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Ville défigurée !
Medjez El Bab
Publié dans La Presse de Tunisie le 24 - 11 - 2014

Medjez El Bab, ville vraiment sinistrée aujourd'hui, n'est qu'un exemple parmi tant d'autres qui vous jettent à la face ce que l'homme peut causer comme tort à une cité à l'histoire riche et à un passé récent des plus reluisants. Aujourd'hui, complètement défigurée et croulant sous les ordures et le désordre qui y règnent, cette ville a besoin d'être sauvée de cette descente aux enfers afin qu'elle retrouve un tant soit peu son lustre d'antan.
Des centaines de nos villages et villes historiques ont subi les affres du temps et l'ingratitude de l'homme. Que de sites furent tout bonnement détruits et saccagés, que de monuments sont en état de ruine !
Le paysage qu'offrent des dizaines de nos villes est d'une désolation totale, Medjez El Bab, petite ville romaine dénommée à la naissance Membrassa, qui se trouve à la croisée des chemins entre le Nord-Ouest et le reste du pays, a souffert plus que toute autre cité de l'inconséquence des hommes. Jadis relais des caravanes venant du sud du pays où on changeait les attelages et les montures avant de continuer la route vers le grenier qu'est la région du Nord-Ouest, fut aussi la ville des réserves en céréales mises dans des silos souterrains, d'où on approvisionnait Carthage et le reste des régions. Certains vestiges de cette époque sont encore là pour rappeler l'histoire de Medjez El Bab, du côté de l'école primaire «Rhiba» et du côté du tribunal cantonal incendié et complètement ravagé en 2011. Depuis l'époque romaine et jusqu'à la venue des Andalous, la ville a perdu de son lustre tout en demeurant le passage obligé pour tous ceux qui vont vers l'Ouest et vers l'Algérie. Elle connut un grand essor avec l'avènement en masse des anciens habitants d'Andalousie en Espagne. La Grande Mosquée et le style de son minaret attestent de cette touche architecturale bien propre à ce peuple exilé qui a élu domicile sur les rivages et dans la vallée de la Medjerda.
Juchée sur un semblant de colline, la ville a toujours su garder sa vocation de grand relais avec ses «Fondouks» nombreux où les voyageurs passaient la nuit avec leurs montures. De ces sortes de motels, il n'en reste qu'un seul, mais dont la vocation a été changée.
A l'ancien pont romain, qui se trouvait au nord de la cité du côté du marché hebdomadaire, a succédé un véritable chef-d'œuvre en la matière.
Enjambant la Medjerda, ce pont, construit sous le règne de Mourad II, fut achevé deux ans après la mort de ce dernier en 1675, c'est-à-dire en 1677 (1088 de l'hégire). Après 340 ans, ce pont dont Ahmed Ibn Abi Dhiaf, l'enfant de Roboo Siliana, a parlé dans son livre «Al Ithaf» demeure intact. Il a résisté à toutes les crues de l'imprévisible Medjerda et au sabotage pendant la Seconde Guerre mondiale : la mine posée par les services du contrôleur civil français pour stopper l'avancée des Allemands ne l'avait que légèrement endommagé.
Emplacement stratégique
Medjez El Bab est connu aussi pour être un grand marché de céréales et de bétail. Son site stratégique lui a toujours conféré une place de choix et une importance inégalable par rapport aux autres cités de la région. De par sa plaine très riche, elle demeure le pays du maraîchage par excellence où les Matoussis sont passés maîtres de ce genre de culture.
L'activité économique y est toujours intense, avec ses dizaines d'ateliers spécialisés en toutes sortes de métiers ayant rapport avec l'agriculture, et ses nombreux commerces dont vingt-cinq bouchers pour une population d'au moins trente-cinq mille habitants. Dans cette ville, on savourait ces brochettes et ces petits pains faits à la traditionnelle. Nul passager ne peut oublier ces grillades qu'on ne retrouve nullement ailleurs.
Toutes les stars de la chanson orientale, égyptiennes notamment, qui allaient animer le festival du corail de Tabarka passant par là, ne manquaient pas ce rendez-vous culinaire à La Membressa qui se trouve à la sortie du pont en allant vers Le Kef et Béjà.
Pendant l'époque coloniale, la ville connut un grand essor lié au développement d'une agriculture moderne et des métiers y afférents. Les Français ne se sont pas d'ailleurs trompés d'adresse. Ils avaient fait main-basse sur les riches terres de la vallée. Ils ont installé une administration efficace avec à sa tête un contrôleur civil à côté de l'ancienne administration beylicale chapeautée par un caïdat.
Onze ans après la colonisation est née la municipalité de Medjez El Bab, l'une des plus anciennes du pays. C'était au mois de novembre 1892. Elle fête ces jours-ci son 122e anniversaire, jusqu'à une date récente, les services municipaux de cette ville étaient on ne peut plus dynamiques, mais force est de constater qu'ils ne le sont plus depuis au moins une dizaine d'années et surtout après 2011 !
Ville sinistrée !
Medjez El Bab, ville aux grandes artères, même celles de la cité arabe où deux voitures pouvaient s'y croiser sans encombre, est aujourd'hui l'ombre de ce qu'elle fut.
Elle a subi de plein fouet l'exode rural, consécutif à la misère qui a sévi dans le pays durant les années de collectivisation. Les constructions anarchiques sur les rives de la Medjerda ont tout détruit de ce que fut cette belle plaine cultivée. Les cités nées dans ces endroits sont depuis des années exposées aux dangers des crues de la grande rivière.
La ville aux passages cloutés (rares dans d'autres villes) cuivrés est livrée de nos jours à une véritable opération de sac qui n'a épargné aucun espace. Le jardin public avec ses bancs et sa verdure fut cédé à une banque pour y construire son agence et un immeuble (cela date depuis les années 1970), l'autre jardin de la place principale fut tout bonnement rayé, les arbres ont été arrachés. La poste, monument historique, fut démolie et à sa place on a improvisé une station pour transporteurs ruraux, avec cette anarchie indescriptible de ce genre de transport. Le terrain de boules faisant face à l'hôtel tout juste à la sortie du pont fut transformé en gare pour les louages ! Et pourtant, il y a une gare routière du côté du grand lycée, avec des locaux vastes et bien protégés, et des aires de stationnement qui peuvent accueillir bus, minibus et petites voitures. On n'en veut pas parce qu'elle se trouve à un kilomètre du centre-ville qui étouffe sous l'effet de la circulation et des étals qui occupent tous les espaces. L'artère Habib-Bourguiba, jadis exemple de propreté avec ses deux voies et ses trottoirs de cinq mètres de large de chaque côté, est devenue une sorte de marché hebdomadaire quotidien avec des guérites qui occupent les trottoirs et la plus grande partie de la chaussée.
Cette ville, il y a peu d'années de cela était un modèle de propreté, est devenue un véritable dépotoir de toutes sortes d'ordures avec des odeurs pestilentielles qui s'en dégagent.
A quelques mètres du siège de la délégation, deux conteneurs vous rappellent que vous êtes dans une ville que la propreté et l'hygiène l'avaient désertée depuis des lustres de par les relents nauséabonds.
Grand dommage pour ce qui fut l'une des cités les plus propres du pays qui croule, aujourd'hui, sous le poids d'une situation qui va de mal en pis. Peut-on imaginer qu'une usine de conserve alimentaire puisse se trouver devant un hôpital ? Eh bien, c'est le cas dans cette ville. En été, cela devient invivable tellement c'est infect, avec cette odeur de soufre et autres fongicides dont on traite les tomates, sans compter le liquide purulent déversé par les camions transportant ce produit qui suit les caniveaux sur plus d'un kilomètre. Espace de prédilection des mouches et moustiques. Et pourtant, on ne fait rien pour qu'un minimum d'ordre soit rétabli pour arrêter cette descente aux enfers dans une cité qui agonise, aujourd'hui, en comparaison avec les villes voisines comme Testour, Téboursouk (dont aura l'occasion de parler), Tébourba, Béja où on a échappé à un tel sort.
Ce tableau sombre n'est nullement exagéré, les visiteurs de cette ville et qui l'avaient connue une dizaine d'années auparavant vous le disent avec beaucoup d'amertume. Pour eux, Medjez El Bab était l'escale tant prisée pour savourer son méchoui, faire ses emplettes en légumes et en viandes fraîches. C'était aussi cette plaine aux couleurs chatoyantes, et ses montagnes verdoyantes.
On en parle, aujourd'hui, avec nostalgie, tout en espérant qu'un jour cette belle contrée retrouvera sa face rayonnante ensevelie sous la crasse et l'insalubrité dont le premier responsable est l'homme qui a tout gâché dans cette ville.


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