Leekens n'est pas là pour remplacer ou effacer. Il est venu pour faire ce qu'il sait faire, apporter sa pierre à l'édifice et ajouter une ligne au palmarès. Pour avoir oublié les bonnes manières, la sélection s'est longtemps trouvée dans un environnement marqué par un handicap à court terme et une menace pour l'avenir. Au vu de ses limites, elle ne pouvait s'adapter aux exigences d'un nouvel ordre sportif qui donne la priorité à l'efficacité sous ses différentes formes et parfois au détriment même de toute autre considération. Mais l'Histoire nous a offert aussi de bien édifiants exemples d'entraîneurs qui ont laissé leur empreinte. Des noms qui ont fait de la responsabilité sportive pas seulement un métier, mais surtout une vocation et un don de soi. Dans son actuelle phase de reconstruction, la sélection se lance dans un nouveau défi. Tout a commencé alors que tout semblait finir, et lestée de quelques excès de bagages fruits de faiblesses terriblement humaines, mais également de son passé flamboyant, de sa passion enivrante, son histoire a été faite et défaites par des entraîneurs aux parcours différents. Les nouvelles approches et tendances préconisées par Leekens constituent en réalité un nouvel ordre et une nouvelle dynamique de travail, de comportement et de gestion. Elles administrent la preuve de la grande transformation en cours, l'émergence d'un nouvel ordre global. Résultat : au dernier classement de la FIFA, la Tunisie est passée à la 22e place, enregistrant un rebond spectaculaire, rarement atteint dans le passé. Si la nature ne permet plus, de nos jours des pas de géant, ordre et progrès sont désormais la devise d'un entraîneur soucieux de redonner un équilibre collectif à une équipe dont la force actuelle est à chercher dans la complémentarité de ses lignes et le poids de ses individualités. Une équipe qui progresse, qui a connu récemment de belles choses et qui a envie d'en connaître d'autres. Un nouveau cycle s'ouvre à présent. C'est sérieux, carré, sobre, serein et assez feutré en même temps. Mais on sent que le foot, le vrai, compte beaucoup plus qu'auparavant. En prévision de ses prochaines échéances, et tout particulièrement la CAN 2015, la sélection doit forcément profiter de cette bonne fortune pour développer son pouvoir de séduction. Le magasin est, certes, encore en travaux, mais la vitrine est refaite à neuf. C'est une façon habile d'attirer le client. Reste maintenant à le fidéliser et à offrir un spectacle à la hauteur des promesses. Pour cela, l'idée est de repartir sur de nouvelles bases, avec de nouvelles priorités, de nouvelles exigences. C'est pourquoi il fallait trouver les joueurs capables de faire prendre la mayonnaise, de trouver la bonne alchimie entre les différentes exigences du haut niveau. Cela correspond bien à ce que Leekens a envie de faire. Son profil semble plaire et on ne manque pas de penser que la sélection a finalement trouvé ce dont elle avait besoin hier. La façon avec laquelle il fait jouer son équipe ne laisse pas forcément indifférent. Il faut se dire cependant que tout était clair dès le départ. Tout en étant respectueux de ce que chacun de ses prédécesseurs a fait avant lui, Leekens a sa personnalité, sa façon de fonctionner et il part du principe qu'on ne peut être bon et performant que dans ce qu'on sait faire. Autrement dit, il ne vient pas pour remplacer ou effacer. Il vient pour faire ce qu'il sait faire, apporter sa pierre à l'édifice et ajouter une ligne ou deux au palmarès.