Le onze allemand a trop respecté les Espagnols et n'a que trop peu souvent poussé l'adversaire dans ses retranchements. Le verdict est sans appel... Comme en finale de l'Euro 2008, l'Espagne s'est imposée sur l'Allemagne. La Roja se paie donc un billet pour le Soccer City Stadium, dimanche, 11 juillet. Dans cette finale avant la finale, l'Espagne prenait l'ascendant psychologique en confisquant le cuir aux Allemands. Ainsi, la Nationalmannschaft n'enregistrait qu'un tir dans les 45 premières minutes, une tentative des 25 mètres de Piotr Trochowski qu'Iker Casillas était obligé de détourner en corner. Mis à part cette action, la Roja dominait les débats et chaque joueur s'illustrait à sa façon. David Villa en tête-à-tête avec Manuel Neuer (6'), Carles Puyol de la tête (13'), Sergio Ramos en force dans un angle impossible (18'), Xabi Alonso et Pedro de loin (30' et 45'+1). Mais leurs frappes ne trouvaient pas le cadre ou étaient bloquées par une défense allemande solide, notamment un Jerome Boateng en forme, même si le joueur de Hambourg était remplacé par Marcell Jansen après quelques minutes en seconde période. La rencontre devenait plus équilibrée au retour des vestiaires, mais les Allemands éprouvaient toujours des difficultés face à la vitesse de Pedro notamment. Par deux fois, Xavi inquiétait la défense allemande en décalant pour ses coéquipiers : pour Xabi Alonso qui tirait à côté (49') et pour Villa qui ne cadrait pas non plus une frappe enroulée (54'). Et c'est le meneur de jeu du Barça qui libérait l'ensemble du peuple ibère sur corner. Puyol arrivait lancé et trompait Neuer d'une tête ultra-puissante (73', 0-1). Les dix dernières minutes étaient très intenses, avec des actions de part et d'autre. Pedro se montrait trop gourmand en ne passant pas à Fernando Torres, entré en cours du jeu (84'). Toni Kroos n'appuyait pas suffisamment sa frappe pour inquiéter le gardien du Real Madrid (69'). Les hommes de Vicente del Bosque auront donc la joie d'affronter les Pays-Bas en finale qui offrira forcément un champion du monde inédit. Les Néerlandais ont déjà perdu deux finales, tandis que ce sera une première pour les Espagnols. Une classe au-dessus... «Quand l'Espagne joue, elle est difficile à battre». Ces mots ont été prononcés par David Villa au terme de la demi-finale face à l'Allemagne. Après avoir dominé l'Allemagne de bout en bout, l'équipe d'Espagne s'est qualifiée pour sa première finale dans l'épreuve reine. Non contente de cela, elle a, au passage, renoué avec le jeu flamboyant qui lui avait permis de survoler l'Euro 2008, où sa victime en finale avait été… la Mannschaft. Côté allemand, la supériorité de la Roja ne fait pas débat:"L'Espagne évolue une classe au-dessus. Toute l'équipe participe à l'attaque comme à la défense. (Les joueurs) travaillent tous ensemble et forment un bloc très compact", a analysé le milieu de terrain Marcell Jansen: "Dès la première minute, ils nous ont confisqué le ballon et nous n'avons pas pu développer notre jeu. Nous avons bien essayé et nous nous sommes battus jusqu'à la fin, mais l'Espagne est supérieure; elle n'a pas d'égale pour faire circuler le ballon", a ajouté le sélectionneur allemand Joachim Löw. A la sortie du vestiaire, les joueurs espagnols étaient visiblement émus. Deux raisons à cela: la perspective de disputer une finale historique contre les Pays-Bas, mais aussi la joie d'avoir retrouvé le style de jeu qui les a rendus quasi-invincibles ces dernières années: "On a vu la meilleure équipe d'Espagne depuis le début de cette Coupe du monde", a assuré le milieu de terrain Sergio Busquets: "C'est un moment de grand bonheur et on doit le savourer car l'équipe a fait un match énorme. Elle mérite parfaitement sa place en finale", a confirmé son coéquipier barcelonais Andrés Iniesta. D'ordinaire peu expansif, Vicente del Bosque ne cherchait pas à cacher sa joie profonde après la démonstration de ses protégés:"Un match extraordinaire. Il faut féliciter tous les joueurs, qui ont été superbes en défense comme en attaque. Ç'a été un match énorme", se réjouissait le sélectionneur espagnol: "C'est une joie immense. On commence à réaliser notre rêve, lançait Villa, qui n'a pas réussi à trouver le chemin des filets ce coup-ci. Je suis content qu'on soit en finale, peu importe si j'ai marqué ou pas. Puyol a mis un but fantastique". Le jour de «Puyi»... «Aujourd'hui, c'était le jour de 'Puyi'», estimait Xavi. «Il a mis un but impressionnant et il le mérite, surtout pour son excellent boulot en défense». Une fois n'est pas coutume, Villa est resté muet. Et une fois n'est pas coutume, c'est l'inépuisable défenseur central catalan qui a fait le break. Sur son coup de tête rageur, il a dominé les tours de contrôle allemandes, mais aussi son propre coéquipier Gerard Piqué (auquel il rend 14 centimètres). Busquets ne tarissait pas d'éloges pour le guerrier à la tignasse frisée : «S'il y en a un qui le mérite, c'est bien lui. Il est partout sur le terrain: en défense, en attaque… C'est l'un des meilleurs défenseurs du monde et c'est peut-être sa dernière Coupe du monde, alors il méritait bien ce soir de gloire".Quant au héros de ce mercredi soir, il a quitté la scène en toute discrétion. Son nom est désormais inscrit en lettres d'or dans l'Histoire de la Roja. Mais le compétiteur qu'il est sait parfaitement que la mission n'est pas encore accomplie, comme le rappelle Villa : "Maintenant qu'on est arrivés jusque-là, on doit gagner la finale". L'Allemagne touchée, mais pas coulée... En sortant du vestiaire allemand, Bastian Schweinsteiger porte tout le poids du monde sur les épaules. La défaite contre l'Espagne (0-1) en demi-finale de la Coupe du monde est passée par là et, visiblement, elle a laissé des traces. En attendant les journalistes, Schweini s'adosse au mur et, l'espace d'une seconde, on croit qu'il va quitter les lieux. Heureusement, il est rapidement rejoint par son sélectionneur. Ensemble, les deux hommes tentent de trouver une explication à cette douloureuse défaite: "Quel dommage d'échouer si près du but", se lamente l'international allemand. "Contrairement à ce qui s'était passé contre l'Angleterre et l'Argentine, nous n'avons pas joué à 100% de nos capacités. Nous avons eu des occasions mais nous n'avons pas su en profiter. Malgré tout, nous avons réussi un bon tournoi. Nous pouvons être fiers". Le jeune Toni Kroos a bien failli donner l'avantage à la Mannschaft, mais sa reprise au point de penalty a été brillamment repoussée par Iker Casillas à la 69e minute. "J'aurais pu faire la différence", reconnaît le milieu de terrain, après coup: "Si j'avais marqué, la suite du match aurait été très différente. Nous avons peut-être manqué d'audace. Nous avions une belle opportunité de jouer la finale mais la réussite n'était pas de notre côté. Les Espagnols ont très bien joué et ils méritent leur victoire. Je leur souhaite bonne chance pour la finale", explique le gardien Manuel Neuer. Et d'ajouter, lucide : "Pour nous, c'est une énorme déception". Dans les vestiaires, la tristesse est presque palpable: "Nous étions si près du but. Il va nous falloir un peu de temps pour digérer tout cela. Je pense que d'ici quelques jours, quand nous repenserons à tout ce qui s'est passé, nous pourrons être satisfaits de notre parcours", estime Cacau: "C'est le football", lance, fataliste, le manager Oliver Bierhof: "Dans quelque temps, nous mesurerons mieux l'exploit accompli par ces joueurs. Ils peuvent être fiers". Piotr Trochowski espérait sans doute un autre dénouement pour sa première titularisation dans ce tournoi. Pourtant, le numéro quinze allemand se veut philosophe : "Ce soir, nous sommes très touchés, mais dès demain, nous allons remobiliser pour préparer le match contre l'Uruguay". "Un jour ou deux", c'est le temps qu'il faudra, à en croire Cacau, pour oublier cet échec. En effet, il reste une échéance importante aux Allemands, qui peuvent encore quitter la compétition sur "une note positive" à condition de battre la Celeste, samedi à Port Elizabeth. Comme en 2006, la Mannschaft échoue aux portes de la finale. Malgré cet ultime revers, la plus jeune sélection allemande à disputer la Coupe du monde de la Fifa depuis 76 a convaincu tout au long de cette édition sud-africaine. Joueurs et entraîneurs semblent d'accord pour dire que l'équipe a raté sa demi-finale. Néanmoins: "cette génération a un bel avenir devant elle. Dommage que nous n'ayons pas été épargnés par les blessures. Maintenant, il faut continuer à travailler ensemble pour aller encore plus loin", souligne Schweinsteiger. Invité à décrire ses joueurs en quelques mots lors de la conférence de presse, Joachim Löw n'a voulu retenir que le positif : "Ils sont dynamiques, ils ont envie d'apprendre et ils ont faim de succès". Des termes qui laissent à penser que leur heure viendra tôt ou tard. Le bus de l'équipe d'Allemagne prédisait : "En route vers la coupe". Finalement, le chemin s'est arrêté en demi-finale, mais pour Özil, Lahm et autres Müller, le voyage ne fait que commencer. ils ont dit David Villa : «Il faut être champion» «Je suis très content, on a joué notre meilleur match du Mondial; avec le match qu'on a fait, on aurait pu marquer plus de buts mais c'est celui de Carles Puyol qui nous emmène en finale. Jamais dans l'histoire de notre pays nous n'avions atteint ça (la finale de la Coupe du monde), nous sommes très contents de disputer la finale, mais il faut être champion maintenant». Xavi désigné homme du match «Victoire méritée… je suis très heureux car on a mérité cette victoire et cette finale. On a dominé le match et on a réussi à imposer notre jeu, surtout en seconde période où l'Allemagne n'a presque plus eu de ballons. On s'est senti à l'aise sur le terrain, c'est ce qu'on voulait obtenir avant le match. Les Pays-Bas, c'est une grande équipe avec de bons joueurs devant et dans l'entrejeu, si nous jouons comme aujourd'hui, nous avons nos chances. Cette victoire, on la dédie à l'Espagne et à toute sa population». Philippe Lahm : «Aucune envie pour la 3e place» «La déception est immense. Nous avons beaucoup essayé, et ça n'a pas souri. En première période, nous n'avons pas joué assez courageusement vers l'avant. Derrière, nous n'avons pas lâché grand-chose. Je n'ai aucune envie de jouer le match pour la troisième place».