bayern Munich en finale», lance Robben, qui ne fait aucun mystère de ses préférences. Van Marwijk se montre quant à lui plus circonspect : «L'Espagne pratique le meilleur football. J'ai aussi travaillé pendant trois ans en Allemagne et je dois dire que la Mannschaft a montré de belles choses depuis le début du tournoi. Ce sera un beau match. Nous verrons bien qui l'emportera».