L'Espagne exulte, la Hollande enregistrant une troisième défaite en finale en autant de présences. Après l'Euro-2008, la Roja devient championne du monde pour un sacre qui lui était annoncé avant le début de la compétition, mais qu'elle a eu bien du mal à conquérir. Pour la première fois de l'histoire, une équipe vaincue lors du premier match de la Coupe du monde devient championne du monde. L'Espagne est la 8e nation à inscrire son nom au palmarès de la Coupe du monde Le football est toujours tendre avec ceux qui l'aiment. Il n'est et il ne sera jamais trop tard pour les équipes qui savent lui rendre justice, essentiellement par toutes celles qui ne manquent pas à chaque fois de lui donner sa raison d'être et tout ce qu'il exige. La vocation de l' Espagne est celle du beau jeu, de l'inspiration, de la créativité et de l'imagination. Il n'y a pas de football sans jeu, sans passion. La Roja a été récompensée hier et de quelle manière. Elle a attendu son heure et elle est venue au bon moment. Il n'y a pas de meilleure récompense que la Coupe du monde. Après l'Europe, c'est au tour du monde entier de tirer son chapeau à l'Espagne. Il faut dire que le scénario était annoncé, connu. Une Espagne dominatrice techniquement et dans la conservation du ballon, une Hollande à l'affût du moindre ballon perdu en cours de route. En se reposant sur leurs certitudes, les deux équipes ont laissé aux vestiaires les petites surprises qui rendent un match alerte et attrayant. Entre deux des plus techniques joueurs offensifs de cette Coupe du monde, la qualité du match a été cependant modeste, sauf toutefois en prolongation, et encore.... Un peu à l'image d'une compétition qui ne restera pas dans l'histoire, hormis pour sa localisation géographique. Cela n'enlève en rien au mérite de l'équipe espagnole qui, pour la première fois dans l'histoire de la Coupe du monde, est devenue de manière amplement méritée reine de la planète après sa victoire sur les Pays-Bas (1-0) à l'issue de la prolongation, sur un but d'Iniesta. Pour la première fois dans l'histoire, une équipe ayant perdu son premier match est sacrée. Serait-il bon de rappeler aussi que pour la troisième fois en autant de finales, les Pays-Bas ne sont que vice-champions du monde. «Campeones», c'était leur destin Avec son milieu de terrain, l'Espagne devait avoir le monopole du ballon. C'était l'une des conditions pour s'imposer, selon Xavi, le maître à jouer. Et dans cette première période, la domination a été telle que les Néerlandais n'ont que rarement pu construire une action. Pour l'adversaire, la solution était de subir ce monopole tout en faisant face aux situations très dangereuses et trouver quelques contres assassins face à une formation absorbée par l'attaque. Pour y parvenir, les Hollandais ont employé des moyens similaires à ceux mis en place contre le Brésil en quarts de finale, et qui leur avaient réussi : de la solidité, un bloc-équipe très bas, et des fautes, beaucoup de fautes. Habituels responsables des basses œuvres, Van Bommel et De Jong, qui se sont illustrés en réalisant deux attentats qui auraient mérité du rouge, l'arbitre M. Webb se contentant du jaune. L'expérimenté joueur des Oranje taclait sans retenue et par derrière Iniesta (22e) avant que son complice du milieu de terrain n'appose ses crampons sur le sternum de Xabi Alonso (28e). La volonté de ne pas entacher une finale de Coupe du monde d'un carton jaune aura certainement retenu la main de l'arbitre anglais. De retour des vestiaires pour un nouveau bras de fer, les Néerlandais revenaient en tentant de placer leur bloc un peu plus haut sur le terrain, ce qui leur permettait de réaliser quelques mouvements collectifs, jusque-là inexistants. Il ne fallait attendre que la 52e minute pour que Robben se recentre et place son tir du gauche que Casillas arrêtait. C'est Xavi qui répondait sur coup franc, mais le ballon passait à côté de la lucarne (55e). L'ambiance s'alourdissait encore un peu plus avec un ballon rendu par Van Bommel à côté du poteau de corner espagnol (56e). Car si les Espagnols avaient, semble-t-il, choisi de laisser un peu plus le ballon aux Oranje pour avoir des espaces (à moins qu'ils aient moins de maîtrise), ils n'en abandonnaient pas leurs ambitions de victoires. Mais les avertissements se multipliaient. Sergio Ramos était tout heureux de voir le drapeau levé pour hors-jeu de Heltinga sur lequel il avait commis une faute (58e). A la 62e minute, Sneijder envoyait dans la profondeur Robben qui, seul devant Casillas, voyait sa tentative déviée en corner par le portier ibère. C'était presque le scénario rêvé par le sélectionneur Van Marwijk. Les Espagnols étaient les premiers à se relancer, avec Fabregas qui ne pouvait tirer, Iniesta qui était contré et Xavi qui tapait la jambe d'Heltinga au moment de frapper dans la surface (92e). Les deux équipes semblaient un peu plus désireuses de trouver le chemin des filets avant les tirs au but. Cette fois, c'est Fabregas qui trouvait dans l'axe Iniesta, qui tergiversait et était contré par le retour de Mathijsen (99e). Et Jesus Navas croyait bien libérer les siens mais Van Bronkhorst déviait le ballon dans le petit filet, son gardien étant parti de l'autre côté (101e). A la 109e minute, sur un une-deux entre Iniesta et Xavi, Heltinga posait la main sur l'épaule du Barcelonais qui s'écroulait. L'arbitre sifflait un coup franc, mais il sortait surtout un deuxième avertissement au défenseur, synonyme d'expulsion. Les Pays-Bas finissaient à 10, mais Xavi ne cadrait pas sa frappe. Finalement, l'ouverture du score était l'œuvre d'Iniesta, à la réception d'une passe de Xavi, qui fusillait du droit le portier hollandais dans la surface (116e). On attendait Villa, ou Sneijder, ou Xavi, ou Robben, et finalement, c'est le plus discret des techniciens qui a trouvé la voie du premier succès mondial de l'Espagne.