Les Pays-Bas sont en finale de la Coupe du Monde 2010, sans forcément développer un football attrayant. Mais où est passé le football total des années 70 ? Ce football révolutionnaire pensé, conçu et imaginé par un seul homme : Rinus Michels. A la tête de l'Ajax, cet adepte du mouvement et de la discipline avait imposé sa griffe au club le plus populaire des Pays-Bas. Surnommé football total, le style s'appuyait sur une conception toute simple du ballon rond : une occupation du terrain efficace et intelligente et un mouvement perpétuel des joueurs. Chose que l'on ne retrouve presque pas en Afrique du Sud, assurément pas dans les rangs Oranje. Bert van Marwijk, lui, n'est pas nostalgique : «Je ne regarde pas le passé ni mes prédécesseurs. Je l'ai dit, il faut y croire. Et nous, nous jouons simplement, et de belle façon, au football. Mais quand nous gagnons, d'habitude, nous les Pays-Bas, nous prenons trop confiance et nous rentrons à la maison. Là, je leur ai dit que j'aimais le foot offensif, mais qu'il faut savoir garder le ballon, faire les efforts défensifs». Une somme d'individualités La défense justement est un des points noirs de la sélection batave. La doublette Heitinga-Mathijsen a fait preuve d'une grande fébrilité et le gardien Stekelenburg a réalisé une grossière erreur sur le premier but uruguayen. Malgré leur place de finaliste, glanée à l'issue d'une demi-finale épique face à l'Uruguay (3-2), les Pays-Bas peinent à conquérir le coeur des amateurs de beau jeu. L'équipe néerlandaise n'est à l'heure actuelle qu'une somme d'individualités pas vraiment au service d'un collectif. Il n'y a qu'à voir les numéros de soliste incessants effectués par Arjen Robben face à la Celeste. A 3-1 mardi soir, le joueur du Bayern Munich aurait dû enfoncer le clou pour éviter le coup de chaud en fin de match. Finalement, les Pays-Bas s'en remettent à un noyau dur de joueurs irréprochables. La colonne vertébrale Van Bronckhorst-Van Bommel-Sneijder est indissociable du bon parcours des Bataves. 25 matches consécutifs sans défaite Et finalement, aux Pays-Bas, la presse et les supporters s'en contentent. Ils n'ont que faire du football total. Ils veulent une victoire pour laver l'affront du traumatisme des finales perdues en 1974 et 1978. Car ne l'oublions pas, la génération dorée des années 1970 n'a jamais rien gagné en équipe nationale. «En 1974, les Pays-Bas avaient bien joué mais perdu. Nous aurions dû le gagner ce match. C'était une génération unique avec Cruyff», concède le sélectionneur batave. Unique mais perdante. Une question se pose alors. Le résultat prévaut-il sur la manière et le beau jeu amène-t-il forcément des titres ? Si l'on prête un regard attentif aux dernières Coupes du Monde, on remarquera que l'Italie en 2006, le Brésil en 1994 et 2002 et même la France en 1998 n'avaient pas le plus formidable des football. Peu impressionnants dans le jeu, les Oranje peuvent se targuer de présenter un bilan comptable incroyable. La victoire face à l'Uruguay porte à 25 le nombre de matches consécutifs sans défaite des Bataves. Les Néerlandais en ont même remporté 20 sur ce total. Plus encore, la bande à Sneijder est la seule équipe à avoir gagné tous ses matches de qualification ainsi que ceux de Coupe du Monde (14 au total). Une réussite insolente, mais jusqu'à quand ? ---------------- Leurs impressions : Sneijder : «C'est énorme» «Cela a vraiment été difficile, mais tout se termine bien puisque nous sommes en finale. La chose la plus importante, c'était de gagner. On est si près (du titre) maintenant. Il n'y a rien de plus grand que la Coupe du monde. C'est énorme, fantastique.» Bert Van Marwijk (entraîneur des Pays-Bas) : «C'est vraiment extraordinaire de parvenir à cela. Il y a 32 ans (la dernière finale perdue face à l'Argentine remonte à 1978, ndlr). C'est incroyable. Je suis très heureux, très fier, qu'un si petit pays, pas un petit pays de foot, mais un petit pays, arrive en finale. (...) Je ne pense pas en termes de revanche. En 1974, les Pays-Bas avaient bien joué mais perdu. Nous aurions dû le gagner ce match. C'était une génération unique avec Cruyff. C'est génial que nous arrivions encore en finale tant d'années après.» Robin Van Persie (attaquant des Pays-Bas) : «Nous avons bien joué. Nous avons marqué de beaux buts. Nous pouvons être fiers. Maintenant, nous devons penser à récupérer, et attendre le tour suivant. Que ce soit face à l'Espagne ou à l'Allemagne, ce sera un défi fantastique, et cela constituera une expérience extraordinaire dans une carrière.» Arjen Robben (attaquant des Pays-Bas) : «On sentait tout simplement que ça allait marcher. C'est un groupe tellement génial. Encore un match et on y est! J'ai perdu récemment une grande finale (Ndlr: avec le Bayern, en Ligue des champions). Cela ne va pas m'arriver encore une fois.» Dirk Kuyt (attaquant des Pays-Bas) : «Ce qu'il y a de bien avec ce groupe, c'est que nous acceptons les qualités mais aussi les défauts de chacun.» -------------------------- Tabarez : «On accepte la défaite» «Ce match a été digne d'une demi-finale de Coupe du monde. Je suis fier de mes joueurs, on accepte la défaite face à un adversaire qui était meilleur que nous. Nous sommes tristes car nous n'étions pas si loin...» Diego Forlan (attaquant de l'Uruguay) : «Je viens de boucler la meilleure saison de ma carrière (Ndlr : après le succès en Europa League avec l'Atletico Madrid). Une demi-finale de Coupe du monde, ça compte dans une carrière. Avant le match, Sir Alex Ferguson (le manager de Manchester United) m'a envoyé un texto pour me souhaiter bonne chance. Mais je ne sais pas si j'aurai l'occasion de rejoindre (Manchester), ce club a tellement de bons joueurs.» Egidio Arevalo Rios (milieu de l'Uruguay) : «Après beaucoup d'années passées ensemble, nous voulions aller jusqu'à la finale, mais nous sommes tombés sur une équipe très forte, c'est le football... Mais l'Uruguay a réussi un grand parcours.» -------------------------- La presse néerlandaise "Maintenant en route vers l'or" La presse en ligne néerlandaise saluait mardi soir la qualification pour la finale du Mondial-2010 des Pays-Bas qui ont battu l'Uruguay (3-2), 32 ans après la dernière apparition des Oranje à ce stade. "Maintenant en route vers l'or", proclamait le quotidien populaire De Telegraaf, selon lequel le milieu de terrain de l'Inter Milan "Wesley Sneijder a une fois encore libéré l'équipe des Pays-Bas". "Trente-deux ans après la finale perdue contre l'Argentine, les Pays-Bas retrouvent la finale de la Coupe du monde", se félicitait le quotidien populaire AD qui titrait sur son site internet "Les Oranje en finale!'" "Surveillés par le prince héritier des Pays-Bas Willem-Alexander, les Pays-Bas se sont qualifiés pour la finale à Johannesburg", écrivait de son côté le quotidien chrétien Trouw: "Les buts de Van Bronckhorst, Sneijder et Robben ont été de trop pour l'Uruguay". -------------------------- La presse uruguayenne «La Celeste tombe la tête haute» La Celeste est tombée la tête haute contre les Pays-Bas (3-2) pour sa première demi-finale de Coupe du monde depuis 1970, jugeait mardi soir la presse en ligne uruguayenne. "Avec la tête haute", titre ainsi le site internet de la radio Espectador, pour qui "la Celeste a lutté avec dignité jusqu'au dernier moment, mais les Européens étaient supérieurs". "La Celeste est tombée debout", estime également El Observador. "Les Celestes n'ont pas pu atteindre la finale, mais ils ont une nouvelle fois gagné le respect du monde entier. Il ont réussi quelque chose de jamais vu depuis 40 ans et malgré la tristesse de cet après-midi, le temps se chargera d'immortaliser tous les Celestes qui ont défendu le maillot en Afrique du Sud en 2010", ajoute-t-il. "L'odyssée celeste est terminée", titre El Pais. "La défaite est loin d'être un échec. L'Uruguay, avec la tête bien haute, a perdu contre la Hollande 3 à 2 et jouera samedi pour la troisième place", ajoute le principal quotidien du pays. -finale, Allemagne-Espagne, disputée mercredi. -------------------------- Forlan a joué blessé Diego Forlan a joué blessé la demi-finale de la Coupe du Monde perdue par l'Uruguay contre les Pays-Bas (3:2) et c'est pour cela qu'il est sorti avant la fin, a indiqué mardi son sélectionneur Oscar Tabarez. "Forlan avait un problème", a-t-il expliqué. "Il était blessé. Je ne suis pas fou pour le sortir à 3-1 contre nous sans raison. Il m'avait dit pendant le match qu'il souffrait. Ce n'était pas très grave. Mais ça se voyait qu'il n'était pas à 100 %."