Le gouvernement a élaboré, selon Mehdi Jomâa, un document stratégique qui définit des projets structurels et des secteurs susceptibles d'attirer les investissements étrangers. Il tient aussi à débloquer les permis pétroliers afin de rééquilibrer la balance énergétique Le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomâa, a fait savoir, dans une interview exclusive accordée à l'agence TAP, qu'il a décidé «de désigner un ministre en tant qu'interlocuteur unique pour chaque gouverneur, en vue de dépasser les difficultés entravant la réalisation des projets dans les régions». «Le ministre travaillera de manière transversale avec tous les autres ministères, pour le déblocage de ces projets. L'objectif escompté est de décentraliser le pouvoir de décision concernant ces projets», a-t-il expliqué. Les statistiques révèlent l'existence de plus de 14 mille projets bloqués en Tunisie depuis 2006. Les études ont montré que 27% des obstacles à la réalisation de ces projets sont de caractère «procédurial ou bureaucratique» ou relèvent de problèmes d'ordre foncier puis financier. Le groupe de travail chargé par le chef du gouvernement d'assurer le suivi de la réalisation des projets publics bloqués est parvenu à résoudre les problématiques concernant 172 projets régionaux bloqués, sur un total de 580 projets identifiés par le même groupe et dont la réalisation apportera une valeur ajoutée au développement dans les régions. Jomâa a déclaré à cet effet que «les autorités régionales, gouverneurs et directions régionales, doivent assumer leurs responsabilités dans l'incitation à l'investissement et l'impulsion de l'emploi dans les régions». Et d'ajouter : «Nous devons être conscients que nous excellons dans l'identification et la conception des projets, mais nous souffrons d'un grand déficit au niveau de l'exécution, ce qui exige un surcroît d'efforts pour pallier cet aspect». Investir en Tunisie D'autre part, le chef du gouvernement provisoire a souligné que l'objectif principal du prochain congrès international «Investir en Tunisie, start-up démocratie» (8 septembre 2014), est de rétablir la confiance des investisseurs en la Tunisie en tant que destination prometteuse pour les investissements. «Il s'agit d'un congrès pour inciter l'investissement étranger et non un congrès pour les pays donateurs», a-t-il précisé dans une interview accordée à l'agence TAP, relevant que le gouvernement cible plutôt «une coopération fructueuse avec ses partenaires et œuvre à établir des partenariats fiables et non à solliciter des aides». Le gouvernement a élaboré, selon Jomâa, un document stratégique qui définit des projets structurants et des secteurs susceptibles d'attirer des investisseurs étrangers. Le chef du gouvernement considère que ce document vise à préparer les conditions favorables et baliser le chemin aux prochains gouvernements pour qu'ils puissent travailler dans un climat propice. Car, d'après lui, «il faut assurer la pérennité de l'Etat malgré la succession des gouvernements». Mehdi Jomâa a souligné la nécessité de réussir le prochain congrès «Investir en Tunisie, start-up démocratie», d'autant plus qu'il intervient «en l'absence de plans économiques clairs depuis le 14 janvier 2014». Hydrocarbures : un dossier à traiter avec neutralité Sur un autre plan, le chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomâa a déclaré qu'il faut «accélérer l'adoption des lois relatives au secteur énergétique, notamment celles ayant trait aux permis de recherche des hydrocarbures et à leur prolongation». Il a ajouté qu'«il faut tenir ce dossier à l'écart des surenchères politiques et des tiraillements partisans, et tenir compte du seul intérêt national». «Personne n'a le droit de bloquer, sous aucun prétexte, les permis pétroliers», a-t-il affirmé, indiquant que «la Tunisie ne peut tolérer la poursuite d'un tel blocage, alors qu'elle est en train de lutter contre la menace terroriste, ce qui nécessite la sécurisation des sources d'approvisionnement». «La non-adoption des lois concernant le secteur énergétique ne sert pas l'intérêt du pays», selon le chef du gouvernement, «mais envoie plutôt des signaux négatifs aux investisseurs étrangers et notamment à ceux qui opèrent en Tunisie, surtout si on les accuse de corruption et les qualifie de vampires». Ces blocages ont coûté très cher à la Tunisie, a t-il souligné, puisqu'ils ont entraîné une aggravation du déficit de la balance énergétique, due à la baisse des exportations du pétrole brut (-11%) et la hausse des importations de gaz naturel (+66,9%). Mehdi Jomâa estime, par ailleurs, que le secteur de l'énergie «est bien réglementé et régi par des lois évoluées organisant les opérations de production, de recherche et d'exploration des hydrocarbures».