Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur, vient d'accorder une interview au journal algérien «Al Khabar» dans laquelle il a notamment souligné que le nombre de terroristes en Tunisie ne dépasse pas les 110 éléments dont 20 sont Algériens, que près de 9.000 personnes ont été empêchées de se rendre en Syrie pour rejoindre les rangs des jihadistes et qu'il existe actuellement une coopération effective entre l'Algérie et la Tunisie en matière de lutte contre le terrorisme. Revenant aux menaces terroristes qui planaient avant l'opération électorale du 23 novembre, il a notamment précisé : «Il y avait effectivement de sérieuses menaces à la faveur des renseignements qui nous parvenaient de nos frères algériens, des informations fournies par les citoyens résidant dans les régions voisines des montagnes et des indications glanées par nos services de renseignements. Nous avons pris la décision de ne pas divulguer ces informations pour éviter la crainte et la peur auprès des citoyens et nous avons pris les mesures nécessaires pour immuniser les entrées des villes et fermer les pistes que les terroristes pouvaient utiliser pour rejoindre les bureaux de vote et les attaquer. Les habitants des régions situées dans les montagnes nous ont été d'une aide précieuse en coopérant avec l'armée et les forces de sécurité et ont même participé à la poursuite des terroristes voulant dévaliser une épicerie à Jendouba». On n'est pas encore au stade d'armer les citoyens A la question de savoir si le gouvernement envisage de livrer des armes aux habitants des régions montagneuses pour qu'ils se défendent eux-mêmes face aux terroristes, Ben Jeddou réplique : «Nous ne voulons pas que les citoyens soient la cible des terroristes et qu'il y ait une guerre civile. Nous ne sommes pas arrivés au stade de livrer des armes aux citoyens pour qu'ils se défendent. Pour le moment, nous leur demandons de nous renseigner et c'est à nos forces de poursuivre les groupes terroristes. Nous avons adopté une nouvelle stratégie à Jendouba, Kasserine et au Kef en recourant à des patrouilles communes entre l'armée, les forces de sécurité et la garde nationale, et nous leur avons accordé la possibilité de prendre les mesures qu'impose la réalité du terrain sans avoir à attendre les instructions du commandement central». Le ministre de l'Intérieur ajoute : «Nos forces se préparent à monter aux montagnes pour affronter les terroristes qui y sont retranchés. Nous avons reçu les avions et les chars qui permettent de les bombarder au cours de la nuit et les équipements d'écoute de leurs communications». 4.000 terroristes arrêtés A propos du nombre de terroristes arrêtés jusqu'ici, Ben Jeddou révèle : «Nous avons arrêté près de 4.000 personnes (1.350 en 2013 et 2.700 en 2014 entre terroristes, éléments appartenant à des cellules dormantes, à des réseaux de voyage vers la Syrie, etc.). Un grand nombre de ces personnes sont en prison. Certains ont été libérés et ils sont sous surveillance. Quant aux terroristes tués, ils sont plus de 21 en 2014 et en 2013 ils étaient plus nombreux. Pour ce qui est de la poursuite des jihadistes qui veulent rejoindre la Syrie, nous avons réussi en 2013 à empêcher environ 9.000 d'entre eux de s'y rendre. Ceux qui sont partis en Syrie sont entre 2.500 et 3.000 personnes dont 500 y ont été tués. Ceux qui sont revenus en Tunisie ont été poursuivis par la justice. Ceux qui ont été acquités sont mis sous surveillance policière mais ce contrôle sécuritaire n'est pas suffisant. D'où la nécessité de dialoguer avec ces jeunes qui ont un niveau d'instruction bas, dans le but de les extirper des griffes du terrorisme, et ce, par le biais de commissions composées de psychologues, de conseillers sociaux et d'oulémas. Pour ce qui est des Tunisiens en Syrie ayant bénéficié de grâce, nous avons ouvert un bureau de représentation administrative et nous essayons de suivre leurs dossiers». La situation est préoccupante en Libye «La Libye est devenue une véritable bombe à retardement face à la Tunisie et à l'Algérie. Face au déferlement du trafic des armes en tous genres, y compris les avions, la situation dans ce pays est devenue très préoccupante. C'est la raison pour laquelle nous avons instauré une zone frontalière d'isolement d'une longueur de 300 km passant par Jendouba, Le Kef et certaines régions du Sud, dans le but d'empêcher les terroristes tunisiens et libyens de pénétrer sur le sol national», relève encore le ministre de l'Intérieur. Une coopération rassurante avec l'Algérie Ben Jeddou a révélé également que le nombre de terroristes algériens en Tunisie s'élève à 20 éléments «dont certains ont participé à l'opération terroriste de Henchir Tella qui a fait 15 victimes parmi les forces armées. Quant à la coopération sécuritaire avec l'Algérie, nous pouvons dire qu'il existe une parfaite coordination pour ce qui est de l'échange d'informations. Nous pouvons dire aussi que la situation est rassurante sur nos frontières avec l'Algérie», souligne-t-il. Pour conclure, le ministre de l'Intérieur indique : «Nous disposons d'informations selon lesquelles Abou Yadh se trouve à Derna en Libye et cherche à proclamer son allégeance à Daech».