Les quartiers de la ville de Tunis comptent plusieurs immeubles qui datent de la période coloniale avec leur architecture fine et soignée à l'occidentale, ce qui constitue de vraies richesses pour l'aspect esthétique. A côté, d'autres immeuble, de construction plus récente, qui ne se distinguent par aucun plus architectural : juste des balcons en fer forgé. Cependant, ces constructions, qu'elles soient anciennes ou plus récentes, ont en commun des façades mal entretenues avec des murs lézardés dont certains menacent ruine. A l'ancienne Médina et ses environs, les constructions — dont certaines ne sont pas habitées — montrent un laisser-aller qui dure depuis des années. De temps à autre, des pans de murs s'écroulent et peuvent être une source de menace aussi bien pour les habitants que pour les piétons. D'ailleurs, les traces de ces destructions partielles sont encore visibles. A la rue Mongi Slim, à titre d'exemple, nombre de constructions sont dans un état de délabrement avancé. Les habitants ne semblent pas donner beaucoup d'importance à une situation qui risque de devenir plus menaçante. De plus, ils sont obligés d'accepter, malgré eux, cet état de fait, d'autant plus qu'ils ne sont pas les propiétaires des lieux. Dans certains cas, le propriétaire habite dans un autre appartement plus confortable et perçoit des loyers à chaque fin de mois sans se soucier outre mesure de sa propriété malgré les réclamations des habitants. Certaines constructions ont été totalement rasées sans être reconstruites, ce qui a transformé ces sites en de vrais décharges anarchiques en plein centre-ville. Ajouts inappropriés de composantes Un peu plus loin, aux environs de la rue Sidi Boumendil, c'est presque la même situation précaire constatée avec ces façades dépeintes et crasseuses. Dans certains coins, des arcades résistent encore aux affres du temps malgré le manque de maintenance. Ces éléments de mobilier urbain auraient pu faire la beauté de ces sites et pourraient être intégrés dans les circuits touristiques. Mais la réalité est tout autre puisque les constructions ne sont pas dans le meilleur état. De plus, les déchets ménagers avec leurs odeurs nauséabondes sont partout malgré la présence des éboueurs qui se contentent de ramasser les petits bouts de papier. L'Association de sauvegarde de la Médina a mené à plusieurs reprises, il faut le dire, des travaux de restauration dans le cadre de ses activités de préservation du patrimoine même si les habitants ne sont pas toujours coopératifs. Ces constructions constituent, en fait, un patrimoine qui rappelle une partie de l'histoire de Tunis, sa civilisation et son cachet architectural. Le changement ou l'ajout de composantes à ces constructions a défiguré l'ancienne ville. C'est que nombre d'habitants trouvent normal de construire une fenêtre, de démolir une porte en fer pour la remplacer par une autre plus moderne. Le malheur est que ces travaux sont faits sans recourir à des architectes ou à des connaisseurs en la matière. Pour faire des économies, le propriétaire de la maison s'improvise architecte et effectue avec le minimum de moyens des travaux qui finissent par porter atteinte à l'aspect esthétique. Sans citer ces ajouts inappropriés de composantes. Le badigeonnage des constructions constitue, par ailleurs, le point faible constaté. D'abord, de nombreuses maisons n'ont pas été badigeonnées depuis des années. Les murs sont nus et lézardés de tous les côtés. Ensuite, le mauvais choix des couleurs ne permet pas d'avoir une vue homogène et cohérente des constructions. Parmi les couleurs utilisées par certains, on a remarqué le jaune, le bleu, le noir et même le marron. L'idéal aurait été de mettre en évidence le bleu et le noir, comme c'est le cas à Sidi Bou Saïd avec une couleur noire pour le fer forgé des portes et des fenêtres. Problèmes de la copropriété Même dans la ville moderne, les lieux d'habitation, pourtant de construction plus récente, ne sont pas bien entretenus. Du côté de Sidi El Béchir, par exemple, lieu névralgique avec le passage quotidien de milliers de voitures, les immeubles semblent délaissés. Chacun soigne l'intérieur de son appartement, installe la parabole et les équipements ménagers de toutes sortes, mais donne peu de cas à l'aspect extérieur ou aux propriétés communes. Dans certains cas, se pose le problème de la copropriété et de l'absence du syndic d'immeuble professionnel pourtant réglementé par la loi. C'est lui qui doit perçevoir les contributions des différents habitants en vue d'effectuer quelques travaux nécessaires pour l'entretien de l'immeuble comme, à titre d'exemple, l'installation ou la réparation de la minuterie, le nettoyage des escaliers voire, de temps en temps, le badigeonnage. Mais les habitants ne sont pas toujours prêts à contribuer pour l'entretien de leur immeuble et comptent sur les autres pour financer certains travaux. Et dire qu'il y a quelques années, la municipalité de Tunis avait invité les propriétaires des immeubles bâtis à effectuer les travaux de maintenance et le badigeonnage dans des délais définis. Au cas où le propriétaire ne se conformerait pas à la réglementation, la municipalité effectue à sa place ces travaux dont le coût lui sera facturé par la suite. C'est une action utile pour inciter ces propriétaires récalcitrants à engager les travaux d'entretien d'autant plus que des facilités financières — à savoir un crédit avantageux — ont été mises à la dispositionn des intéressés. D'une rue à l'autre et d'une place publique à une autre, le visiteur de la ville de Tunis remarque qu'un long chemin reste encore à parcourir pour mettre à niveau l'infrastructure immobilière qui est marquée par l'âge. Des actions préventives devraient être engagées au plus vite pour éviter des incidents comme la chute de pans de mur, l'écroulement des plafonds ou encore l'infiltration des eaux dans les maisons lors des grandes averses. C'est un travail collectif à faire par les propriétaires des bâtiments avec le soutien des services municipaux qui se chargent notamment de la restauration et de mise en état de l'infrastructure extérieure en mobilisant les moyens nécessaires.