Censés abriter les véhicules des particuliers, les parkings à ciel ouvert sont devenus une jungle où tout est possible. Grâce, notamment, au silence général et à l'absence de tout contrôle. Tunis, décidément, est condamné à ne jamais être une ville propre, calme et respectueuse de l'humain. Dès que les autorités ferment un œil, sinon les deux, c'est la débandade ouvrant la voie à toutes les frasques imaginables. C'est un peu drôle – et désolant – de le constater, mais à Tunis, du Belvédère jusqu'aux aux alentours du centre-ville, vous pouvez reconnaître d'un peu loin l'existence d'un parking, non pas à la signalisation « P », mais à son portail métallique toujours en piètre état, et surtout à sa clôture auréolée d'horribles urines. Vous n'y prêtez même pas attention (ou très peu) car vous êtes satisfait de pouvoir, pour quelques heures, confier votre véhicule à un endroit supposé sûr. Dès l'entrée, se dresse devant vous le conservateur des lieux – qui ne conserve rien de rien. Vous payez sans que vous soit délivré un ticket, car, ne relevant pas de la municipalité, ces lieux ne se conforment à aucune organisation et échappent manifestement à tout contrôle. Soit. Mais au moment de récupérer votre voiture, il n'est pas rare que ce soit un autre individu qui vous réclame encore les mêmes droits. Grondez et hurlez autant que vous le pouvez, c'est toujours vous le perdant : vous payez et vous vous en allez. Comme ça. Parking ou jungle ? A la tombée de la nuit, ces parkings à ciel ouvert présentent parfois des risques réels car sans éclairage et sans véritable gardien – à lui seul, en tout cas, il ne peut rien faire. Mais sa responsabilité reste entièrement engagée dès lors qu'il voit un type rôder à l'intérieur des lieux sans même faire semblant de chercher ‘‘sa voiture''. Que fait-il là ?... Il rôde et guette l'arrivée d'un sage citoyen sous l'œil irresponsable du gardien. Passe encore si vous êtes un homme, et auquel cas le braquage se mue en une bagarre à laquelle nul ne vient mettre un terme. Mais imaginez une femme seule venue, après le travail ou des courses au centre-ville, récupérer sa voiture : au mieux des cas, elle est délestée de ses biens (argent, portable, bagues, etc.), si elle ne s'expose pas à plus grave mésaventure. Faute d'éclairage, la victime ne pourra le lendemain que porter plainte contre X. Allez savoir de qui il s'agissait... Haut-le-cœur ! Et pour mieux agrémenter ce tableau général, les parkings à ciel ouvert sont devenus, comme vous le constatez tout le temps, des dépotoirs où sont balancées ordures ménagères, cannettes de bière et bouteilles de vin. A l'indifférence générale. Et ce n'est pas tout, il y a mieux. Ils sont devenus, le soir, des vespasiennes. On a cru révolu le beau spectacle, mais il est toujours là. Un individu ivre-mort ne trouve pas mieux, au sortir d'un bar, que d'aller satisfaire ses besoins précisément sur les murs internes (mais sur la clôture externe quand le besoin est très pressant) du parking. Parfois, pour joindre l'utile à l'agréable, il s'amuse à arroser les pneus d'un véhicule de son urine pestilentielle (c'est un peu curieux : pourquoi est-ce que les pneus intéressent tant les ivrognes ?). Or, les chats ne sont pas en reste qui, à leur tour, viennent se libérer les sphincters dans ces endroits. Après tout, quelle différence y a-t-il entre eux et les autres... animaux éméchés ? De jour comme de nuit, les relents que dégagent ces parkings sont impossibles, à donner le haut-le-cœur et la nausée. Et personne n'en parle, personne ne lève le petit doigt, personne ne dénonce quoi que ce soit. Comme s'il s'agissait d'un Salon Paco Rabbane où il fait si bon respirer...