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Idhlel al rijal de Hanène Aouadi
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 09 - 2014

La patrie restera à jamais cette source de souffrance et de tendresse, ce nid de sérénité et d'orage.
Idhlel al rijel ( Humilier les hommes ) est l'intitulé du recueil de la poétesse engagée Hanène Aouadi. Hanène, rappelons- nous, avait majestueusement marqué sa présence, au lendemain de la révolution des jasmins, lors de sa participation au programme télévisé « Arab's got talent ». Elle avait envahi l'âme et la conscience de millions de téléspectateurs qui l'avaient applaudie avec ferveur. Ce nouveau-né de la poésie postrévolutionnaire est paru le 9 septembre 2014. Il est publié par Edition Karem Chérif avec le soutien du ministère de la Culture.
Le recueil retrace le parcours émotionnel d'une jeune poétesse, issue du Nord-Ouest, plus précisément de la région du Kef. Il s'agit d'un cheminement bouleversant vers la conciliation entre l'être et son identité. Un cheminement sur fond patriotique, marqué par moult déceptions, coups de colère, exclamations et questionnements sur ce sentiment d'appartenance à la chère patrie. La poétesse s'embarque malgré elle dans un tourbillon interminable, dans une sorte de schizophrénie émotive qui confère à la relation poétesse-patrie cette confusion délirante, propice à l'inspiration. De l'attachement à la méfiance, de l'amour dévoué et inconditionné à la rupture, de la gratitude à la distanciation, Hanène Aouadi oscille entre un extrême et un autre, faisant ainsi le tour des paradoxes qui font tout le charme de la Tunisie.
Idhlel al rijel ( Humilier les hommes ) comprend 23 poèmes écrits en langue arabe. Le vocabulaire et le style d'écriture dévoile la sincérité, la simplicité et la profondeur de la poétesse. « Etre appréciée et reconnue par l'élite tunisienne me fait chaud au cœur. Mais ce qui me touche encore plus, c'est le fait d'être comprise et appréciée par le simple citoyen », souligne-t-elle.
Le cireur et la prise de conscience
Le recueil porte le nom d'un poème qui raconte un épisode –choc de la vie de la poétesse. Elle y parle, d'ailleurs, de la remise en question de ses préoccupations alors qu'elle avait oublié, par moments, les malheurs de ses semblables. Le héros du poème n'est autre qu'un cireur, un homme qui a fait de son humiliation un gagne-pain. Alors que la poétesse sirotait un café dans une terrasse, le cireur lui a proposé de passer un coup de brosse à sa paire de chaussures...Ce monsieur cire, probablement, des dizaines de paires de chaussures par jour alors qu'il n'en possède qu'une... Face à sa pauvreté, son humiliation consentie, face à l'injustice de la vie, Hanène se remet en question. Elle se flagelle, même, dans son propre poème, s'auto-meurtrit pour avoir été l'une des personnes qui se sentaient indemnes grâce à l'autosuffisance et à quelques jolis accessoires. Le monsieur, lui, n'en possède aucun sinon ce minuscule escabeau, ces brosses et ces cirages...Malgré son féminisme pointu, elle consacre son recueil pour condamner l'humiliation de l'homme, voire de l'Homme dans le sens large du terme.
Y'en a marre !
Cependant, l'humiliation de l'Homme ne se limite point à des épisodes éphémères et symboliques de la vie de tous les jours. Violer la révolution des jasmins, accaparer la scène politique, imposer le bleu au lieu du mauve, faire régner la dictature du plus fort, du plus « légitime » sont autant d'outils d'humiliation qu'ont endurés les Tunisiens durant la transition démocratique. Qu'est donc ce pays où chute la dictature pour céder la place au terrorisme ? Qu'est ce pays où étouffe la révolution pour faire naîre la discorde et la haine ? Est-ce la Tunisie ?! Hanène s'adresse à la patrie sur un ton plein de reproche, de questionnements, de perplexité et d'incompréhension. La Tunisie apparait comme une mère tantôt austère, tantôt aimante, tantôt bourreau, tantôt victime. Une image floue qui déstabilise la poétesse et qui la pousse, en quelque sorte, à quitter la patrie et à rechercher la sérénité sous d'autres cieux. Dans le poème Lan nastor, ( on ne cachera plus ), elle dévoile ce tiraillement entre son amour pour la patrie et sa migration comme ultime refuge. « Etre lésée dans un pays qui n'est pas le nôtre est moins poignant que de l'être dans son propre pays. Au moins, ce ne sera pas ma mère — la Tunisie — qui me fera tant souffrir », indique-t-elle.
Une souffrance hélas confirmée en raison de l'altération apportée à l'étendard national, de la remise en question des droits de la femme qu'elle évoque dans le poème intitulé Batalon houmem ( Un vaillant héros), de la marginalisation préméditée des régions du Nord-Ouest, du détournement des valeurs de la citoyenneté qu'elle traite dans Qanoun al oubour (Loi de passage ), de la déception des mères des martyrs, et à tant d'autres plaies qui ont du mal à se cicatriser.
Certes, mais en dépit de la colère, de l'incompréhension, la poétesse finit par s'acheminer vers le dénouement. Le dernier poème : Ouridou an aoud ( Je veux rentrer ) annonce la fin d'une tempête existentialiste d'une femme engagée jusqu'à la moelle. Comment fuir la patrie ? Et pour aller où ? Peut-on fuir son destin ? Sa face ? Son identité ? La patrie restera à jamais cette source de souffrance et de tendresse, ce nid de sérénité et d'orage.
Le recueil est parsemé, entre autres, de poèmes dédiés aux membres de sa famille. « Sans leur réconfort, jamais je n'aurais pu résister à tant de souffrance », avoue-t-elle.
Cette féministe dévoile dans un poème romantique — le seul d'ailleurs — à savoir Sabaâtou ayam (Sept jours) le secret d'une relation harmonieuse entre l'homme et la femme : l'acceptation des défauts caractéristiques de chacun. La Tunisie devra, elle aussi, admettre et s'acclimater avec les défauts de ses enfants...


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