L'absence de pluie risque de nuire aux phases de germination et de levée du blé Les agriculteurs et les petits exploitants sont inquiets. Le spectre de la sécheresse plane cette année sur les grandes cultures. Près de 60% d'entre eux, qui ont déjà semé, attendent la pluie nécessaire à la germination. Or, celle-ci se fait attendre. Du côté de l'Institut national de météorologie, on explique ce temps chaud et peu pluvieux en ce début d'hiver par le fait que la Tunisie se trouve actuellement dans une zone de haute pression. «Nous sommes dans un système anticyclonique qui bloque l'arrivée des perturbations, explique M Hajjej, météorologue à l'Institut national de météorologie. C'est pour cette raison qu'il n'y a pas de pluie, contrairement au Maroc, où il y a eu de très fortes précipitations qui ont causé des inondations. C'est parce que le Maroc se trouve actuellement dans une zone de basse pression». Selon le météorologue, les températures qui oscillent actuellement entre 20°C et 25°C et qui se trouvent légèrement au-dessus de la normale saisonnière sont loin d'être inhabituelles en cette période de l'année. «Je vais citer un exemple, poursuit le météorologue. Le 2 novembre 1960 et le 16 novembre 1960, il faisait 32°C à Tunis et à Jendouba». Une campagne qui a démarré tard Au ministère de l'Agriculture, on préfère ne pas se montrer alarmiste. Responsable à la direction de la production agricole, Abdelfatah Saïd opte pour un ton optimiste, jugeant qu'il est trop tôt pour parler de sécheresse. «On ne peut pas parler de sécheresse juste parce qu'il n'a pas suffisamment plu pendant les mois de septembre, octobre et novembre, note le responsable. On parle de sécheresse lorsqu'il n'y a pas de précipitations pendant six mois consécutifs. Maintenant, nous espérons qu'il pleuvra au cours du mois de décembre prochain. Cela permettra de sauver la saison agricole». Beaucoup moins optimistes, les agriculteurs et les petits exploitants s'inquiètent de l'absence de pluie. Plusieurs d'entre eux, qui ont procédé, au cours de ce mois, à l'ensemencement, craignent que l'absence de pluie ne compromette la germination et la levée du blé. «Il aurait dû pleuvoir pendant ce mois. Maintenant, l'absence de pluie est préoccupante car s'il ne pleut pas, le blé risque de dépérir, explique Omar El Behi, agriculteur. Il faut comprendre que la pluie est très importante pour obtenir une bonne germination et une bonne levée du blé. Le manque de précipitations risque d'entraîner une faible production». Le manque de précipitations est la goutte qui a fait déborder le vase pour des agriculteurs déjà mécontents à cause de la livraison tardive des semences certifiées, par les deux principales coopératives productrices, la Cosem et la CCSPS. «La vente des semences s'est faite très tard, observe Omar El Behi. Elle aurait dû avoir lieu dès le mois d'août. Il en est de même pour les engrais, en particulier le DAP. Tout cela va avoir un impact négatif sur le rendement des grandes cultures céréalières. L'autorité de tutelle est, en partie, responsable de ce retard».