Le sélectionneur a tort de prendre mal les critiques qui ont fusé depuis le début des éliminatoires de la CAN. Il a vite oublié l'accueil chaleureux qui lui a été réservé, essentiellement par les journalistes qui ne demandaient qu'à se réconcilier avec leur équipe nationale et leur sélectionneur. C'est que les rapports avec ses prédécesseurs (exception faite de Sami Trabelsi) ont été particulièrement difficiles. Pour ne pas dire conflictuels. Et pas toujours par la faute des médias, mais à cause de cette tendance progressive à rejeter tout avis contraire ou alors critique du premier responsable de la sélection. Rapport rendu ultérieurement compliqué par les silences de la FTF qui laisse faire sans intervenir auprès de son employé. Il ne s'agit pas tant d'intervenir dans ses choix techniques, mais pour rectifier le tir, lui demander d'être plus conséquent dans ses choix et de ne pas établir un rapport conflictuel avec les médias. D'autres avant Leekens, qui n'ont pas tenu compte de ce facteur important, se sont cassé les dents. Et l'équipe nationale avec ! En fait, quel est l'état des lieux aujourd'hui ? Tout le monde est content de la qualification pour la CAN 2015 et pas une seule personne n'est convaincue de la manière dont elle a été obtenue. Traîner ce double boulet jusqu'à la CAN serait malsain et compliquerait particulièrement les choses. Car on ne voit vraiment pas comment cette équipe nationale pourrait s'en sortir et se distinguer en Guinée Equatoriale avec ces choix qui n'ont pas fini d'afficher leurs limites. Nous rappellerons à Leekens ce qui s'est passé lors du dernier Italie-Croatie avec les protestations (certes exagérées) des spectateurs de San Siro, pas du tout contents du jeu de la Squadra Azzura, et ce, en dépit de la première place qu'elle partage avec son adversaire du jour. Or, il y a unanimité dans le pays autour des limites des choix de Leekens et du jeu de son équipe. Unanimité qui leur laisse craindre le pire lors de la phase finale. Leekens a tort de ne pas saisir le message et de s'entêter dans son conservatisme. Fermée cette très longue parenthèse, abordons ce match contre l'Egypte. Changer n'est pas renier Nous ne demandons pas au sélectionneur de nous faire plaisir ou de faire semblant de le faire, mais tout simplement de saisir à temps tous les signaux qui lui ont été adressés, et de donner à son équipe un jeu et une crédibilité susceptibles de la voir aborder la CAN avec des certitudes et non des craintes et des réserves. Car nous sommes persuadés que, même avec sa configuration actuelle, cette équipe est capable de beaucoup mieux. Il ne s'agit pas tant de chambarder les schémas ou le choix des hommes, mais d'y introduire les quelques menues corrections qui s'imposent. L'occasion et belle face à l'Egypte contre laquelle il ne faudra surtout pas tomber dans les excès. Celui par exemple de faire le beau comme c'est le cas de certains joueurs; ou alors d'être sur la défensive comme d'autres le font. Mais de trouver le juste équilibre entre la nécessité du résultat et celui de pratiquer un football porteur d'espoir et d'assurance pour le futur. L'adversaire? Il a été, est et sera toujours de taille, même s'il traverse une période trouble de sa longue et prestigieuse histoire. Monastir aura encore le privilège d'accueillir les nôtres. Mais il n'y aura pas que les 6 mille du Ben-Jannet. Tunisiens du pays et de l'étranger, tous, auront les yeux braqués sur les leurs. En espérant déceler dans leur jeu et leur attitude la perspective d'une CAN ambitieuse!