A l'occasion du centenaire de la naissance de Marguerite Duras (1914-1996), la Bibliothèque publique d'information du Centre Pompidou à Paris lui consacre une grande exposition intitulée «Duras Song, portrait d'une écriture». Une exposition qui se poursuivra jusqu'au 12 janvier 2015 C'est naturellement la musique du film India Song réalisée par Marguerite Duras que l'on peut entendre dans cette exposition consacrée d'ailleurs plus à l'artiste qu'à la femme. Loin de la biographie linéaire qui raconterait sa vie — de l'Indochine à la Normandie, en passant par son prix Goncourt en 1984 pour L'Amant —, l'hommage scénographique, visuel et sonore préfère montrer l'auteur Duras, écrivant à chaque instant de son existence. Une plume qu'elle met au service de plusieurs arts. «Duras, c'est du texte, mais c'est aussi du théâtre, du film, de la parole, explique Jean-Max Collard, le commissaire de l'exposition. À travers les nombreuses archives sonores dans lesquelles elle continue son écriture, elle parle sa langue, une langue jurassienne. Ce qu'on a voulu montrer au grand public, c'est justement... ce visage très contemporain de l'œuvre de Duras, dire que Duras, c'est une même écriture. Il y a une écriture textuelle qui devient une écriture filmique qui se porte vers la scène et qui se déploie aussi dans les espaces de la parole. Voilà l'œuvre de Duras. » Une Duras saisie dans son intimité Composée en deux espaces différents, mais mitoyens, séparés par un mur bleu où de part et d'autre l'on peut découvrir Duras tournée vers le monde extérieur, ou une Duras saisie dans son intimité avec la magnifique reproduction du hall d'un hôtel face à l'océan Atlantique où elle aimait se retrouver, l'exposition propose aussi des documents inédits, dont un manuscrit montré dans son intégralité dans une vitrine, plus de 80 pages manuscrites jamais montrées jusqu'ici au grand public. «Il s'agit d'une des nombreuses versions d'India Song dans laquelle elle projette l'ensemble d'une spatialisation pour le cinéma, décrypte l'autre commissaire, Thu Van Tran. C'est-à-dire [que] les voix sont annotées avec un code couleur. Déjà dans le mouvement et la gestuelle de ce manuscrit tapuscrit, tapé à la machine, mais corrigé à la main, on a toute une projection en image et en espace, des voix off et aussi la scène qu'elle imagine. Donc, c'est un tapuscrit vivant, mouvementé et qui en dit long sur sa musique. Il y a une dimension inédite, parce que Duras elle-même n'a jamais vu son texte de cette manière.»