L'Isie vient d'engager la deuxième étape de ses préparatifs, en prélude à l'élections présidentielle, attendue le 23 de ce mois. Depuis mercredi dernier, à la banlieue nord de la capitale, ses instances régionales de l'ensemble des 27 circonscriptions du pays étaient en conclave jusqu'à hier, en échange interactif sur ce qui n'avait pas marché et ce qu'il faut faire pour pallier les défaillances. Une réunion d'autocritique à mi-parcours, au cours de laquelle les participants se sont arrêtés sur les erreurs et les difficultés du passé. Il est donc impératif que la leçon des législatives soit bien retenue, à l'heure où la course vers Carthage est déjà lancée, sur fond de déclarations fracassantes çà et là. Quoiqu'elle ait été atone et sans âme, juge-t-on, la campagne d'octobre n'a pourtant pas été entachée de haine ou de violence, gardant un certain niveau de la saine émulation. D'où son évaluation, en tant que première en Tunisie, placée au-dessus de la moyenne. La règle et les exceptions Et pour cause, la réunion d'hier a eu lieu dans le but de peser le pour et le contre des étapes précédentes, et de ne pas reproduire le même constat. L'essentiel, certes, est d'assurer à la présidentielle autant de chances de réussite. Où en est-on, alors, sur le plan organisationnel et au niveau du financement de l'opération préélectorale? Un enjeu important qui commande une formation de taille. Et le débat instauré a été largement poussé vers des réflexions très approfondies sur des techniques d'observation au concret. Car la réalité sur le terrain n'est pas forcément l'évidence des lois. Et là, l'on pourrait, dès lors, parler des exceptions qui sont parfois devenues des règles qu'on on se trouve contraint de tolérer pour mieux les gérer. Cette logique s'applique au déroulement de l'actuelle campagne présidentielle qui bat son plein. Selon M. Anouar Ben Hassen, membre de l'Isie, l'exceptionnel toléré réside quasiuniquement dans l'usage, par les candidats, des supports publicitaires fixes et mobiles, à travers des moyens de transport et dans des endroits publics et privés. Autre atout et non des moindres, les médias partisans ont la latitude d'accorder à leurs candidats le privilège de faire campagne. Le reste fait partie du commun partagé avec les législatives auquel les 25 présidentiables maintenus dans la course devraient se conformer. Sinon, ils seront sanctionnés. Des normes à connaître Il s'agit là des normes que les instances régionales doivent apprendre par cœur. Elles sont appelées à être à l'affût de toutes les anomalies. Qu'il s'agisse des endroits réservés à l'affichage, de la publicité politique ou du financement des campagnes tels que prévu par la loi, rien ne saura échapper à leur contrôle. Et les guides des procédures qui leur sont déjà distribués n'en manquent point. A la différence des législatives, il n'est nullement permis à aucun candidat à la présidentielle d'être financé par son propre parti. De surcroît, son autofinancement est plafonné à dix fois le montant alloué à chacun, en guise de financement public. M. Chafik Sarsar, président de l'Isie, l'a fixé à 75 mille dinars pour chacun dont l'autofinancement ne doit pas dépasser 750 mille dinars. Cependant, comme l'indique M. Ben Hassen, l'usage abusif de l'argent politique demeure très délicat à identifier, mais pas difficile. Il y a, à ce niveau, une fine ligne de démarcation, nuance-t-il. Afin de relever tous ces défis, ajoute M. Sarsar, l'Isie vient de déployer tout son potentiel et de faire en sorte que toutes les procédures soient mises en œuvre, et à un rythme accéléré, pour contrecarrer toute tentative de violation de la loi. Remboursement obligatoire Interrogé sur le remboursement du financement public par ceux n'ayant pas atteint le seuil électoral, soit 3% des suffrages déclarés, Sarsar s'est montré assez ferme quant à ce sujet. « Tout contrevenant sera passible d'amendes et d'autres sanctions d'ordre politique, allant jusqu'à le priver de son droit à prendre part aux prochaines échéances électorales». Cela s'applique au même titre qu'aux candidats des dernières législatives. Et le président de l'Isie d'ajouter que cette ultime étape du processus électoral nécessite de remettre de l'ordre dans la maison, commençant par la formation du personnel et la révision des nominations au sein des instances régionales. « Les membres des bureaux de vote qui font preuve d'incompétence et de partialité, ou dont l'appartenance partisane est prouvée, seront tout bonnement limogés», conclut-il.