L'enseignement en Tunisie, tous niveaux confondus, a entamé sa descente aux enfers depuis belle lurette. Les réformes successives, concoctées à la hâte dans les bureaux des ministères, sans tenir compte de l'avis des enseignants, ont sapé les fondements linguistiques et culturels de l'enseignement. Les élèves, victimes de ces pseudo-réformes, ont vu leur niveau se dégrader lamentablement au fil des ans. De ce fait, on se trouve aujourd'hui, face à des élèves qui entament leur scolarité du second cycle de l'enseignement de base, en tant qu'analphabètes, ne sachant ni lire, ni écrire. En témoigne l'exemple de cette professeure de sciences physiques (matière enseignée en arabe) dans un collège dans les environs de Hammamet. Cette enseignante a été scandalisée en découvrant que les élèves de la 7e année de base (les deux tiers de la classe), ne savent ni lire, ni même maîtriser l'alphabet en langue arabe pour pouvoir écrire correctement. Ainsi, l'ignorance de l'arabe (langue maternelle de surcroît) constitue un handicap de taille pour la compréhension de la matière enseignée. Par conséquent, les élèves se trouvent totalement démotivés et la situation du professeur n'est pas meilleure, puisque travaillant dans une classe où il n'y a aucune interactivité, il se sent prêcher dans le désert. A se rappeler le niveau des élèves du même cycle, il y a une vingtaine d'années, cela revient à comparer l'incomparable. Le niveau, essentiellement linguistique, est meilleur que celui des étudiants de nos jours. Un vrai désastre pour l'enseignement public, dont seuls ont pu échapper les chanceux qui avaient les moyens de s'inscrire dans les établissements privés. Toutefois, des questions s'imposent : comment ces élèves ont-ils pu accéder au collège avec un niveau pareil? Qu'ont-ils étudié durant leur scolarité primaire ? Les enseignants ont-ils, à leur tour, le niveau requis pour accomplir convenablement leur tâche? A quand la réforme de fond en comble de l'enseignement?