Les trois ans qu'il a passés à l'exil ont renforcé sa volonté de poursuivre ce qu'il a entrepris dès sa prime jeunesse : servir la Tunisie et les Tunisiens. Le dimanche 23 novembre 2014, Mondher Zenaïdi propose aux Tunisiens un nouveau pacte de confiance, un contrat d'avenir, d'un homme libre avec des hommes libres. Au menu de ce contrat, une stratégie d'action et d'édification qui fera retrouver aux Tunisiens leur Tunisie. Entretien A la suite de trois ans à l'étranger, vous êtes rentré au pays pour briguer la présidence de la République laissant planer l'idée que les Tunisiens vous attendaient pour les sauver ? Loin de moi la prétention de me présenter en tant que sauveur de la Tunisie. S'il y a quelqu'un qui a sauvé le peuple tunisien, c'est bien le peuple tunisien lui-même qui a crié basta à l'oppression, à l'indignation et à la dictature et qui a dégagé définitivement le dictateur et sa clique. La Tunisie post-révolution n'a pas besoin d'homme providentiel ou de messie. Si je suis candidat à la présidence de la République, c'est bien parce que j'ai l'ambition de marier mon expérience à l'enthousiasme et à la fougue des jeunes pour que la Tunisie redémarre sur des bases solides. D'ailleurs, je m'engage, solennellement, pour un unique mandat de 5 ans au cas où les Tunisiens m'accorderaient leur confiance. Dans vos apparitions médiatiques, vous insistez sur la nécessité pour les Tunisiens de se réconcilier et de retrouver la Tunisie mais vous ne précisez pas quelle Tunisie doivent-ils retrouver ? Mon rêve est que les Tunisiens renouent avec une Tunisie rayonnante, émergente qui se place dans la première moitié du monde moderne. Notre Tunisie doit rester cette terre de rencontre, de dialogue, de tolérance et de respect des droits de l'Homme et aussi de consécration de l'Etat des institutions. Nous avons le devoir de puiser les facteurs de notre envol dans la richesse de notre jeunesse qui a donné une leçon de bravoure, de courage et d'audace au monde entier. Et ce sont ces jeunes ouverts sur le monde, déterminés à se prendre en charge et engagés à reprendre leur révolution qui construiront la Tunisie que j'appelle les Tunisiens à retrouver. Et le plus tôt possible, parce que nous n'avons plus de temps à perdre et d'énergie à dilapider. La campagne électorale est bien lancée depuis le 2 novembre 2014. Comment les citoyens que vous avez rencontrés jusqu'ici ont-ils réagi à votre discours ? J'ai perçu une très grande adhésion aux thèses que j'ai développées, plus particulièrement auprès des jeunes. J'ai eu le sentiment que toutes les couches sociales se sont retrouvées dans mon projet qui est avant tout un projet pour les jeunes et dont la concrétisation ne pourra aboutir qu'avec les jeunes. A Sfax, à La Soukra, à Kasserine, à Bizerte partout où j'ai eu à dialoguer avec le peuple, j'ai découvert chez nos concitoyens une qualité fondamentale. Ils savent vous écouter et ils vous posent les questions qu'il faut, sans détours, et ils ont appris à aller directement au but. Et c'est là un acquis considérable né de la révolution qu'il nous faudrait faire fructifier avec le maximum d'intelligence et de sérieux. Avez-vous le sentiment que les résultats issus des législatives du 26 octobre vont influer sur le verdict qui sera livré par la présidentielle ? Ce sont des résultats qui ont plus que jamais le mérite de nous convaincre que dans les étapes transitoires, il est des erreurs qu'il nous faut éviter à tout prix. La bipolarisation n'est pas à craindre outre-mesure. Elle constitue une partie intégrante du jeu démocratique. La Tunisie a besoin de toutes ses forces politiques, y compris les partis considérés comme jeunes. Et c'est pour cette raison que j'estime que la Tunisie a besoin d'un président indépendant, un président rassembleur, un président qui sait tempérer les ardeurs des uns et être à la même distance des acteurs politiques. Un président au-dessus des tiraillements partisans et garant de la stabilité des institutions de l'Etat en conformité avec la Constitution. Les concepteurs de l'initiative relative au président consensuel représentant la famille centriste ne vous ont pas invité à leurs discussions. Et si vous avez été sollicité ? Je sollicite la confiance des Tunisiennes et des Tunisiens en tant que candidat indépendant. Mon référentiel est, certes, destourien et c'est un honneur pour moi et une fierté pour ceux et celles qui adhéreront à mes choix. Je n'appartiens pas à la mouvance que vous citez alors qu'elle est formée de plusieurs partis politiques dont les leaders refusent d'admettre que la donne a changé et se révèlent malheureusement n'avoir pas saisi le message des urnes. Vous disposez d'une longue expérience en tant que haut commis de l'Etat puis homme de l'Etat pendant plus de 30 ans. Comment avez-vous vécu les trois ans de rupture avec l'administration à l'époque où vous étiez à l'étranger ? Je n'ai jamais rompu avec la Tunisie. Je vivais en France mais mon esprit était en Tunisie. J'ai gardé des rapports très étroits avec mon pays. Je suivais quotidiennement ce qui se passait en Tunisie. Et je peux vous dire que j'étais au fait de tout grâce à mes rencontres avec les Tunisiens qui venaient me voir régulièrement et qui savaient que mon retour au pays était imminent. Et ceux qui me connaissent savent ce que j'ai fait pour la Tunisie au moment où certains, que Dieu leur pardonne, cherchaient vainement à me salir. Maintenant que les destouriens n'ont récolté que des miettes le 26 octobre dernier, peut-on savoir quelle est la frange destourienne dont vous estimez défendre les couleurs ? Je vous pose ma question en sachant que vous postulez en tant que candidat indépendant. Tout d'abord, permettez-moi de vous contredire et de préciser que les destouriens n'ont pas récolté des miettes comme vous le dites. Ils seront présents au sein de la nouvelle Assemblée des députés du peuple, principalement élus sur les listes de Nida Tounès. Plusieurs dizaines de députés ont une identité destourienne affirmée. Quant à moi, j'ai l'ambition de représenter tous les Tunisiens qui croient en mon projet et les destouriens, toutes franges confondues, ne peuvent que me soutenir par le cœur et la raison. Au cas où votre aventure s'arrêterait le soir du 23 novembre prochain, quel est le candidat pour lequel vous appellerez vos électeurs à donner leurs voix au second tour ? Ma volonté est de continuer au-delà du 23 novembre 2014. La raison qui me pousse à faire ce raisonnement est bien simple. J'ai confiance en l'intelligence des Tunisiens qui sauront faire le bon choix et accorderont leur confiance à un homme qu'ils ont connu durant des décennies, à un responsable qu'ils ont expérimenté et à un frère qui a été toujours proche d'eux, disposé à les servir et constamment à leur écoute. Quand j'étais allé à la rencontre de mes concitoyens au cours de la première semaine de la campagne électorale et même bien avant que je me décide de me porter candidat à la présidentielle, j'ai décelé en ces gens du peuple un regard de reconnaissance, y compris chez ceux que je ne connaissais pas, et une volonté déterminée à ce que l'on reprenne, ensemble, l'œuvre de l'édification et du progrès. Vous insistez sur la relance de la machine économique et le retour des investisseurs étrangers. Qu'est-ce que vous allez faire pour que les bailleurs de fonds redécouvrent la destination Tunisie ? Je ferai le tour des pays frères et amis pour mobiliser le maximum de soutien à notre pays. Je ferai en sorte de faire fructifier le statut qu'occupe la Tunisie qui est aujourd'hui la seule lueur d'optimisme et d'espoir dans le printemps arabe. La révolution du 17 décembre-14 janvier est un acquis pour l'humanité toute entière. Nous avons une obligation morale et une dette envers le monde libre et démocratique qui nous a favorablement accueillis. Notre challenge est de mériter d'accéder définitivement au cercle des nations où la liberté et la démocratie sont synonymes de la vie, celle qui vaut la peine d'être vécue. Les bailleurs de fonds qu'ils soient arabes ou étrangers et les touristes qui aiment la Tunisie que nous aimons reviendront chez nous quand ils constateront qu'il y a des hommes qui travaillent et des femmes qui construisent sûrement et sereinement un avenir fondé sur l'équité, la justice et la dignité partagées. Après une accalmie qui a accompagné les élections, le terrorisme a frappé de nouveau, le mercredi 5 novembre. Y a-t-il une approche pour que cet hydre soit éradiqué définitivement, si l'on peut s'exprimer ainsi ? D'abord, je m'empresse de rendre hommage à la mémoire de nos soldats qui viennent de tomber sur le champ d'honneur et je présente mes condoléances sincères à leurs familles et aux Tunisiens dans leur ensemble. Ma conviction est que ce fléau reste une menace constante, d'où la nécessité de redoubler de vigilance et de veille et de nous nourrir de la conviction que les terroristes n'ont aucun avenir en Tunisie et que, tôt ou tard, la Tunisie se débarrassera de cette plaie. Pour ce faire, nous sommes condamnés à mettre en place une approche globale où s'entremêlent le politique avec le sécuritaire et le militaire et l'économique avec le social, le culturel et l'éducatif. Bref, c'est un combat de longue haleine qui engage tout le monde et un contrat que je m'engage à honorer et à exécuter selon les dispositions de mon programme que je vais présenter au peuple dans les prochains jours. Et nous le remporterons parce que nous sommes des gens qui aiment la vie.