L'Espagne a attendu le bout de la prolongation pour s'offrir un titre historique. La Furia Roja s'est fait peur, mais elle a trouvé son sauveur en Andrés Iniesta, buteur entré dans la légende. Les Oranje restent maudits "Les deux équipes partent sur un pied : aucun joueur n'a jamais joué un match aussi important que celui de dimanche". La pression, l'impavide Bert van Marwijk n'est pas du genre à la craindre. Le druide salmantin Vincent del Bosque non plus. Pourtant, le poids de l'enjeu a pris le pas sur le jeu de leurs troupes dans une finale où finalement tactique et physique ont rimé avec fantastique. Après trois minutes viriles, mais correctes, Maarten Stekelenburg prive Sergio Ramos d'un but certain. Sa parade sur la tête du Madrilène, servi par le pied princier de Xavi, sauve les Pays-Bas du pire des scénarii (5'). La furie roja — en bleu pour l'occasion — continue dans un premier quart d'heure complètement ibère : John Heintinga dégage dans les airs de Soweto un centre tendu de Ramos (11'), puis David Villa trouve le petit filet sur une reprise du gauche dans la surface (12'). Le champion d'Europe monopolise le cuir. Le placide Bert van Marwijk se lève nerveusement pour recadrer sa formation. "Si vous laissez jouer les Espagnols, ils dominent le match et vous n'êtes plus maîtres de la situation", déclarait Robin van Persie la veille du match. Le gourou batave, lucide, espère prévenir pour ne pas avoir à guérir. Quand sa troupe s'endort et perd du rythme, Del Bosque tente également de jouer au stratège thaumaturge en modifiant la donne tactique sur le placement de son trident Iniesta-Xavi-Pedro. Et c'est dans l'axe, où il est repositionné ponctuellement, que Pedro frôle le montant néerlandais d'une frappe à ras de terre (38'). Les Pays-Bas, alors plus dangereux dans la rudesse de leurs interventions défensives que devant les cages d'Iker Casillas, attendent les arrêts de jeu pour s'illustrer. C'est Arjen Robben qui oblige "San Iker" à se coucher. Casillas, l'ange gardien Avant ça, Dirk Kuyt (8') et Wesley Sneijder (18') firent beaucoup moins trembler le capitaine de la Roja à coup de frappe très mollassonne. Sur le chemin des vestiaires, le champion d'Europe peut nourrir quelques regrets. Mais la possession de balle (57% contre 43%) est sienne. Et comme le clamait Xavi, "elle sera la clef du match". Le Jo'bulani continue d'ailleurs de coller aux crampons ibères en début de la seconde période. On prend les mêmes et on recommence : dans les premiers instants, l'Espagne sème la panique dans le camp néerlandais, quand Joan Capdevila est trop court pour reprendre une tête en arrière de Carles Puyol (48'). A ce frisson à l'accent castillan, Robben réplique d'un tir cadré sans âme (52'). Dix minutes plus tard, sur un caviar de Sneijder en profondeur, le Munichois offre enfin de l'adrénaline à Casillas, plus saint que jamais sur arrêt réflexe du pied salvateur. Robben est à genoux, la paume des mains sur le crâne, incrédule (62'). Huit minutes après, c'est Villa qui peut se prendre la tête à deux mains. Heitinga vient de sortir sa frappe à bout portant sur sa ligne de but (70'). Chacun a eu le K.O. dans les gants, mais personne n'est au tapis. Soccer City reste une cour des miracles quand Ramos, laissé seul sur un corner de Xavi, manque un cadre qui lui tendait le front (77'). Puis, quand Casillas écœure encore Robben dans un duel sous haute tension (83'). A trop vouloir d'abord ne pas perdre, les deux équipes laissent la prolongation s'inviter logiquement à la fête. Iniesta, le sauveur Se joue alors le troisième acte : trente minutes pour éviter le couperet des tirs au but. La Furia Roja se jette à duels perdus dans la bataille. Cesc Fabregas (95'), Iniesta (98') puis Jesus Navas (101') se heurtent tous les trois à Stekelenburg, impérial rempart. Les Oranje sont mûres pour être pelées, mais l'Espagne rate ses coches. Les Pays-Bas sont acculés dans les cordes quand Heintinga voit rouge (109'). Le cordon oranje va finalement plier sur un tir croisé d'Iniesta, servi royalement par Fabregas. Le quatrième duel de la prolongation sera le bon (116'). Le banc exulte, dans sa loge la Reine Sofia également. L'Espagne tient son sacre. Deux ans après l'Euro 2008, les Ibères confirment leur hégémonie sur l'échiquier mondial. Le palmarès 1930: Uruguay 1934: Italie 1938: Italie 1950: Uruguay 1954: Allemagne (RFA) 1958: Brésil 1962: Brésil 1966: Angleterre 1970: Brésil 1974: Allemagne (RFA) 1978: Argentine 1982: Italie 1986: Argentine 1990: Allemagne (RFA) 1994: Brésil 1998: France 2002: Brésil 2006: Italie