De notre envoyé spécial Abdel Aziz HALI à New York Fait rare, la réunion au sommet du Conseil de sécurité, présidée par le président américain, a adopté une résolution contraignante pour barrer la route aux jihadistes étrangers à destination de la Syrie et l'Irak La lutte contre Daech a pris, mercredi, au siège des Nations unies à New York, une nouvelle tournure. En effet, lors d'une réunion (extraordinaire) au sommet, présidée par le président Obama, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'organisation internationale ont adopté, à l'unanimité, une résolution contraignante pour stopper le tsunami de combattants jihadistes étrangers à destination de l'Irak et de la Syrie et contenir leur menace sur les pays d'origine. (Voir la Presse du jeudi 25 septembre) Le texte adopté impose aux Etats membres le devoir de s'assurer que « leurs lois et règles nationales infligent des lourdes peines» visant les jihadistes étrangers, les responsables et les canaux de financement des réseaux de recrutements et les appels à « empêcher l'entrée ou le transit » de ces combattants sur leur territoire quand ils seront en possession «d'informations crédibles» sur leurs intentions. Plus de 15 mille combattants étrangers en Irak et en Syrie Rappelons que, selon la charte de l'ONU, ce texte est placé sous le chapitre VII qui prévoit des sanctions en cas de non -respect du texte. Lors de son allocution d'ouverture, Barack Obama a précisé que, selon les services de renseignements américains, plus de 15 mille combattants étrangers originaires de plus de 80 pays avaient débarqué en Irak et en Syrie pour intégrer les rangs de groupes terroristes. «Beaucoup ont rejoint des organisations terroristes telles que la filiale d'Al Qaïda, le Front Al Nosra et l'Eiil (Etat Islamique en Irak et au Levant, Daech en arabe), qui menacent maintenant la population en Irak et en Syrie», a-t-il précisé. Selon Obama, cette résolution va permettre de renforcer la coopération entre les nations dans leur lutte contre le terrorisme, y compris l'échange d'informations sur les déplacements et les activistes des combattants étrangers. Il a aussi souligné que cette lutte globale du terrorisme ne doit pas mettre de côté «le respect des droits de l'Homme, des libertés fondamentales et l'Etat de droit». Car, selon lui, «l'histoire nous enseigne que le défaut de respecter ces droits et libertés peut effectivement alimenter l'extrémisme violent», a-t-il ajouté. Toujours selon le chef d'Etat américain, cette résolution reconnaît qu'il n'y a pas «de solution militaire au problème des individus égarés qui cherchent à adhérer à des organisations terroristes». «Elle (la résolution) appelle donc les nations à travailler ensemble pour lutter contre l'extrémisme violent qui peut radicaliser, recruter et mobiliser les individus à s'engager dans le terrorisme. Les potentielles recrues doivent écouter les anciens combattants terroristes qui ont découvert la vérité que des groupes comme Isil (Daech en arabe) trahissent l'islam en tuant des innocents, des femmes et des enfants, dont la majorité sont musulmans», a-t-il renchéri. Londres veut collaborer avec les Etats arabes De son côté, le premier ministre britannique, M. David Cameron, a annoncé lors de son intervention, que plus de 500 combattants fanatiques de nationalité britannique sont allés combattre en Syrie et en Irak. «Les meurtres choquants de James Foley, Stephen Sotloff et David Haines par un combattant avec un accent britannique apparent souligne le caractère sinistre de cette menace. Les Britanniques sont écœurés qu'un citoyen britannique soit impliqué dans le meurtre de personnes — dont un citoyen britannique qui était allé en Syrie pour aider les gens — de cette façon. Il est tout le contraire de ce que notre pays pacifique et tolérant représente», a-t-il précisé. Il a aussi rappelé l'engagement du Royaume-Uni dans sa lutte contre l'Etat Islamique tout en insistant qu'il fallait « seulement, une réponse coordonnée et cohérente pour s'attaquer à ce qui est une véritable menace mondiale et aveugle» et que le «démantèlement» et la «destruction» de Daech reste un devoir à accomplir. «Notre stratégie doit travailler en tandem avec les Etats arabes; toujours à l'appui de la population locale; en ligne avec nos obligations légales et dans le cadre d'un plan qui implique notre aide, notre diplomatie et nos militaires», a renchéri le locataire du 10 Downing Street. En termes d'action à mener, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a proposé un plan d'action basé sur trois points : le tarissement «des sources de financement des combattants terroristes étrangers, l'empêchement de celles ou ceux qui veulent partir combattre avec des groupes terroristes à l'étranger de se rendre dans les zones des conflits» et l'intensification des «efforts à prévenir la radicalisation pouvant conduire au terrorisme et «à lutter contre l'extrémisme violent», a-t-il mentionné. «Une résolution ne suffira pas. Les bonnes intentions ne suffisent pas. Il faut que les paroles prononcées ici soient suivies d'actions concrètes pendant les années à venir», a déclaré le président américain. La Turquie, toujours pointée du doigt pour sa nonchalance envers les jihadistes surtout au niveau de ses frontières avec la Syrie, a assuré mardi avoir au total «repéré et expulsé plus de 1.000 combattants étrangers de 75 pays» depuis le début du conflit syrien en 2011. Alger réitère son engagement dans sa lutte contre le terrorisme Les membres du Conseil de sécurité ont aussi condamné fermement l'assassinat «odieux et lâche», avant-hier (mercredi), de Hervé Gourdel, un citoyen français, par le groupe terroriste «Jund Al-Khilafa». Un tel crime est une nouvelle preuve de la « brutalité barbare de ceux qui se déclarent affiliés à Daech, a annoncé la présidence du Conseil de Sécurité. Par ailleurs, les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur profonde sympathie et leurs condoléances à la famille de la victime, et le gouvernement de la France. De son côté, l'Algérie en la personne de son ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a promis de faire tout son possible pour retrouver les auteurs de cet acte barbare et de les traduire devant la justice. «L'Algérie ne se pliera jamais au terrorisme et la justice sera faite. Notre engagement à lutter contre ce fléau va se renforcer», a-t-il affirmé.